Question d'origine :
Si l'on dit que Mark Twain a été le premier écrivain à utiliser une machine à écrire, quel est (ou quels seraient) le(s) premier(s) écrivain(s) à avoir utilisé un ordinateur pour "saisir" ou composer ses (leurs) textes. Merci de votre réponse
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 13/07/2009 à 10h47
Réponse du service Guichet du Savoir
Bonjour,
Le développement des ordinateurs a donné naissance à un nouveau mode de création littéraire : c'est en 1959 qu'est née la poésie générée par ordinateur.
Nous vous recommandons la lecture de l'article intitulé "Informatique et poésie", écrit pour la Revue INTERMEDIA n° 2 (Madrid) par Alain Vuillemin, Professeur à l'Université d'Artois et publié sur le site de l'Association Enseignement Public & Informatique.
"Quand les ordinateurs ont-ils commencé à assembler des mots ? Jusqu'en 1950, les ordinateurs ne sont guère que des « calculateurs ». Ils savent seulement calculer sur des nombres et ils ne connaissent que les chiffres. Dès 1951, toutefois, l'Univac I, le premier ordinateur de gestion, pouvait lire l'anglais en lettres majuscules mais ce n'est pas avant 1965 que les codes EBCDIC et ASCII permirent de maîtriser les textes écrits en une typographie riche. C'est pourtant en Allemagne, à l'école polytechnique de Stuttgart, dès 1959, qu'un ingénieur, Théo Lutz, qui travaillait avec Max Bense, aurait réussi à programmer les premiers vers composés par une machine en allemand."
Voir aussi l'histoire de la création de l'ALAMO (Atelier de littérature assistée par la mathématique et l'ordinateur) :
"C'est en 1961 qu'apparaît pour la première fois l'expression "littérature combinatoire". Elle est utilisée par François Le Lionnais dans sa post-face aux Cent Mille Milliards de Poèmes, de Raymond Queneau [4]. Dès lors le mouvement est lancé : en 1964 les Editions du Jour, à Montréal publient "La machine à écrire mise en marche et programmée par Jean A. Baudot" qui précède de peu les réalisations oulipiennes.
Parallèlement, ethnologues, linguistes, spécialistes de l'intelligence artificielle, s'appuyant sur les analyses de Propp ou sur la technique des réseaux conceptuels, s'intéressent à la génération informatique de textes. Ce sont les travaux de Sheldon Klein (1965), James Meehan (1976), Natalie Dehn (1981) et Mazoud Yazdani (1982)[5]. Ces auteurs sentent la nécessité de développer des langages spécialisés qui permettront de gagner du temps dans la programmation. Ce sont MESSY (Klein), TALESPIN (Meehan), AUTHOR (Dehn) et ROALD (Yazdani). Il faut citer aussi l'ouvrage de Kathleen McKeown : Text Generation[6].
En France, après le travail de pionnier de Gérard Verroust, il faut signaler les recherches de Daniel Goossens (1984) et Laurence Danlos (1985) sur la synthèse de textes[7]. Plus récemment le mouvement a pris de l'ampleur avec la parution des revues "informatiques" telles que KAOS, animée par Jean-Pierre Balpe à Paris, et alire réalisée par l'équipe L.A.I.R.E. à Lille.
1.2. De l'OULIPO à l'ALAMO
L'histoire de l'OULIPO (OUvroir de LIttérature POtentielle) est bien connue[8]. Pour ses fondateurs (Raymond Queneau et François Le Lionnais), il s'agissait de réunir écrivains et mathématiciens intéressés par les problèmes de création littéraire sous contrainte. L'écriture sous contrainte, on le sait, remonte à la plus haute antiquité (lipogrammes, palindromes, etc...) mais les oulipiens, tout en rendant hommage à leurs "plagiaires par anticipation" s'efforcèrent de définir, puis de mettre en œuvre de nouvelles formes qui utiliseraient, autant que possible, des structures mathématiques non triviales[9].
Parmi les différentes sources de potentialité qu'il était naturel d'exploiter, la combinatoire venait évidemment en premier avec ses précurseurs, notamment Jean Meschinot (vers 1490) et Quirinus Kuhlmann (vers 1660), sur lesquels Jacques Roubaud et Michel Bottin attirèrent respectivement notre attention. Raymond Queneau proposa ainsi, avec les Cent mille milliards de poèmes, un systèmes de production "à la main", exploitant les possibilités offertes par l'impression de dix sonnets sur des feuilles découpées en (quatorze) languettes. Très vite des informaticiens proposèrent des versions sur ordinateur qui amélioraient l'efficacité du travail combinatoire du lecteur. Puis Marcel Benabou et Paul Fournel firent d'autres suggestions qui élargissaient le domaine d'exploitation des procédures combinatoires[10].
Il existait alors au Centre Georges Pompidou un "Atelier de Recherches sur les Techniques Avancées" (ARTA) dont les collaborateurs, Michel Bottin et Dominique Bourguet entreprirent, avec Paul Braffort, d'informatiser les nouveaux algorithmes. Ces réalisation attirèrent l'attention de Claude Mollard, alors secrétaire général du Centre, qui prit l'initiative d'organiser une présentation de ces premières réalisations, suivie, le 15 Juin 1977, d'une journée "Écrivains, Ordinateurs, Algorithmes", présidée par Yvon Belaval, avec le concours de nombreuses personnalités, parmi lesquelles Alexandre Andreewsky, Italo Calvino, Paul Fournel, Jean-Claude Gardin, René Moreau, etc... Cette manifestation attira l'attention d'un certain nombre d'écrivains et d'organismes tels que l'Union des Écrivains, mais aussi d'animateurs culturels.
Les applications informatiques - très élémentaires, mais assez spectaculaires - que nous avions imaginées furent présentées "en attraction" à l'occasion des Stages "Oulipo" organisés chaque année à la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon, dans le cadre de la Maison du Livre et des Mots. Mais il devint clair assez vite qu'une confusion risquait de s'introduire dans l'esprit du public entre les activités oulipiennes et certaines expériences informatiques qui n'étaient pas liées directement au projet oulipien, si bien qu'il devint naturel d'envisager la création d'une association se consacrant exclusivement à la problématique "Littérature/Informatique".
C'est ce qui conduisit Paul Braffort et Jacques Roubaud à proposer, en juillet 1981, la création d'un groupe nouveau : l'ALAMO (Atelier de Littérature Assistée par la Mathématique et les Ordinateurs) où se retrouveraient des oulipiens, mais aussi d'autres écrivains, des enseignants et des chercheurs intéressés par la linguistique, l'Intelligence Artificielle ou la pédagogie. Ce groupe comprenait à l'origine Simone Balazard, Jean-Pierre Balpe, Marcel Benabou, Mario Borillo, Michel Bottin, Paul Braffort, Paul Fournel, Pierre Lusson et Jacques Roubaud."
Pour en savoir plus :
- Encyclopédie universalis : Atelier de littérature assistée par la mathématique et l'ordinateur
- Observatoire Leonardo pour les Arts et les Techno-Sciences :
Leonardo/Olats (l'Observatoire Leonardo pour les Arts et les Techno-Sciences) est une association culturelle de recherche et de publications en ligne dans le domaine des arts et des techno-sciences.
- Article du journal Libération écrit par Francis MIZIO.
L'Alamo, l'Atelier de littérature assistée par la mathématique et les ordinateurs, la branche «cyber», née en juillet 1981 à l'initiative de Paul Braffort et Jacques Roubaud, du célèbre Oulipo, l'Ouvroir de littérature potentielle de Raymond Queneau et François Le Lionnais. Dès 1977, l'Oulipo avait commencé à travailler avec des ordinateurs. Les «écrivains et mathématiciens intéressés par les problèmes de création littéraire sous contrainte» entendaient développer les possibilités combinatoires de poèmes du type de ceux de Queneau, mais aussi explorer nombres d'oeuvres anciennes (certaines datent de 1490!) ou contemporaines.
Nous n'avons pas trouvé davantage d'informations sur le ou les premiers écrivains à utiliser le traitement de texte classique sous micro-ordinateur mais vous pouvez consulter l'exposition en ligne de la Bibliothèque nationale de France consacrée aux Brouillons d'écrivains et notamment le texte intitulé "Écrire à l'ordinateur" écrit par François Bon.
Bonjour,
Le développement des ordinateurs a donné naissance à un nouveau mode de création littéraire : c'est en 1959 qu'est née la poésie générée par ordinateur.
Nous vous recommandons la lecture de l'article intitulé "Informatique et poésie", écrit pour la Revue INTERMEDIA n° 2 (Madrid) par Alain Vuillemin, Professeur à l'Université d'Artois et publié sur le site de l'Association Enseignement Public & Informatique.
"Quand les ordinateurs ont-ils commencé à assembler des mots ? Jusqu'en 1950, les ordinateurs ne sont guère que des « calculateurs ». Ils savent seulement calculer sur des nombres et ils ne connaissent que les chiffres. Dès 1951, toutefois, l'Univac I, le premier ordinateur de gestion, pouvait lire l'anglais en lettres majuscules mais ce n'est pas avant 1965 que les codes EBCDIC et ASCII permirent de maîtriser les textes écrits en une typographie riche. C'est pourtant en Allemagne, à l'école polytechnique de Stuttgart, dès 1959, qu'un ingénieur, Théo Lutz, qui travaillait avec Max Bense, aurait réussi à programmer les premiers vers composés par une machine en allemand."
Voir aussi l'histoire de la création de l'ALAMO (Atelier de littérature assistée par la mathématique et l'ordinateur) :
"C'est en 1961 qu'apparaît pour la première fois l'expression "littérature combinatoire". Elle est utilisée par François Le Lionnais dans sa post-face aux Cent Mille Milliards de Poèmes, de Raymond Queneau [4]. Dès lors le mouvement est lancé : en 1964 les Editions du Jour, à Montréal publient "La machine à écrire mise en marche et programmée par Jean A. Baudot" qui précède de peu les réalisations oulipiennes.
Parallèlement, ethnologues, linguistes, spécialistes de l'intelligence artificielle, s'appuyant sur les analyses de Propp ou sur la technique des réseaux conceptuels, s'intéressent à la génération informatique de textes. Ce sont les travaux de Sheldon Klein (1965), James Meehan (1976), Natalie Dehn (1981) et Mazoud Yazdani (1982)[5]. Ces auteurs sentent la nécessité de développer des langages spécialisés qui permettront de gagner du temps dans la programmation. Ce sont MESSY (Klein), TALESPIN (Meehan), AUTHOR (Dehn) et ROALD (Yazdani). Il faut citer aussi l'ouvrage de Kathleen McKeown : Text Generation[6].
En France, après le travail de pionnier de Gérard Verroust, il faut signaler les recherches de Daniel Goossens (1984) et Laurence Danlos (1985) sur la synthèse de textes[7]. Plus récemment le mouvement a pris de l'ampleur avec la parution des revues "informatiques" telles que KAOS, animée par Jean-Pierre Balpe à Paris, et alire réalisée par l'équipe L.A.I.R.E. à Lille.
1.2. De l'OULIPO à l'ALAMO
L'histoire de l'OULIPO (OUvroir de LIttérature POtentielle) est bien connue[8]. Pour ses fondateurs (Raymond Queneau et François Le Lionnais), il s'agissait de réunir écrivains et mathématiciens intéressés par les problèmes de création littéraire sous contrainte. L'écriture sous contrainte, on le sait, remonte à la plus haute antiquité (lipogrammes, palindromes, etc...) mais les oulipiens, tout en rendant hommage à leurs "plagiaires par anticipation" s'efforcèrent de définir, puis de mettre en œuvre de nouvelles formes qui utiliseraient, autant que possible, des structures mathématiques non triviales[9].
Parmi les différentes sources de potentialité qu'il était naturel d'exploiter, la combinatoire venait évidemment en premier avec ses précurseurs, notamment Jean Meschinot (vers 1490) et Quirinus Kuhlmann (vers 1660), sur lesquels Jacques Roubaud et Michel Bottin attirèrent respectivement notre attention. Raymond Queneau proposa ainsi, avec les Cent mille milliards de poèmes, un systèmes de production "à la main", exploitant les possibilités offertes par l'impression de dix sonnets sur des feuilles découpées en (quatorze) languettes. Très vite des informaticiens proposèrent des versions sur ordinateur qui amélioraient l'efficacité du travail combinatoire du lecteur. Puis Marcel Benabou et Paul Fournel firent d'autres suggestions qui élargissaient le domaine d'exploitation des procédures combinatoires[10].
Il existait alors au Centre Georges Pompidou un "Atelier de Recherches sur les Techniques Avancées" (ARTA) dont les collaborateurs, Michel Bottin et Dominique Bourguet entreprirent, avec Paul Braffort, d'informatiser les nouveaux algorithmes. Ces réalisation attirèrent l'attention de Claude Mollard, alors secrétaire général du Centre, qui prit l'initiative d'organiser une présentation de ces premières réalisations, suivie, le 15 Juin 1977, d'une journée "Écrivains, Ordinateurs, Algorithmes", présidée par Yvon Belaval, avec le concours de nombreuses personnalités, parmi lesquelles Alexandre Andreewsky, Italo Calvino, Paul Fournel, Jean-Claude Gardin, René Moreau, etc... Cette manifestation attira l'attention d'un certain nombre d'écrivains et d'organismes tels que l'Union des Écrivains, mais aussi d'animateurs culturels.
Les applications informatiques - très élémentaires, mais assez spectaculaires - que nous avions imaginées furent présentées "en attraction" à l'occasion des Stages "Oulipo" organisés chaque année à la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon, dans le cadre de la Maison du Livre et des Mots. Mais il devint clair assez vite qu'une confusion risquait de s'introduire dans l'esprit du public entre les activités oulipiennes et certaines expériences informatiques qui n'étaient pas liées directement au projet oulipien, si bien qu'il devint naturel d'envisager la création d'une association se consacrant exclusivement à la problématique "Littérature/Informatique".
C'est ce qui conduisit Paul Braffort et Jacques Roubaud à proposer, en juillet 1981, la création d'un groupe nouveau : l'ALAMO (Atelier de Littérature Assistée par la Mathématique et les Ordinateurs) où se retrouveraient des oulipiens, mais aussi d'autres écrivains, des enseignants et des chercheurs intéressés par la linguistique, l'Intelligence Artificielle ou la pédagogie. Ce groupe comprenait à l'origine Simone Balazard, Jean-Pierre Balpe, Marcel Benabou, Mario Borillo, Michel Bottin, Paul Braffort, Paul Fournel, Pierre Lusson et Jacques Roubaud."
Pour en savoir plus :
- Encyclopédie universalis : Atelier de littérature assistée par la mathématique et l'ordinateur
- Observatoire Leonardo pour les Arts et les Techno-Sciences :
Leonardo/Olats (l'Observatoire Leonardo pour les Arts et les Techno-Sciences) est une association culturelle de recherche et de publications en ligne dans le domaine des arts et des techno-sciences.
- Article du journal Libération écrit par Francis MIZIO.
L'Alamo, l'Atelier de littérature assistée par la mathématique et les ordinateurs, la branche «cyber», née en juillet 1981 à l'initiative de Paul Braffort et Jacques Roubaud, du célèbre Oulipo, l'Ouvroir de littérature potentielle de Raymond Queneau et François Le Lionnais. Dès 1977, l'Oulipo avait commencé à travailler avec des ordinateurs. Les «écrivains et mathématiciens intéressés par les problèmes de création littéraire sous contrainte» entendaient développer les possibilités combinatoires de poèmes du type de ceux de Queneau, mais aussi explorer nombres d'oeuvres anciennes (certaines datent de 1490!) ou contemporaines.
Nous n'avons pas trouvé davantage d'informations sur le ou les premiers écrivains à utiliser le traitement de texte classique sous micro-ordinateur mais vous pouvez consulter l'exposition en ligne de la Bibliothèque nationale de France consacrée aux Brouillons d'écrivains et notamment le texte intitulé "Écrire à l'ordinateur" écrit par François Bon.
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