Question d'origine :
je cherche des renseignements sur le camp de fort- mahon-plage où furent internées des réfugiers politiques espagnoles au moment de la guerre civile. à quel moment a-t-il été ouvert, à quel moment a-t-il été fermé et par qui, les allemands ou les autorités françaises?combien de réfugiers y avait-il ? était-ce seulement des femmes? y avait-il des enfants?
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 17/12/2004 à 14h02
Pour nos recherches sur le camp de Fort-Mahon, nous avons pris contact avec le Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation (CHRD) et le Mémorial de Caen . Le Pôle scientifique du Mémorial de Caen après une première recherche, nous a confirmé la validité du site La mémoire de Dannes-Camier qui retrace l’histoire des camps du nord de la France. Nous vous conseillons de le consulter.
Comme vous pourrez le découvrir sur ce site, ces camps ont pour origine la volonté d’Hitler, en mai 42, de « protéger le flanc occidental de la nouvelle Europe par l'édification du mur de l'Atlantique qu'il confia à l'Organisat Enion Todt (O.T.) » Ce projet impliquait une main d’œuvre importante.
« Au début de l'été 1942, les camps de travail pour Juifs s'ouvrent donc le long de la côte et s'y ajoute un camp dans les Ardennes : les Mazures, près de Charleville. Le 13 juin 1942, un premier convoi de 250 Juifs de diverses nationalités arrive au camp de Condette, au sud de Boulogne. Un mois plus tard, le 14 juillet 1942, un convoi débarque des Juifs belges et d'autres nationalités à Calais et à Fort-Mahon puis environ 200 Juifs anversois arrivent le 18 juillet aux Mazures via Revin. Au mois d'août, les arrivés se poursuivent : à Calais encore 250 hommes, à Boulogne 300 personnes par le convoi du 14 août 1942. Le 5 août 1942, un autre convoi parvient à Dannes-Camiers via Boulogne. »
Beaucoup seront ensuite déportés.
Ils seront remplacés par des détenus de la prison de Merxplas, des Russes, d’autres juifs…Le camp de Fort Mahon fait partie de ces camps. Il semble selon le site du GISTI, avoir été un camp secondaire , relié et sous l’autorité de celui de Dannes.
Vous trouverez sur ce site les conditions d’internement…
Par contre, nous n’avons pas trouvé de lien direct entre ces camps et la guerre civile espagnole.
On ne peut exclure que des réfugiés espagnols se soient retrouvés à Fort Mahon.
En effet, dans son livre L’exil des républicains espagnols en France : de la guerre civile à la mort de Franco , Geneviève Dreyfus-Armand traite du sort de ces réfugiés.
Au chapitre III, Dans la tourmente de la Seconde guerre mondiale, elle indique :
« Lorsque la Seconde guerre mondiale éclate, la situation des réfugiés espagnols est extrêmement confuse. Le conflit accentuera encore la précarité de leur sort et entraînera, en premier lieu, une mobilité géographique accrue. Si un certain nombre de réfugiés sont déjà repartis, vers l’Espagne ou vers une autre terre d’exil, ceux qui demeurent en territoire français se trouvent dispersés aux quatre cois de l’hexagone et en Afrique du Nord. Dispersion amplifiée encore par rapport aux premiers temps de l’exode du fait de la grande diversité des situations. » p. 103.
Après avoir présenté la place des réfugiés dans l’économie de guerre avec les camps de travailleurs étrangers (CTE) puis les groupements de travailleurs étrangers (GTE), elle précise : « Lorsque les Allemands entreprennent de recruter de la main d’oeuvre partout où ils le peuvent pour construire le mur de l’Atlantique, des fortifications sur la côte méditerranéenne, des abris pour les sous-marins et pour aller travailler en Allemagne même, les GTE constitueront des réserves idéales de travailleurs […] Ce qui est avéré en revanche, c’est qu’à partir de 1942, lorsque les réquisitions commencent véritablement, les services allemands de main d’œuvre recrutent directement au sein des GTE et les préfets français n’hésitent pas à puiser dans les effectifs des groupements pour répondre aux demandes formulées par les autorités d’occupation et pallier les défections des Français. » p. 132.
« Toute la période de la Seconde Guerre mondiale est ainsi marquée par de nombreux déplacements, massifs ou individuels, des réfugiés espagnols, sans parler des évasions et de nombreux mouvements liés à la clandestinité. Même si l’internement dans les camps du Midi, qui persiste pendant toute la période, est beaucoup plus réduite en ce qui concerne les Espagnols ainsi disséminés sur tout le territoire, il faut rappeler les assignations à résidence et la surveillance constante exercée sur les anciens responsables politiques. Mis au travail dès avant la déclaration de guerre, engagés sur divers fronts au cours des opérations militaires françaises, transférés d’un chantier à l’autre, déportés très tôt en Allemagne, encadrés par Vichy dans les groupements des travailleurs, requis en priorité pour travailler au service de l’occupant, les réfugiés espagnols subissent les conséquences de la guerre mondiale et de l’Occupation de manière beaucoup plus dure que les nationaux. Sans droits reconnus, considérés avec suspicion, ils sont utilisés comme travailleurs ou comme combattants. » p. 139.
Mais rien ne vient attester, dans les documents trouvés, la présence importante de réfugiés espagnols.
Il existe par contre de nombreux document sur les camps de réfugiés espagnols en France, camps qui se situaient principalement dans le sud de la France. Vous pouvez consulter par exemple à la bibliothèque :
Les camps de la honte.
Plages d'exil : les camps de réfugiés espagnols en France, 1939.
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