Question d'origine :
Jean Fouquet a illustré de miniatures un manuscrit de la traduction en fran4ais des Antiquités juives de Flavius Josèphe. Dans les écrits récents sur ce peintre, on lit que, pour la représentation du Temple de Jérusalem, Fouquet s'est inspiré de l'église Saint-Gatien de Tours.
Plus ancien, mais généralement bien informé, le Manuel d'art chrétie d'Abel Favre dit que Fouquet s'est inspiré de deux modèles, selon le Temple dont il s'agissait (Salomon et Hérode). Le premier démarquerait l'église Or San Michele de Florence 8qui peut ressembler à Saint-Gatien), le second s'inspirerait plutôt d'une église de Sion, dans le Valais, choix qui proviendrait d'unjeu de mot (Sion = Jérusalem).
Quelqu'un a-t-il une idée sur la question? Merci pour son éventuelle réponse et bonne année.
Réponse du Guichet
bml_art
- Département : Arts et Loisirs
Le 29/12/2004 à 16h12
La représentation du temple de Jérusalem apparaît à trois reprises dans le manuscrit des Antiquités judaïques conservé à la Bibliothèque nationale de France :
« Salomon fait construire le temple de Jérusalem », cat. N° 34, t. I, f. 163
« Sedechias aveuglé ; incendie du temple de Jérusalem », cat. N° 34, t. I, f. 213
« Entrée d’Antiochus Epiphane [ou Ptolémée Sôter] à Jérusalem », cat. N° 34, t. I, f. 248
Vous mentionnez que Fouquet aurait pu s’inspirer de plusieurs monuments pour forger une image du temple. Nous n’avons pas trouvé d’éléments supplémentaires sur la cathédrale Notre-Dame du Glarier à Sion, la Collégiale de Valère et Orsanmichele à Florence, pouvant accréditer cette hypothèse. Les illustrations de ces bâtiments montrent sans plus une parenté dans le volume extérieur de l’image du temple.
En revanche plusieurs auteurs ont repéré les nombreux emprunts par Fouquet à l’architecture de la cathédrale de Tours.
Dans l’ouvrage Les antiquités Judaïques de Flavius Josèphe et le peintre Jean Foucquet / Paul Durrieu, 1908, l'auteur note :
" Le Temple est figuré sous la forme d'un édifice cubique... Trois grands portails, placés côte à côte, s'ouvrent sur la façade. Un portail semblable est percé sur le retour. L'architecture est la pure architecture française de la seconde moitié du quinzième siècle ".
Dans le livre, édité par la BNF, Jean Fouquet : peintre et enlumineur du XVe siècle, Erik Inglis, à la page 71, dit ceci :
" Dans le Flavius Josèphe, par exemple, Fouquet peint le temple de Jérusalem sur le modèle de la cathédrale Saint-Gatien de Tours et il place Jéricho par Josué sur les rives d'un Jourdain qui ressemble à s'y méprendre à la Loire. Ces anachronismes délibérés ne sont pas une simple modernisation du texte antique : ils créent une analogie remarquable entre les Hébreux de Flavius Josèphe et les Français du temps de Fouquet... En représentant le Temple dévasté sous la forme d'un édifice français contemporain, Fouquet faisait écho aux écrivains français qui usaient de l'imagerie biblique pour déplorer les calamités de la guerre de Cent ans."
Le site de la BNF consacre un dossier pédagogique spécifique relatif à la scène de la construction du Temple de Jérusalem où il est dit :
" Sous le pinceau de Fouquet ou de l'un de ses émules, le Temple de Salomon est devenu un merveilleux édifice gothique. En effet, l'artiste s'est inspiré des façades des cathédrales dont il reprend la structure et le décor.
Comme une cathédrale, il est garni de statues-colonnes dans les ébrasements et au trumeau des portails, ainsi que de personnages sculptés occupant les voussures et les arcatures scandées par les pinacles, les gâbles et les rosaces. Le pourtour de la corniche supérieure est décoré en partie d’une bordure de fleurs de lis. Deux rosaces occupent le centre de la façade de droite dont le revêtement doré est en cours d'achèvement.
En revanche, le plan n'est pas celui d'une église gothique, il s'inspire directement de la Bible (I Rois, VI, 1-22) qui elle aussi décrit la construction du Temple de Salomon mais d'une manière plus détaillée que l'historien Flavius Josèphe. Au sein du texte biblique, Fouquet opère encore une sélection pour ne s'attacher qu'au plan du sanctuaire, le Debir, qui était de forme carrée. C'est probablement le sens symbolique du carré que l'artiste a voulu mettre en évidence. "
La construction du Temple de Jérusalem
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter