Question d'origine :
Bonjour,
1) Je souhaiterais savoir si les députés aux Etats -généraux en 1789 ont été logés gratuitement à Versailles et ont-ils dû se loger par leurs propres moyens à Paris quand ils devinrent constituants?
2) Par ailleurs, j'ai cru lire une fois que c'était déjà difficile de se loger à Paris sous l'ancien régime. Cela est-il vrai? Avez vous des éléments qui vont dans ce sens?
Cordialement
Interesssus
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 18/08/2011 à 09h38
L’ouvrage d’Edna Hindie Lemay, la vie quotidienne des députés aux Etats généraux est très complet sur la première partie de votre question. Nous vous en proposons quelques extraits et vous invitons à lire l’intégralité du texte pour la qualité des détails que l’on y trouve :
Riche en hôtellerie, Versailles avait une municipalité jeune mais exercée comme « agence de location ».C’est à elle que Laurent de Villedeuil, secrétaire d’Etat de la maison du roi, s’adresse le 22 mars 1789, pour la préparation des logements. En premier lieu, la municipalité devait se chercher un local pour son bureau et ses commis, ensuite des logements pour les députés : un appartement d’au moins quatre pièces à cheminée, si possible au premier et deuxième étages pour les membres de la noblesse et du clergé.[...]
Préférence est accordée par la municipalité aux appartements meublés avec draps et serviettes fournis par les propriétaires. Chez les particuliers, on loue au mois, chez les aubergistes, à la journée. Ne sachant pas si les bailliages paieraient les logements, la municipalité accorde aux propriétaires, disposés à engager des dépenses pour meubler des chambres, une garantie de trois mois de location. [...]
Les frais de logement et de nourriture laissent entrevoir d’une façon plus générale le budget des députés. Munis des pouvoirs qui leur ont été confiés par les bailliages lors de leur élection, ils n’ont pas tous reçu des moyens financiers en partant pour Versailles. [...]
Le 19 septembre 1789, l’Assemblée décrète une indemnité de 18 livres [par jour], sauf pendant les absences, et de 25 sols par lieue ou 5 livres par poste pour le voyage à Paris.
Les discussions semblent avoir été tendues entre certains députés à propos de leurs trains de vie respectifs...
Dans le même ouvrage, on lit :
Malgré une population environ dix fois supérieure à celle de Versailles, le nombre d’hôtels, auberges ou logements garnis à Paris n’est que cinq fois supérieur : environ mille au début de lé Révolution. […] Soit à Versailles soit à Paris, un certain nombre de députés se groupent ensemble par région pour trouver un logement.
Nous n’avons pas trouvé d’éléments généraux sur les difficultés de logement à Paris sous l’Ancien Régime, mais les aménagements voulus par le pouvoir vont inévitablement favoriser les classes les plus aisées et les spéculateurs :
Dans Paris, histoire d'un espace, Bernard Rouleau dresse une chronologie fort détaillée des différents aménagements de la capitale sous l’Ancien Régime (pp.191-278) mais s’attache plus à l’architecture et aux travaux visant à agrandir la ville et à la rendre agréable grâce à des constructions prestigieuses (notamment les hôtels particuliers) qu’à la vie et au logement des parisiens.
Vers 1700, il en coûte, pour deux pièces sans confort, deux mois de salaire d’un ouvrier qualifié. La hausse des loyers devient dramatique en ce XVIIe siècle où l’inflation et la croissance démographique jouent en sens inverse sur les loyers des logements modestes et sur les salaires. En cent ans, les loyers nominaux augmentent de 130 à 140%. En valeur constante, compte tenu de l’érosion monétaire et de la faible progression des salaires, ils ont doublé de poids dans le budget du locataire. (In Paris, 2000 ans d’histoire / Jean Favier (p.689)
Dans Paris, biographie d'une capitale de Pierre Pinon, le chapitre sur la fin de l'Ancien Régime indique :
D'abord va s'amorcer une réforme du centre de la ville, alors que Louis XIV et Louis XV s'étaient surtout intéressés à la périphérie. Avant les bouleversements haussmanniens, s'amorcent de plus discrètes substitutions ponctuelles, tandis que les extensions se poursuivent, toujours pour une clientèle aisée mais plus seulement aristocratique, sous forme de grandes opérations rendues possibles par ma montée des capacités financières des spéculateurs. La spéculation s'exercera sur des terrains d’aristocrates ruinés, de congrégations religieuses appauvries, puis sur des biens nationaux, enfin sur la campagne quand la ville explosera vers le nord et l'ouest. Et si la ville s'agrandit, ce n'est pas pour répondre à un accroissement démographique pourtant réel, mais pour satisfaire le besoin en espace des nouveaux riches.
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