vision des couleurs et cones*

Réponse du service Guichet du Savoir

Pouvez-vous nous dire quelle est la conférence à laquelle vous avez assistée (intitulé, nom du conférencier, lieu, date...) ? En effet, nous ne trouvons aucune allusion dans les documents scientifiques que nous avons consultés, à la possibilité pour l'être humain d'avoir quatre types de cônes (cellules nerveuses qui tapissent la rétine) au lieu des trois habituels ?

merci de renvoyer un nouveau message sur le Guichet pour apporter vos précisions

Bonjour,
J'ai récemment entendu au cours d'une conférence que certaines personnes auraient 4 types de cônes, comme certains animaux, au lieu de trois types comme habituellement chez l'être humain.
Est-ce vrai ? Y-a-t-il des tests pour savoir si l'on possède 4 ou 3 types de cônes.

Voici la conférence que je suis allé voir à l'IUFM de Villeurbanne
http://web.lyon.iufm.fr/pole_recherche/sem...onferences.html

Mercredi 15 décembre 2004 – 12H30-14H
Maurice CHASTRETTE
Couleurs, chimie et sociétés


Merci.

cray1903

Réponse du département Sciences et Techniques


Voici de nombreux sites présentant le mécanisme de la vision en couleur chez les humains et chez les animaux :

Vision des couleurs

Vision des animaux

Nous n'avons pas trouvé de document évoquant l'existence d'un quatrième type de cônes chez les humains pour la vision des couleurs.
Par contre nous connaissons bien Mr Chastrette et nous lui avons envoyé votre question afin qu'il nous donne des sources d'informations sur ce sujet.

Réponse du département Sciences et Techniques

Voici, en complément, la réponse de Monsieur Chastrette à la question que vous posez.

Jusqu’à une période récente, les singes du Nouveau Monde étaient considérés comme dichromates alors que les autres singes et les humains sont trichromates. Chez l’homme les trois types de cônes sont appelés bleu, jaune et rouge, en accord avec la position des maxima d’absorption ( environ 420, 540 et 560 nm).

Une étude [1] portant sur le singe écureuil du Nouveau Monde (Saimiri sciureus), a montré que les mâles sont bien tous dichromates mais qu’environ deux tiers des femelles sont trichromates. En effet, sur les 31 mâles et 47 femelles étudiés, tous les mâles et 18 des femelles (soit 38%) sont dichromates alors que 29 femelles sont trichromates.
Tous les singes de cette espèce, mâles et femelles, possèdent un type de cônes dont le maximum d’absorption se trouve à 434 nm.
Il existe de plus trois types de cônes dont les maxima d’absorption se trouvent à 536, 549 et 561 nm. Les singes dichromates possèdent une seule version de ces cônes de sorte qu’il existe trois types de dichromates. Les femelles trichromates possèdent deux des trois versions des cônes, de sorte qu’il existe trois types différents de femelles trichromates.
Les auteurs concluent que leurs résultats sont en accord avec l’hypothèse de gènes portés par le chromosome X. Les femelles homozygotes (ayant les mêmes versions des gènes sur les deux jeux de chromosomes) sont dichromates, alors que les femelles hétérozygotes sont trichromates.

Des résultats concordants ont été trouvés [2] pour une autre espèce de singe du Nouveau Monde : le ouistiti à toupet blanc (Callithrix jachus jachus). Cette espèce possède un seul pigment pour les cônes bleus mais trois possibilités (jaune, orange, rouge soit 543, 556 et 563 nm ) pour le deuxième pigment. Une femelle peut posséder une seule version et être alors dichromate ou deux des trois versions et être alors trichromate. La très faible différence entre les maxima d’absorption n’empêche pas le singe de distinguer les signaux fournis par les deux types de cônes.

Ces résultats, combinés au fait que deux types de pigments des cônes rouges et aussi des cônes verts peuvent exister chez certains humains suggèrent qu’un système tétrachromatique peut exister chez la femme. Deux chercheurs [3] ont testé la vision des couleurs de 31 femmes pouvant posséder, outre les gènes normaux des cônes vert et rouge, un ou plusieurs gènes hybrides. Au moins une de ces femmes utilise un pigment supplémentaire dans un système tétrachromatique.
Certains autres chercheurs considèrent que, bien que la possibilité de vision tétrachromatique existe, l’expérience ne permet pas de confirmer cette hypothèse. Il faut noter cependant que certaines conditions assez strictes sont requises pour qu’un pigment supplémentaire puisse être utilisé. En particulier , il faut que les différences entre les pigments supplémentaires et les pigments normaux ne soient pas trop faibles pour être détectées.

[1] G. H. Jacobs et J. Neitz (1987) Proc. Nat. Acad. Sci., 84, 2545-2549.
[2] M. J. Tovée et al. (1992) Vis. Res., 32, 867.
[3] (G. Jordan et J. Mollon (1993) Vis Res., 33, 1495

voir :
Pour la Science : dossier hors série Avril 2000
La Recherche : N° 272, Janvier 1995

Nous remercions très vivement Monsieur Chastrette de sa collaboration.