Question d'origine :
Bonjour,
Les premiers chrétiens attendaient la fin du monde pour "bientot" (enfin la fin puis le royaume de dieu et tout ca). Est ce que d'autres peuples de l'antiquité attendaient aussi un evenement similaire? Qui a la primeur de l'idée? (enfin du moins sa première trace identifiable).
Merci de votre reponse.
Réponse du Guichet

Une définition du substantif eschatologie par Michel Hulin, professeur de philosophie indienne et comparée à l'université de Paris-IV-Sorbonne :
« L'eschatologie est la « science des choses ultimes » (ta eschata, en grec) ou des « fins dernières » de l'homme. Or, comme l'atteste clairement l'histoire des religions, ces fins dernières ont toujours été comprises en deux sens bien différents. D'un côté, c'est le destin post mortem de l'individu qui est en jeu : sa survie, son éventuel jugement dans l'au-delà, son salut ou sa damnation, ou encore sa future réincarnation. De l'autre, il s'agit des événements de la fin du monde : indication des signes annonciateurs de la consommation des temps, description du cataclysme final et annonce du nouvel ordre universel destiné à s'établir sur les décombres de l'ancien.
Il est donc hautement vraisemblable que l'idée de fin de monde - projection sur le cosmos de l'expérience du trépas individuel - a été forgée au cours des siècles par la conscience religieuse aux fins de concilier, autant que faire se pouvait, les deux évidences contradictoires du « tout meurt avec moi » et du « rien ne manquera à l'univers après ma mort ». La conscience eschatologique a toujours été ainsi déchirée entre ces deux exigences de la pensée, et son histoire se confond avec la série de ses multiples, et plus ou moins heureuses, tentatives pour en surmonter l'opposition.
Le modèle eschatologique le plus ancien, et longtemps le plus répandu sur la terre, avait partie liée avec l'idée de résurrection. Il supposait un univers stable, partagé symétriquement entre un « ici-bas » et un « là-bas » (plutôt qu'un « au-delà ») entre lesquels les âmes - ou les doubles - circulaient pour ainsi dire librement. En plaçant entre ces deux parties de l'univers une barrière infranchissable dans le sens du retour, les civilisations du Proche-Orient ancien ont rendu impossible cette circulation des âmes, pourtant porteuse d'équilibre et d'harmonie. La nécessité s'est alors fait sentir de surmonter le caractère en apparence définitif de cette rupture et, pour cela, d'admettre que cet univers coupé en deux n'était pas destiné à subsister indéfiniment. Le retour individuel des doubles, devenu impraticable, devait céder la place au mythe d'un grand retour collectif des morts, rendu possible par un bouleversement radical de l'ordonnance présente du cosmos. Ainsi se fait jour l'idée d'une résurrection de la chair liée à une restauration ou plutôt à une transfiguration de l'univers, elle-même précédée d'un cataclysme universel. Cela impliquait la substitution au temps cyclique des réincarnations d'un temps orienté, non réversible, destiné à s'achever pour avoir eu un commencement. En découlait également la notion d'une histoire du salut identifiée au destin collectif de l'humanité : un destin à la fois modelé sur celui de l'individu, déroulé en parallèle avec lui et destiné à l'englober à la fin des temps. Cette révolution spirituelle apparaît avec la religion de l'Iran ancien (zoroastrisme et mazdéisme) d'une part, avec les religions de la « famille abrahamique » (judaïsme, christianisme, islam), d'autre part. »Vous trouvez l’intégralité de cet article dans l’Encyclopaedia Universalis consultable en ligne à partir des postes de la BML.
Donc dès le début des temps historiques, vers 3000 av. J.-C., les peuples de la Mésopotamie, notamment ceux de langue sumérienne et akkadienne puis les Babyloniens et les Assyriens possédaient déjà leur propre idée de l’ordre du monde. Nous vous renvoyons à l'ouvrage Cosmos, chaos et le monde qui vient de Norman Cohn.
Dès le IIe siècle avant J. -C., l’historien grec Polybe écrit : « Lorsque des inondations, des épidémies, une disette ou d’autres causes du même ordre déciment le genre humain, comme nous savons que cela s’est produit avant nous, et comme il est vraisemblable que cela arrivera encore bien des fois, les institutions, les arts, tout sombre dans ce cataclysme ; puis, de ceux qui ont échappé au désastre sort à la longue, ainsi que d’une semence, une humanité nouvelle. » Se référer au livre de Lucian Boia, La fin du monde : une histoire sans fin.
Nous vous renvoyons également à l’ouvrage de Christine Dumas-Reungoat, La fin du monde : enquête sur les origine du mythe qui vous propose un corpus de textes antiques greco-romain relatifs à votre questionnement comme « Les Oracles de sibyllins ».
Pour toute recherche de vocabulaire n’hésiter pas à consulter l’encyclopédie libre, en ligne sur le net Wikipédia
Bonne chance
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