Question d'origine :
Bonjour,
Quels sont les livres les plus intéressants et les plus complets concernant les aérostiers militaires de la Première et de la Seconde guerre mondiale en France ?
Merci de votre aide
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 22/12/2011 à 16h00
Bonjour,
Il existe très peu d’informations concernant les aérostiers militaires, tout du moins sur les unités d’aérostiers proprement dites. Cela concerne surtout les engins ou aérostats : le sujet couvre alors soit les dirigeables et montgolfières soit l’aviation militaire.
En outre les évocations des aérostiers opérant lors de la 2nde Guerre Mondiale sont éparses et parcellaires du fait des rapides et considérables progrès de l’aviation moderne.
Tout d’abord deux définitions :
_ Aérostier : Celui qui dirige un aérostat. Synonyme de ballonnier.
Dès la fin du XIXe siècle, ce sont des ingénieurs et Sapeurs du Génie qui forment un corps, donnant ainsi naissance à l’aérostation puis à l’Armée de l’Air.
_ Aérostat : Grand ballon rempli d'un air échauffé ou d'un gaz plus léger que l'air, et qui, par ce moyen, s'élève et se soutient dans l'air. Aussi surnommés les « plus légers que l’air ».
Sont donc concernés tous types de ballons aérostatiques et en vols dirigés : montgolfières, ballons captifs, ballons d’observation, dirigeables, Zeppelins, etc.…
Cf. : Dictionnaire de la grande guerre 1914-1918
Les aérostiers militaires sont des Sapeurs du Génie. Les premières compagnies d’aérostiers naissent dans l’Armée révolutionnaire, avant d’être dissoutes par Napoléon Bonaparte. Les compagnies d'aérostiers réapparaissent en 1886 dans les quatre grands régiments du Génie. Elles sont regroupées en 1904 pour former le 25e Bataillon du Génie.
Au début de la Première Guerre mondiale, les aérostiers sont déplacés dans les bataillons de Places. Par la suite, le nombre de compagnies ira croissant. Elles seront plus de 70 en 1918. Elles passeront ensuite dans le giron de l'Armée de l'air.
Un autre changement s’effectue avant-guerre : on passe des ballons sphériques, peu maniables et inadaptés à des tâches d’observation car ils tournent sur-eux-mêmes à la moindre rafale de vent, aux ballons « saucisses » tout en longueur et disposant d’un moteur et d’un gouvernail.
Toutefois leur point faible reste toujours le même à savoir le gaz de remplissage : l’hydrogène, hautement inflammable et à l’origine de véritables catastrophes.
Au début de la guerre 1914-1918, c’est l’Allemagne qui disposait de la plus grande flotte de dirigeables avec neufs Zeppelins et plusieurs aérostats (pour arriver à un total de 78 à la fin de la guerre), viennent ensuite la France équipée de Clément-Bayard, la Grande-Bretagne et la Russie. C’est la Grande-Bretagne qui finira la guerre avec le plus gros effectif avec 103 appareils opérationnels.
En majorité les aérostats sont rattachés à des unités en rapport avec la Marine : la Marine-Luftschiff Abteilung pour l’Allemagne, la Marine pour la France, la Navy pour la Grande-Bretagne et les Etats-Unis.
Les forces en présence demandent à ces engins d’effectuer à peu près les mêmes missions : cela va de la reconnaissance tactique pour l’observation des mouvements des armées, aux reconnaissances stratégiques, parfois accompagnées de quelques bombardements (bien que ce soit interdit par la Convention de Genève).
L’apogée de l’utilisation militaire des aérostats est atteint avec les raids « silencieux » ou dits des « nuits sans lune » menés par l’armée allemande sur la Grande-Bretagne durant la bataille d’Angleterre à partir de 1915.
Les divisions de dirigeables allemands étaient basées sur le littoral de la Mer du Nord afin d’effectuer les raids sur l’Angleterre et sur le Nord de la Russie, mais aussi afin d’escorter les dragueurs de mines insuffisamment protégés.
La Grande-Bretagne riposta aux attaques ennemies, entre autre, par le biais de ballons « captifs » : ce sont des ballons statiques, sans personnes à bord, pouvant être treuillés jusqu’à 6000 m. Ainsi les avions évoluant à basse altitude les heurtaient ou se prenaient dans leurs câbles. Le but était d’empêcher les bombardements sur les villes et les usines, en réduisant la précision de largage des bombardiers évoluant à plus haute altitude que les ballons captifs. Cette technique largement utilisée durant la bataille d’Angleterre a contribué à la défense de Londres et vu la destruction de plus d’une centaine d’appareils allemands.
Ces mêmes ballons captifs seront utilisés en 1944 afin de défendre les troupes alliées lors du débarquement en Normandie.
L’armée britannique était équipée de dirigeables de type SS (Sea Scout), biplace avec une autonomie de 16 heures et une vitesse de 65 km/h, de type C (Coastal Patroller) pourvu d’un poste défensif et de type NS (North Sea).
Pour la Marine française, l’Amirauté avait opté pour des dirigeables de petit volume pour l’attaque des sous-marins et le repérage et la destruction des mines flottantes.
Des ports d’attaches ont été aménagés sur les côtes de la Manche et de l’Atlantique. L’armée était dotée d’aérostats issus des ateliers Astra, Zodiac et de Chalais-Meudon (les CM).
Une école a été créée à Rochefort-sur-Mer pour la formation des officiers pilotes et du personnel subalterne.
Ainsi l’armée française a fait preuve d’une remarquable efficacité car aucun des convois escortés par les dirigeables n’a jamais été attaqué par un sous-marin.
Vous pouvez consulter les itinéraires de ces raids aériens (ceux de juin 1915, de septembre 1916 et celui du « raid silencieux » de la nuit du 19 au 20 octobre 1917) ainsi que les descriptions des ces batailles dans l’ouvrage paru récemment : Atlas des combats aériens
Dans l’entre-deux-guerres les dirigeables ont surtout été utilisés pour des liaisons commerciales, surtout transatlantiques. Nombres de pilotes ont ainsi bénéficié de l’expérience acquise lors de la 1ère Guerre.
Cette période sonnera pourtant le glas de l’exploitation commerciale des grands dirigeables rigides à la suite de nombreux incidents dont le plus marquant sera la catastrophe du 6 mai 1937 et l’embrasement du Zeppelin Hindenburg (en 34 secondes) qui fit 36 morts.
Les dirigeables ont été beaucoup utilisés juste avant la 2ème Guerre Mondiale comme outils de propagande notamment par le gouvernement nazi (lâcher de tracts sur les Sudètes), ou d’espionnage sur les lignes anglaises. Cependant Hermann Goering, les estimant trop vulnérables, ordonne la destruction des Graf Zeppelins et de leurs hangars situés à Francfort, afin que le matériel soit récupéré par l’aéronautique au bénéfice de la Luftwaffe.
Parmi nos ouvrages, très peu de références sont faites quant aux dirigeables exploités durant la Seconde Guerre Mondiale. Voici ce que nous avons pu trouver.
L’armée américaine avait maintenu au sein de l’U.S. Navy, une unité d’aérostiers équipée avec des Blimps de type K (patrouilleurs de 11990 m3) produits par la Goodyear Aircraft Corp. (future Aerospace). Ces aérostats n’étaient pas de structure rigide mais en toile caoutchoutée, de plus petite taille, moins coûteux et nécessitant moins de membres d’équipage à bord et au sol. Ils pouvaient stationner dans de petits hangars ou de simples prairies comme des ballons d’observations classiques.
Avant l’attaque de Pearl Harbor en décembre 1941, l’escadrille ne comportait que 10 dirigeables pour passer à 200 à la fin de l’année 1942.
Les formations américaines étaient composées de 15 Squadrons répartis sur 50 bases de patrouilles anti-sous-marines. Elles ont totalisé 55.900 sorties pour 550.000 heures de vols et 89.000 navires escortés sans dommages.
Leurs missions étaient quasiment les mêmes qu’en 1918, à savoir : l’escorte de vaisseaux de la marine marchande, la recherche des champs de mines et la chasse aux sous-marins.
Durant la guerre, aucun convoi ainsi escorté ne perdit un seul navire du fait des torpilles ennemies, et seul un aérostat fut abattu.
Un chapitre y est consacré dans : Ballons et dirigeables
De 1945 à 1950, la quasi-totalité des Blimps de l’U.S. Navy furent démontés ou vendus. Toutefois ils connurent un renouveau militaire durant la Guerre de Corée puis la Guerre Froide, jusqu’en 1962, dans la lutte anti-sous-marine et comme plates-formes radars.
Enfin dans les années 1960, les nouveaux bombardiers à réaction, les missiles balistiques et les satellites ont mis fin à l’exploitation militaire des aérostats, pour n’être plus que des supports de loisirs ou de photographies cartographiques.
Pour finir, voici les livres que nous pouvons vous conseiller afin d’approfondir le sujet :
Dirigeables : l'épopée méconnue des géants du ciel
Dirigeables : histoire illustrée des navires aériens
Un des ouvrages les plus complets, disposant de très nombreuses planches illustrés sur quasiment tous les types d’aérostats et de dirigeables ayant été construits depuis leur origine. Y sont aussi abordés les différents types moteurs, les techniques d’atterrissage.
L'épopée des temps héroïques de l'aviation : l'âge d'or de l'aviation, les années de gloire à travers la carte postale
200 ans de montgolfières, ballons à gaz et dirigeables
Histoire des aérostiers et des pionniers de l'aviation jusqu'en 1940 (que nous n’avons pas pu consulter)
Documentations plus anciennes :
Les Aérostiers militaires, 1889
Manuel de l'aérostier, notions générales sur l'aérostation, à l'usage des aéronautes et des candidats au bataillon des sapeurs-aérostiers militaires, 1913
Souvenirs d'un aérostier de la Grande guerre
Un site internet : maquetland.com
Bonne lecture.
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