siege de Lyon 1792 et les Muscadins
LYON, MÉTROPOLE ET RÉGION
+ DE 2 ANS
Le 22/09/2007 à 16h08
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Question d'origine :
Concernant l'affaire des Muscadins en 1792, pouvez-vous me dire si cela est fondé et s'il est possible d'avoir de plus amples informations à ce sujet?
Merci
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 24/09/2007 à 09h34
Bonjour,
Faites-vous allusion aux massacres des troupes de Précy par les habitants de Theizé lors du siège de Lyon de 1793 ?
En deux mots, un rappel des faits : juste avant l’investissement de Lyon par les troupes de la Convention fin 1793 (« Le siège de Lyon dura du 9 août au 9 octobre 1793. Il fut mené par l'armée du camp devant Lyon, issue de l'armée des Alpes, pour reprendre la ville insurgée contre la Convention Montagnarde », (source : wikipedia), un groupe d’insurgés mené par le général de Précy quitte Lyon par Vaise, avec l’intention de gagner la Suisse. On appelait alors les riches lyonnais des muscadins (entre autres origines à ce terme, les parfums dont ils se paraient pourraient justifier cette désignation ) : le groupe d'insurgés de Précy est constitués de ces muscadins, emportant avec eux l'essentiel de leur richesse dans l'espoir de trouver refuge chez leurs voisins hélvétiques.
La troupe de Précy, forte d’un millier d’hommes environ, est rapidement rattrapée par l’armée régulière dans les Monts d’Or ; au terme de la bataille qu’elle est contrainte de livrer, la troupe parvient à se défaire de ses poursuivants, mais se trouve réduite de moitié, et surtout, désorganisée. Finalement, le groupe se scinde en deux à hauteur de Les Chères, et tandis qu’une partie d’entre eux continue vers Trévoux dans l’intention de traverser la Saône pour gagner la Suisse comme convenu, le reste du groupe, mené par de Précy, se réfugie dans les bois d’Alix, tout proche. Bien leur en pris, car le premier groupe, avant la fin du jour, essuie un nouvel accrochage avec les troupes conventionnelles. Les quelques survivants se replient sur les bois d’Alix, mais pris en étaux entre l’armée régulière et les paysans de la région, ils sont finalement taillés en pièces.
Pour la troupe de Précy, une longue traque a commencé. Après une nuit qu’on devine agitée, ils vont errer toute la journée de Theizé jusqu’à St-Romain de Popey, où ils seront finalement massacrés par les hussards et les paysans. Le général parvient malgré tout à s’enfuir et à gagner la Suisse.
Les plus féroces échauffourées entre les fuyards et les paysans revanchards se déroulèrent à Bourland, vers la chapelle saint Hyppolite, mais surtout à la lisière de la commune de Theizé, à l’emplacement de ce qu’on appelle aujourd’hui le Maupas. Bien peu de ceux qui s’étaient réfugiés dans les environs survécurent, et les habitants de Theizé qui participèrent au combat observèrent, sur les évènements, un silence que la suite nous fait qualifier de coupable ; qu’on en juge : les familles de ceux qui avaient participé firent rapidement état d’une richesse aussi soudaine qu’inexplicable, et aux cours des années qui suivirent, de grosses maisons en pierre dorées fleurirent un peu partout dans le village. Personne n’osa accuser les habitants de Theizé d’avoir massacré les muscadins pour s’approprier leur richesse, mais on les affubla quand même du sobriquet de « muscadins de Theizé » Dans le village, on n’aborde pas facilement le sujet, et même, on raconte qu’en 1909, un feuilletoniste qui s’était inspiré de cette anecdote historique cessa brutalement la parution de son roman, sous la pression, dit-on, des familles de muscadins de Theizé.
Si c’est bien à cet évènement que vous faites allusion, sachez qu’un mémoire de maîtrise lui a été consacré, soutenu en 1994 à l’université de Lyon II. Ce mémoire a fait l’objet d’une publication aux editions du Poutan, sous le titre Les Muscadins de Theizé, histoire et mémoire, de Jacques Branciard. Vous pouvez consulter cet ouvrage en salle de documentation régionale à la bibliothèque municipale de Lyon. Nous vous renvoyons notamment à sa bibliographie, si vous souhaitiez approfondir le sujet.
Note : une présentation très complète de ce travail est disponible en ligne à l’adresse suivante : http://muscadins.free.fr/
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