Question d'origine :
Bonjour!
Kittie O'Shea est-elle seule responsable de la déchéance politique de Parnell? Et le capitaine O'Shea a-t-il essayé d'extorquer des fonds à Parnell?
Merci :-)
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 04/02/2005 à 09h33
Nous vous proposons quelques éléments de réponse à vos interrogations.
Les relations de Parnell avec Katherine O’Shea ont certainement joué un rôle dans la « chute » politique de Parnell. Un article de l’encyclopédie Universalis permet de resituer cet épisode dans la vie politique de Parnell.
Homme politique et nationaliste irlandais. Né dans une famille de petits propriétaires fonciers d'origine anglo-irlandaise et de confession protestante, Parnell entre au Parlement en 1875. Séduit par l'idéologie des Fenians et par le mouvement en faveur du Home Rule*, il devient à partir de 1877 le chef de la fraction irlandaise des Communes et lance la tactique de l'obstruction systématique. Deux ans plus tard, il s'allie aux représentants américains du mouvement Fenian et accepte aussi la présidence de la Ligue agraire fondée en 1879 par Michael Davitt. Quelques mois d'emprisonnement pour incitation à la révolte sociale, d'octobre 1881 à mai 1882, portent sa popularité à son zénith en Irlande. Tout en désavouant les crimes agraires alors nombreux, il ne cesse de renforcer sa position. Il mène des négociations plus ou moins secrètes avec les deux partis dominants et croit pouvoir, en 1886, compter sur le vote du Home Rule. L'échec de Gladstone le déçoit cruellement. Il n'en fait pas moins confiance désormais à une alliance avec les libéraux.
On retrouve approximativement le même type d’information sur le site de l’encyclopédie Wikipédia dans un article détaillé qui précise en ce qui concerne la dimension crapuleuse de l’affaire :
Il existe une hypothèse selon laquelle le capitaine espérait un gros héritage de la part de l'oncle de sa femme, souffrant, mais qui tardait à trépasser. À sa mort, l'oncle a laissé la totalité de sa fortune à Catherine, d'une certaine manière pour que son mari ne puisse pas en profiter. On dit que le capitaine O'Shea avait fait du chantage à sa femme pour obtenir 20 000 livres, mais elle refusa de payer. C'est après cela qu'il demanda un procès.
Le procès pour divorce a fait sensation en Angleterre et en Irlande. Les hommes politiques de tous bords étaient convaincus que le leader irlandais allait se retirer de la vie publique, au moins pour un court instant. Parnell, trop fier, n'a montré aucune intention de se retirer. Le chef du parti libéral, Gladstone, sous la pression du courant religieux de son parti, s'est trouvé dans l'obligation d'annoncer qu'il ne pouvait plus soutenir « l'Irish Parliamentry party » tant que Parnell resterait son leader. Un meeting du parti a même dû être annulé durant la première semaine de décembre. Le refus de Parnell d'abandonner son poste a provoqué une rupture à l'intérieur du parti entre les Parnellites et les anti-parnellites. Quarante quatre membres ont rejoint, le vice-président, et ont renoué l'alliance avec le parti libéral, tandis que vingt sept autres sont restés aux côtés de Parnell.Lors d'un meeting du parti, où Parnell avait rétorqué à l'intervention de Gladstone: « Qui est le maître du parti? », un célèbre député, Tim healy, lui a répondu : « Qui est la maîtresse du parti?
Maintenant peut-on vraiment dire que Katherine O’Shea est « elle seule responsable de la déchéance politique de Parnell ?
D’une part nous vous renvoyons à un site anglais Looksmart find articles qui fait référence à une biographie de Katherine O’Shea. Elle semble éclairer un peu différemment les choses en ce qui concerne la personnalité de Katherine O’Shea.
D’autre part, cette « petite histoire » se situe dans la grande histoire des rapports conflictuels entre l’Irlande et l’Angleterre, à un des moments cruciaux où se jouait la bataille pour le « Homme Rule ». Nous vous conseillons la lecture dans l’Histoire de l’Irlande de Jean Guiffan, du chapitre «Déchirements internes » (voire du livre dans son intégralité) . Elle permet de comprendre les enjeux du moment entre parties en présence. L’affaire O’Shea tombe tout à fait à propos au moment où les adversaires de Parnell cherchaient à tout mettre en œuvre pour le discréditer aux yeux de l’opinion publique, lui qui était devenu l’idole des nationalistes irlandais, le second « roi sans couronne » de l’ïle.
« On peut donc se poser quelques questions sur les raisons qui poussèrent soudain le capitaine O’Shea à faire publiquement état de son infortune : on a pu suggérer qu’il avait été acheté par le Times (qui avait une revanche à prendre ) ou manœuvré par Joseph Chamberlain[…].L’Angleterre puritaine cria au scandale et l’Eglise catholique irlandaise , qui supportait mal la présence d’un protestant à la tête du mouvement nationaliste, lui emboîta le pas. » Plus loin, l’auteur poursuit « On ne peut s’empêcher de faire un rapprochement entre ces attaques contre Parnell sur sa vie privée et celles dont fut victime en 1971 la jeune députée catholique nord-irlandaise, Bernadette Devlin, à l’annonce de sa prochaine maternité alors qu’elle n’était pas mariée. En politique, tous les coups sont bons pour abattre l’adversaire. Les temps ayant changé, Bernadette Devlin réussit à surmonter ces attaques mais ne retrouva jamais sa popularité initiale. Le « second roi sans couronne d’Irlande », lui, mourut déconsidéré aux yeux d’une grande partie de l’opinion. »…. « On n’allait plus guère parler du Home Rule avant 1906. » P.155-156-157
*Home Rule : Statut d’autonomie interne
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Comment sont sélectionnés les gardes du Palais de Buckhingham...
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter