histoire de Lyon

Réponse de la Documentation Lyon et Rhône-Alpes

La rue de Savoie relie la rue Montcharmont au quai des Célestins, à deux pas du théâtre actuel.
L’ouvrage Lyon pas à pas donne les premiers renseignements sur l’origine du nom de la rue, liée à l’histoire du quartier des Célestins. «(…) l’ancien domaine des Templiers a été attribué en partie à la maison de Savoie au XIIIe siècle. Lors de la transformation du monastère à la fin du XVIIIe siècle, on créa cette rue, qui, (…), reçu le nom de ceux qui en permirent au départ la réalisation ».

Dans Lyon et ses rues, il est mentionné : « à cause de la Maison de Savoie qui, ayant acquis des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem ou de Malte l’ancien domaine des Templiers, en fit don, au XVe siècle, aux Célestins, et le recouvra au XVIIIe siècle, après la disparition de cet ordre ».
En complément, l’ouvrage retrace l’évolution historique du quartier. « Le premier établissement important qu’on y trouve fut celui des Templiers. (…) [L’ordre étant] supprimé en 1312 à la requête du roi Philippe IV le Bel, une partie de ses possessions revint aux chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem. A Lyon, on peut voir encore « la porte des Templiers » qui donnait accès à leur domaine, au bout de la rue du même nom et au coin de la place Antonin Gourju (ancien « Port du Roi »). Les chevaliers de Saint-Jean, ou « Hospitaliers » - à cause de l’hôpital de Jérusalem qu’ils occupaient à l’origine – s’appelèrent ensuite chevaliers de Rhodes, puis (1530) de Malte. Dans notre région, leur principal établissement était la commanderie de Saint-Georges, siège à la fois du baillage de Lyon et du grand-prieuré d’Auvergne. Les Hospitaliers cédèrent l’ancien domaine des Templiers aux comtes de Savoie qui en firent don aux religieux Célestins.

Acquis par le comte Amédée V de Savoie, le terrain fut remis, le 22 février 1407, aux Célestins, par le duc Amédée VIII qui fut pape sous le nom de Félix V. Le monastère connut bien des vicissitudes. Il brûla en 1501 et en 1744 ; le baron des Adrets le ravagea en 1562. (…). L’ordre des Célestins ayant été sécularisé en 1779, ses biens furent réunis à ceux du Clergé par l’archevêque Antoine de Montazet. Mais le roi de Sardaigne et prince de Piémont, Victor-Amédée II de Savoie, en réclama la propriété comme héritier du donataire de 1407. Il obtint gain de cause en 1784 et vendit aussitôt l’ensemble à un entrepreneur (Devouge) au prix d’un million et demi de livres (1785)".

La lecture des numéros de Rive gauche sur les Templiers, ordre monastique et militaire créé en 1119, complète l’histoire du quartier. L’article de H. Cogoluenhes évoque la création de la commanderie de Lyon, bâtie au début du XIIIe siècle, « en presqu’île sous les actuels emplacements du théâtre et de la place des Célestins, sur un tènement aliéné par l’abbaye d’Ainay ». (…).
C’est à partir de la fin de l’année 1307 que les troupes royales de Philippe-le-Bel ont ordre d’arrêter les Templiers. « Le 13 octobre, dès six heures du matin, les gens du roi se présentaient au portail du Temple de Lyon, sous le prétexte d’effectuer un simple inventaire. Ils ne purent arrêter qu’un petit nombre de personnes : les plus élevés en grade. Car, en bons militaires, les Templiers savaient encore « sauter le mur ». (…)

Enquête et pourparlers ont lieu durant les années suivantes, opposant le Roi et l’Eglise. Le 15 octobre 1311, le pape Clément V ouvre la première session d’un long concile qui aboutit à la suppression de l’Ordre du Temple (bulle « Vox Clamantis in Excelso du 3 avril 1312). « Et, le 20 mai, par la bulle « Ad Providam Christi Vicarii », le pape attribuait les biens fonciers du Temple aux Frères Hospitaliers, récemment surnommés Chevaliers de Rhodes ». (…).

A Lyon, la commanderie de notre quartier Saint Georges fut assez vite embarrassée du domaine du Temple. Les locaux étaient en mauvais état (…). Légataires inattendus, les Chevaliers de Rhodes devaient, d’ailleurs, rembourser au Trésor royal une partie des lourds frais de « confiscation provisoire ». Aussi, le 15 janvier 1315, le commandeur vendait cette terre au Comte de Savoie, Amédée V. Une partie de la transaction fut réglée en rentes terriennes à la Verpillère et à Fallavier. Dûment restauré, l’ancien logis templier devint donc Palais Comtal. Son souvenir reste mémorisé par notre sombre rue de Savoie.

Fin février 1407, un autre comte, Amédée VIII, légua tout le domaine aux religieux Célestins (fils spirituels du Saint Pape Célestins V) qui y bâtirent [vers 1410] un monastère dont la grandiose façade ouvrait sur la Saône ses 67 fenêtres".