Question d'origine :
au début du 19° siècle, il est question - en Italie - du Risorgimeto et du rôle de carbonari. Est-ce que ces carbonari étaient une société secrète ou une simple "mouvence" ? Par ailleurs quelle a été leur importance ?
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 19/12/2011 à 16h25
Les Carbonari ont fait beaucoup parler d’eux au 19e siècle, et de nombreux romans les ont mis en scène. Si leurs complots sont bien connus, on est beaucoup moins renseigné sur leurs origines : il semble que l’ancêtre du carbonarisme ait été une société tout à fait inoffensive les Fendeurs ou Charbonniers . C’était une sorte de compagnonnage, qui groupait comme son nom l’indique, les bûcherons et autres travailleurs des forêts mais qui admettait dans son sein des hommes de toutes les classes de la société.
Cette « Maçonnerie forestière », dont les lieux de réunion, ou chantiers, étaient de préférence en plein air, donnaient lieu à des rites d’initiation, à des signes et mots de reconnaissance, etc.
La société secrète des Carbonari italiens fut introduite dans l’Italie du Sud vers la fin du règne de Murat comme roi de Naples, et sans doute par des français, qui l’aurait organisée sur le modèle de la fraternité des Charbonniers ou « Bon Cousinage », du Jura. L’essor des Carbonari italiens comme puissance politique fut l’œuvre d’un protégé de Murat, le ministre de la police Maghella ; ce dernier, adversaire de Napoléon, réussit à persuader Murat de se joindre aux Alliés en 1814. L’idéal de Maghella était de faire l’indépendance de l’Italie, sous une monarchie constitutionnelle ; dans ce but, il se servit des Carbonari, qui lui semblaient un instrument tout à fait utile contre le pouvoir absolu, qu’il vînt de Napoléon ou des Bourbons, ce qui fut le cas lorsque les anciens souverains redevinrent les maîtres du royaume. La société vit sa puissance s’accroître avec une rapidité extraordinaire : « Dans certaines villes de la Calabre et des Abruzzes, remarque J.Héron Lepper , toute la population mâle était initiée » Les Carbonari en arrivèrent à former un véritable Etat dans l’Etat, recrutant des adeptes dans toutes les classes de la société, donnant une instruction militaire à ses membres et jugeant même les fautes des affiliés par un tribunal secret , l’appel au Droit commun n’étant autorisé qu’avec la permission de ce tribunal.
Lors du retour à Naples du roi Ferdinand, le ministre de la police de ce dernier, Canosa, entreprit une lutte acharnée contre ces Carbonari, fondant même une société rivale, les Calderari, dont les membres commirent de telles excès qu’ils furent supprimés en 1816 par décret royal […]
L’histoire desCarbonari italiens et des multiples mouvements issus de ce tronc commun est fort complexe, et nous ne pouvons entrer dans les détails. Remarquons seulement que la cause de l’indépendance fut mise en échec par les troupes autrichiennes, qui envahirent le Royaume de Naples et y rétablirent l’absolutisme, ainsi qu’au Piémont […] Cependant, le mouvement ne s’éteignit pas et le carbonarisme ne devait cesser de multiplier, au cours du XIXe siècle, les tentatives pour faire triompher son dessein.
Après 1821, de nombreux Carbonari se réfugièrent à l’étranger, où ils organisèrent des loges, cependant que toutes sortes de sociétés révolutionnaires surgissaient sous des noms divers, dans toute l’Italie ; après le soulèvement de 1831, l’Autriche rétablit encore sa domination sur l’Italie.
Ensuite, la direction du mouvement révolutionnaire passa à d’autres mains que celles des conspirateurs primitifs : en avril 1834, un groupe de réfugiés politiques de diverses nations, réunis à Berne, s’entendirent pour fonder une société révolutionnaire, internationale et secrète : la Jeune Europe.
C’était l’œuvre de Mazzini, qui s’occupa plus particulièrement de la filiale italienne, la Giovine Italia. « la jeune Italie » On sait comment l’activité de toutes ces sociétés secrètes prit une grande part dans la formation de l’unité italienne (Risorgimento)…, en abandonnant les Carbonari, Mazzini avait condamné une organisation sectaire fondée sur le secret, et avec la « jeune Italie », il créa un parti moderne, démocratique, au fonctionnement connu de tous.
Sources :
-Les sociétés secrètes Serge Hutin, p.96-103
-L’Italie de 1815 à nos jours Jean-Dominique Durand
-un article de L’Encyclopaedia universalis
Carbonarisme ou charbonnerie de Paul Guichonnet (professeur honoraire à l'université de Genève)
…..Lire la suite de cet extrait sur les PC de la BmL.
Cette « Maçonnerie forestière », dont les lieux de réunion, ou chantiers, étaient de préférence en plein air, donnaient lieu à des rites d’initiation, à des signes et mots de reconnaissance, etc.
Lors du retour à Naples du roi Ferdinand, le ministre de la police de ce dernier, Canosa, entreprit une lutte acharnée contre ces Carbonari, fondant même une société rivale, les Calderari, dont les membres commirent de telles excès qu’ils furent supprimés en 1816 par décret royal […]
L’histoire des
Après 1821, de nombreux Carbonari se réfugièrent à l’étranger, où ils organisèrent des loges, cependant que toutes sortes de sociétés révolutionnaires surgissaient sous des noms divers, dans toute l’Italie ; après le soulèvement de 1831, l’Autriche rétablit encore sa domination sur l’Italie.
Ensuite, la direction du mouvement révolutionnaire passa à d’autres mains que celles des conspirateurs primitifs : en avril 1834, un groupe de réfugiés politiques de diverses nations, réunis à Berne, s’entendirent pour fonder une société révolutionnaire, internationale et secrète : la Jeune Europe.
C’était l’œuvre de Mazzini, qui s’occupa plus particulièrement de la filiale italienne, la Giovine Italia. « la jeune Italie » On sait comment l’activité de toutes ces sociétés secrètes prit une grande part dans la formation de l’unité italienne (Risorgimento)…, en abandonnant les Carbonari, Mazzini avait condamné une organisation sectaire fondée sur le secret, et avec la « jeune Italie », il créa un parti moderne, démocratique, au fonctionnement connu de tous.
Sources :
-Les sociétés secrètes Serge Hutin, p.96-103
-L’Italie de 1815 à nos jours Jean-Dominique Durand
-un article de L’Encyclopaedia universalis
Carbonarisme ou charbonnerie de Paul Guichonnet (professeur honoraire à l'université de Genève)
…..Lire la suite de cet extrait sur les PC de la BmL.
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