Politique éditoriale
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 10/07/2008 à 07h52
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Question d'origine :
Bonjour,
Quelle serait la meilleure définition d'une politique éditoriale pour ce qui est des revues spécialisées ?
Merci et belle journée à tous !
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 10/07/2008 à 12h44
Nous vous rappelons que nous ne répondons pas aux questions des professionnels des bibliothèques, qui peuvent s'adresser au service questions-reponses de l'ENSSIB.
Voici les recommandations de La Revue, mode d'emploi : guide d'usage des auteurs, des créateurs de revues et des attachés de presse à propos de la politique éditoriale :
Dès le premier numéro, une revue doit avoir trouvé son identité, c'est-à-dire les trois ou quatre grands principes qui la guideront tout au long de son existence. Puis, tout en évoluant avec l'expérience, avec les réactions des lecteurs, elle restera fidèle à elle-même. Pour la cohérence de la revue, pour sa continuité, la définition d'une politique éditoriale préalablement à la parution est une absolue nécessité. Le projet éditorial définit les objectifs poursuivis par la publication, choisit le public auquel elle s'adresse, les messages à élaborer et le support pour les véhiculer. Les caractéristiques seront donc déterminées en répondant clairement aux questions: pourquoi ? pour qui ? quoi ? comment ?
Cette réflexion nécessite du temps. Si vous êtes plusieurs, vous devez impérativement être d'accord sur les axes essentiels. À l'image d'un groupe musical, un comité de rédaction doit partager les mêmes conceptions.
L'édition d'un « numéro zéro » peut faciliter l'étude et la réflexion, comme l'ajustement du concept. Cependant, compte tenu des coûts qu'il génère, il ne sera envisagé que pour un projet d'envergure.
a/ Le public. — Créer une revue est d'abord un acte égoïste. On la fait pour soi, pour se faire plaisir. Mais une revue ne va pas durer et s'installer si elle ne repose que sur le désir de son créateur. Elle doit correspondre à une attente et trouver progressivement son public.
Pensez à ce public avant de lancer la publication. Existe-t-il un lectorat ? À combien de personnes peut-on l'évaluer ? Où se trouve-t-il ? Est-il dispersé ou rassemblé ? Comment le joindre ? Autant de questions qu'il faut se poser pour prévoir l'accueil qui sera fait à votre périodique, ses chances de diffusion et de pérennité.
Déterminez les caractéristiques de ce public potentiel : son âge, son niveau culturel, les catégories socioprofessionnelles qu'il recouvre. Cela vous aidera pour constituer des fichiers de personnes à contacter, pour retenir (ou louer) des fichiers. Cela vous permettra de déterminer les lieux dans lequels vous diffuserez des dépliants (universités, salons ou manifestations...), les journaux dans lequels vous passerez informations ou publicités.
Le souci de ce public sera constant. Une revue qui tient à durer se trouve perpétuellement à la recherche de nouveaux abonnés, ne serait-ce que pour en maintenir le nombre, car un pourcentage non négligeable de lecteurs ne se réabonnent pas. On estime que le turn-over (ou taux de réabonnement) atteint au mieux 50 sur une première relance.
b/ Le titre. — On n'insistera jamais assez sur l'importance du titre. Il résume à lui seul toute la revue ; il la représente auprès de ceux qui ne l'ont jamais lue, il leur donnera l'envie de la découvrir ou les en éloignera...
Vous avez probablement en tête plusieurs options de titre. N'hésitez pas à prendre votre temps, à soumettre vos idées au plus grand nombre de personnes. Soyez attentif à leurs réactions. La revue et son titre sont un couple indissoluble. Il est impossible de changer de titre en cours de route.
Le titre crée l'unité et l'identité de la publication, il annonce la couleur, il donne le ton. Choisissez-le de préférence court, et facile à mémoriser.
Un titre efficace combine de façon subtile originalité et clarté. Ainsi, Ecrire&Editer, magazine destiné aux auteurs, possède un titre clair, explicite, dont l'originalité est assurée par le signe &. À l'inverse, le magazine littéraire Le Matricule des Anges présente un titre, certes d'une belle valeur poétique, mais peu évident et communicant, peu adapté à son objet : la rédaction devra déployer davantage d'efforts pour se faire connaître d'un public non averti.
Voilà sans doute pourquoi de nombreuses revues font également figurer sur la couverture un sous-titre qui vient préciser et éclairer un titre parfois hermétique ou choisi sur les seuls critères poétiques et esthétiques. L'annuaire Arlit nous en donne quelques exemples :
— Arpa, « revue de poésie et de littérature » ;
— L'Ane, « le magazine Freudien » ;
— Classe, « le mensuel pratique des instituteurs » ;
— Jointure, « Poésie & Arts » ;
— Nouvelle Donne, « le magazine de la Nouvelle ».
Un titre doit être inédit. Vous trouverez au point 3.2.2. des méthodes pour en vérifier l'originalité et le protéger juridiquement, si vous craignez qu'on ne vous le reprenne.
Le nom retenu, vous réfléchirez à sa forme esthétique et visuelle : la grosseur des lettres, leur graphisme, la position sur la page... Il peut être intéressant de faire appel à un professionnel pour créer un graphisme original, ou un logo de la revue. Cet investissement de départ vous conférera une excellente image de marque et un aspect professionnel qui compteront pour beaucoup dans l'accueil qui sera réservé à votre périodique.
Enfin, si votre revue est diffusée en kiosque, le titre sera placé en haut et à gauche de la couverture, de manière à apparaître malgré le chevauchement des publications sur les présentoirs.
c/ Le contenu. — Si la forme, nous le verrons, est essentielle, le contenu est primordial. Un bel objet creux, vidé de sens, ne séduira pas longtemps. Le projet éditorial passe d'abord par le contenu.
On peut classer les revues culturelles selon trois grandes composantes : l'information, la réflexion, la création. Certains périodiques les réunissent toutes, d'autres répugnent au mélange des genres. Quoi qu'il en soit, votre revue devra faire preuve de richesse, de diversité et de qualité. On parlera du niveau de la publication : il sera excellent, bon, moyen, mauvais. Une « revue d'amateur » ne pèche pas que par la présentation ; elle souffre aussi d'un contenu sans intérêt et sans originalité.
Soyez donc exigeant dans le choix de vos sujets, des articles, des œuvres, donc dans celui de vos collaborateurs.
Vous devrez veiller à l'équilibre des différentes rubriques, de leur longueur, de leur ton, à l'ordre dans lequel elles sont placées, dont dépend le rythme de la
revue. Regardez comment sont composées les publications existantes et posez-vous des questions : y aura-t-il un édito ? quel genre ? de la publicité, et si oui, dans quelle proportion ? des services aux lecteurs, comme les petites annonces ?
Il convient en particulier de s'interroger sur la présence d'une rubrique « Courrier des lecteurs ». La correspondance qu'on reçoit en tant que revuiste est parfois d'une telle richesse humaine qu'il serait dommage de ne pas la faire partager. La publication d'extraits de lettres permet de maintenir un lien avec le lecteur, de le laisser s'exprimer, faire des suggestions, ouvrir des débats.
Prévoyez des articles de fond, des dossiers, des interviews..., il faut avoir de la matière pour plusieurs numéros d'avance, pour ne pas devoir intégrer de mauvais textes à la hâte, et faire du remplissage pour le bouclage.
d/ La périodicité. — L'enthousiasme de la création incite souvent à surestimer ses capacités. Dans un premier temps, le journal est édité tous les mois. Puis les parutions s'amenuisent. Ne pas respecter un rythme régulier est néfaste : les collaborateurs sont de moins en moins motivés, vous n'arrivez pas à fidéliser les lecteurs et les éventuels annonceurs douteront de la crédibilité et du sérieux de votre revue.
Au lancement, il vaut mieux prévoir un rythme prudent, que l'on est sûr de pouvoir tenir. La majorité des revues adoptent la parution trimestrielle. Elle est moins contraignante. Elle permet encore de bénéficier d'un numéro de CPPAP.
Les périodicités les plus fréquemment retenues sont les suivantes :
— le quotidien;
— le bi- ou tri-hebdomadaire (paraît deux ou trois fois par semaine) ;
— l'hebdomadaire ;
— le bimensuel (deux fois par mois ; souffre dans l'esprit du public d'une confusion avec le bimestriel) ;
— le mensuel (sur 12 ou 11 livraisons avec numéro double en été) ;
— le bimestriel (tous les deux mois, cf. bimensuel, sur 6 ou 5 livraisons avec numéro double en été) ;
— le trimestriel ;
— le quadrimestriel (tous les quatre mois) ;
— le semestriel (ou bi-annuel) ;
— l'annuel (revue de prestige).
Une revue, La Bougie du Sapeur, sort même tous les 29 février, soit une fois tous les quatre ans !
Il existe aussi quelques revues apériodiques, du genre La Lettre de..., paraissant au gré de l'humeur de leur rédacteur ; elles sont gratuites ou ne comptent que peu d'abonnés.
e/ Le tirage. — Le tirage est étroitement lié au public que vous visez, aux résultats de votre prospection ou à vos prévisions de ventes et d'abonnements. Sans vouloir comparer une revue culturelle à un pur produit de grande consommation, vous devrez néanmoins effectuer une petite « étude de marché ». Vous avez besoin de savoir où vous allez. En outre, comment fixer le prix public de la revue sans avoir une idée raisonnable des ventes, sans prévoir les rentrées financières ?
Au début, vous aurez naturellement tendance à surestimer les chiffres prévisionnels de diffusion et à fixer de trop forts tirages. Les invendus vont s'accumuler et devenir vite difficiles à stocker. Il faudra les jeter ou pilonner. Même si les exemplaires supplémentaires sont d'un coût de réalisation bien moindre (tarifs dégressifs selon la quantité) une production excessive représente une dépense inutile.
Ne voyez donc pas trop grand. Etablissez votre chiffre de tirage le plus précisément possible, prévoyez quelques exemplaires en plus pour les dépôts légaux, les justificatifs, les archives, les demandes de subvention, et une petite marge de manœuvre.
N'oubliez pas le service de presse (SP) dont le nombre et le choix seront minutieusement étudiés au départ, puis constamment réajustés en fonction des
résultats. Un arrosage systématique ne sert à rien. On estime qu'une revue n'a pas rempli ses objectifs de diffusion quand le nombre de SP dépasse celui des ventes effectives.
A consulter éventuellement :
- piaf.culture.fr
- aeres.asso.fr
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