Question d'origine :
Madame, Monsieur
Dans le cadre de l'inventaire topographique de la ville de Lyon, j'étudie l'ancien couvent de Picpus, aujourd'hui presbytère de la Guillotière et caserne de sapeurs pompiers Rochat.
Dans le mobilier du couvent figuraient les deux globes construits par le père Grégoire, qui ont été confiés à la biblithèque de Lyon à la Révolution ; l'un des deux est exposé sur le palier du 4e étage.
La bibliothèque possède-t-elle un dossier de documentation sur cet objet qui ne semble pas être protégé ?
Un article de Rive gauche mentionne que les deux globes, qui étaient conservés dans les locaux de la Bibliothèque, à l'archevêché, ont été endommagés lors des bombardements de 1944. Qu'est devenu le 2e globe ?
Possédez vous des photographies du globe exposé (le terrestre je crois) et éventuellement du globe céleste que je pourrais utiliser pour illustrer mon dossier (dossier électronique qui doit être diffusé sur les bases du Ministère de la culture, et également dans les centres de documentation de la Ville).
En vous remerciant de votre réponse, veuillez agréer, Madame, Monsieur, l'expression de mes salutations les meilleures.
Réponse du Guichet

Nous avons à la Bibliothèque une brochure d’une trentaine de pages intitulée : Henri Marchand et le globe terrestre de la Bibliothèque de Lyon / note par Aimé Vingtrinier, Bibliothécaire-adjoint de la Ville ; édité en 1878.
En voici quelques extraits :
(….)Henri Marchand naquit à Lyon le 20 avril 1674 dans une famille peu fortunée. Se montrant ardent à étudier, tenace, intelligent il est poussé dans la voie des mathématiques par l’abbé Philippe Villemot qui le fait entrer dans la maison des Franciscains de la Guillotière. (…) Il devient Père Grégoire. Non content d‘étudier les lettres latines, qu’il possédait dans toute leur délicatesse, l’italien, la musique , la poésie qui lui servaient de délassement, il approfondit la théologie et la philosophie, dans lesquelles il devint un maître ; les mathématiques et en particulier l’astronomie et la mécaniques, dans lesquelles, même au siècle de Truchet, de Pascal et de Malebranche, il eut peu de rivaux.
Etait-ce comme travail ou délassement, étude ou distraction, qu’il entreprit deux vastes globes, terrestre et céleste, de deux mètres de diamètre, qui pendant un siècle, ornèrent le couvent de la Guillotière et firent l’admiration des savants d’alors, en attendant qu’ils fussent oubliés et délaissés ?
Le Père Grégoire construisit une charpente d’une rondeur parfaite, il la couvrit d’une couche épaisse de plâtre soutenue par de la toile, enveloppa le tout d’un papier teinté et collé et peignit dessus les constellations qui brillent au-dessus de nos têtes. Nous ne sommes pas compétents pour juger cette œuvre, que le temps, les révolutions, les guerres civiles n’ont pas épargnée. D’après l’homme et malgré les progrès de la science, nous sommes convaincu que ce magnifique globe céleste ne doit offrir que peu d’omissions ou d’erreurs.
Il fit un second globe, plus beau, plus vaste et plus étonnant que le premier. Il y peignit nos mers et nos continents, et pendant que nos géographes les plus habiles osaient à peine indiquer les côtes de l’Asie, pendant qu’ils nous représentaient l’Afrique comme une terre aride et inhabitée, lui, d’une main sûre, il traçait les mers intérieurs de l’Asie, les chaînes des montagnes, les bornes des royaumes, les îles perdues dans les océans, et, au milieu de cette Afrique inconnue, ces grands lacs retrouvés par les voyageurs modernes (…)
Il les traça, les fabriqua et les peignit lui-même, dit l’abbé Pernetti dans ses Lyonnais dignes de mémoire, ne se faisant aider dans son travail que par le Père Bonaventure Vien, son cousin germain, l’ami de son cœur et le compagnon de tous ses travaux (….) Le globe fut terminé, visité, admiré et mis dans un coin du couvent comme un objet de pure curiosité (….) (C’est en 1701 que la construction des deux globes est achevée)
Au moment où le globe de la bibliothèque fut terminé, la science et les lettres fleurissaient à Lyon (…) Aussi, parmi les premiers membres de l’Académie de Lyon, ne faut-il pas s’étonner de voir inscrit le Père Grégoire ; mais cette distinction que tout le monde approuvait, consterna l’humble religieux. Il ne refusa pas, cependant. Il accepta cette offre dont l’honneur devait rejaillir sur son ordre, mais il n’assista jamais aux séances de la savante compagnie, et c’est de son pauvre couvent qu’il envoya tous les mémoires destinés à porter si haut son nom. (………)
Quand la vieillesse fut venue et avec elle les infirmités, ses supérieurs jugèrent que le climat humide et en ce temps-là fiévreux de la Guillotière devait être échangé contre un soleil plus généreux, et il fut envoyé à Marseille, qui le réchauffa sans le guérir.
Le 1er janvier 1750, il s’éteignit doucement, au milieu des regrets profonds des Franciscains de la Provence, qui le pleurèrent comme un grand savant et comme un saint. (….)
Cette œuvre fut confisquée par la Nation en 1792, et amenée dans le collège, qui n’appartenait plus alors ni aux Jésuites ni aux Oratoriens, qui leur avaient succédé, mais à l’Etat. (Et où se trouvait alors la bibliothèque). En 1802, l’administration de l’Isère le réclama comme bien national ; mais Lyon en resta décidément possesseur.
Un article dans Rive gauche, No 163, de décembre 2002 intitulé : Le Père Grégoire / étude inédite de Germaine Vieux, indique que pendant le siège de 1793, les canons des conventionnels mirent à mal la sphère céleste.
Et un autre article, No 145 de juin 1998 : Les globes du Père Grégoire / H. Cogoluenhes indique quant à lui en faisant référence au Lycée Ampère : Le globe céleste avait disparu, peut-être brûlé par les soldats qu’on avait encasernés dans l’établissement.
En 1912, le globe terrestre seul, suivit la Grande Bibliothèque de l’actuel Lycée Ampère à son installation à Saint Jean, dans les locaux de l’Archevêché.
Soixante ans plus tard, en 1972, il est transféré à la Bibliothèque de la Part-Dieu. Lors du transfert de la bibliothèque à la Part-Dieu, le globe est restauré et fixé sur un axe autour duquel, à certaines occasions, il se met en mouvement Il est actuellement visible par le public à l’espace patrimoine de la bibliothèque.
Un dossier de la restauration de 1972 existe dans les archives de la Bibliothèque municipale (Fonds ancien). Le restaurateur est Michel Morel, ce dossier contient, entre autres, quelques photos en noir en blanc de la restauration du globe terrestre.
Nous ne possédons pas en l’état actuel de nos recherches de reproduction du globe céleste.
Pour le globe terrestre nous vous proposons de prendre contact directement avec le service photographique de la Bibliothèque, vous pourrez ainsi préciser quels sont vos attentes et vos besoins :
- soit par voie postale à :
Bibliothèque municipale de Lyon
Service photographique
30, boulevard Vivier-Merle
69431 Lyon cedex 03
- soit par voie électronique à : [url=mailto:reproduction@bm-lyon.fr'>reproduction@bm-lyon.fr[/url]
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