La langue Romani*
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 11/10/2004 à 19h45
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Question d'origine :
Bonsoir,
Passionée par la culture et la langue des Tsiganes,je désires connaître les ouvrages sur la langue romani,que je pourrais éventuellement emprunter à BML;
Je vous remercie.
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 12/10/2004 à 09h53
« Les Tsiganes, appelée aussi Romani, Rom, Bohémiens, etc., forment un peuple indo-européen d’origine indienne. Il s’agit des Kshattriyas qui, venus du nord de l’Inde, sont arrivés en Grèce au IXe siècle. Puis, au XIIIe siècle, les Rajputs les ont rejoints. Ensemble, ils ont formé la Romani Cel – le peuple tsigane – d'où leur surnom de «Romanichels», mais ils se nomment eux-mêmes Romané Chavé «fils de Ram» (héros de l'épopée indienne Ramanaya).
Comme les Tsiganes n’ont pas d’État propre, ils sont dispersés non seulement à travers l’Europe mais aussi dans toute l'Amérique. Bien qu'il n'existe aucun recensement officiel, on estime que le nombre de Tsiganes serait d'environ 120 millions de personnes dans le monde en comptant ceux de l'Inde ; ils habitent sur tous les continents, de l'Argentine à l'Australie en passant par la Sibérie et le Canada. Les estimations disponibles évaluent à près de deux millions leur nombre dans l'Union européenne, avec une forte disparité selon les pays, mais les Tsiganes sont beaucoup plus nombreux dans les anciens pays de l'Est (environ huit millions). L'Europe totaliserait donc 10 millions de Tsiganes, ce qui représenterait 85 % de la population estimée à environ 12 millions, à l'exception de l'Inde où les Tsiganes devraient être de plus de 100 millions. Avant la Seconde Guerre mondiale, on comptait approximativement 25 millions de Tsiganes dispersés à travers toute l'Europe, dont 10 millions seulement se reconnaissaient officiellement comme Tsiganes.
Il est beaucoup plus difficile d'évaluer le nombre des locuteurs de la langue tsigane. En effet, il n'existe pas de statistiques précises à ce sujet, et l'on doit se fier à des approximations. Il en résulte que toute estimation ne peut se révéler que partiale et suspecte. Par exemple, en ne tenant compte que des Tsiganes d'Europe et de l'Amérique, certains linguistes croient que les deux tiers des Tsiganes parleraient encore une forme de leur langue ancestrale, ce qui signifierait huit millions de tsiganophones. Pour sa part, le Summer Institute of Linguistics du Texas évalue le nombre des tsiganophones à 1,5 millions de locuteurs. En 1989, l'Union soviétique les estimait à 202 810. Quant à l'Unesco, elle affirmait en 2002 que le tsigane était une langue en danger d'extinction. En somme, on peut croire que la plupart des Tsiganes auraient perdu l’usage de leur langue ancestrale et se seraient assimilés dans leur pays d’accueil.
Quoi qu'il en soit, les tsiganophones habitent surtout la Bosnie-Herzégovine, la Roumanie, la Pologne, la Hongrie, l’Albanie, la Grèce, la Slovaquie, l’Ukraine, le Portugal, l’Espagne, la Norvège, la Suède, la France, les Pays-Bas, l’Italie et l’Allemagne. On distingue le tsigane des Balkans (Pologne), le tsigane des Carpates (République tchèque), le tsigane finnois (Finlande), le tsigane sinté (Serbie), le tsigane gallois (pays de Galles), le tsigane valaque (Roumanie), le tsigane gréco-turc, etc. Si les locuteurs du tsigane sont peu nombreux (environ 1,5 million de locuteurs), les Tsiganes eux-mêmes sont beaucoup plus nombreux, probablement plus de 10 millions.
La langue romani ou tsigane reste l’unique représentante européenne du groupe indo-iranien appartenant à la famille indo-européenne. Le romani a préservé en grande partie l'héritage des langues de l'Inde du Nord, plus particulièrement le hindi et le rajasthani dont il a en commun 60 % du vocabulaire de base. Enfin, le romani ou tsigane est parfois considéré comme appartenant au sous-groupe indien ou même comme une troisième branche indo-iranienne avec comme seule langue le tsigane. Bien que la langue des Tsiganes puise son origine dans le sanskrit et d'autres langues du nord de l'Inde, elle s'est fragmentée en de multiples variétés dialectales enrichies de termes persans, arméniens, grecs, slaves ou roumains; depuis quelques décennies, des racines anglo-saxonnes ont imprégné le vocabulaire moderne, technique et scientifique. Les variétés tsiganes de l'Europe de l'Est ont conservé la grammaire indienne ainsi qu'un bon fonds lexical d'origine sanskrite. Cependant, les variétés tsiganes de l'Ouest se sont créolisés pour devenir l'anglo-romani (anglicisé), le manouche (germanisé), le sinto italien, le calo (hispanisé), etc. De façon générale, les jeunes générations semblent abandonner progressivement la langue ancestrale, ce qui peut être ressentie comme une perte de l'identité tsigane. Depuis quelque temps, la langue a été dotée d'un alphabet et fait l'objet d'une standardisation ».
source : Trésor de la Langue française au Québec (Université Laval, ville de Québec).
A la Bibliothèque de Lyon, vous pouvez consulter notamment :
* C.J. Popp Serboianu : Les tsiganes, histoire, ethnographie, linguistique, grammaire, dictionnaire.
* Georges Calvet : Dictionnaire tsigane-français : dialecte kalderash.
* Vania de Gila-Kochanowski : Parlons tsigane : histoire, culture et langue du peuple tsigane.
* Robert Sailley : Vocabulaire fondamental du tsigane d'Europe.
* et consulter la revue « Etudes tsiganes», egalement consultable sur leur site internet.
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