Question d'origine :
J'ai commencé à lire un livre sur le feng shui dans lequel il présente brievement une certaine symbolique du dragon, aussi je me pose la question :
Quel est la symbolique du dragon dans toutes les cultures ? chinoise, celte, ...
Réponse du Guichet
bml_chin
- Département : Fonds Chinois
Le 05/10/2004 à 08h56
Les interprétations du dragon chinois sont multiples, mais on peut dire qu'il est le symbole de la puissance impériale, donc du bien, et celui de fécondité car il est le maître de la pluie.
A partir de la création de l’empire chinois – soit deux siècles avant notre ère – et presque jusqu’à la fin de celui-ci, le dragon sera le symbole de l’empereur, et à ce titre ne pourra en aucun cas être utilisé par le peuple.
La reproduction illustrée de dragons dans certaines éditions attestant d’ailleurs de leurs origines impériales.
Le 5ème jour du 5ème mois lunaire, la Chine honore les dragons avec la Fête du dragon (duanwu jie), fête à qui l’on attribue plusieurs origines, mais dont la première serait un hommage au dragon, autrefois animal mythique vénéré.
Voyons une partie de la littérature disponible consacrée à ce sujet :
Henri Doré dans sa somme intitulée Recherches sur les superstitions en Chine : les pratiques supertitieuses 1ère partie, Tome II, n° 4, p. 449 et suivantes donne les caractères distinctifs du dragon :
1 Ses cornes sont semblables à celles du cerf
2 Sa tête est celle du chameau
3 Il a les yeux du diable
4 Il a un col de serpent
5 Il a des viscères de tortue
6 Ses serres sont comparables à celles du vautour
7 La plante de son pied est identique à celle du tigre
8 Sa tête est coiffée de deux oreilles de bœuf
9 C’est par ses cornes qu’il perçoit les sons ; ses oreilles sont privées de toute faculté auditive
Suit une classification des dragons très élaborée.
Dans le texte de préface de l’ouvrage remarquable et très complet de Li Xiaohong : Céleste dragon : genèse de l'iconographie du dragon chinois dont nous vous conseillons la consultation pour ses très riches illustrations, le professeur Léon Vandermeersch indique, entre autres et après avoir évoqué la figure du dragon en Occident :
[…] En Chine […], le dragon est la plus faste, la plus bienfaisante, la plus tutélaire de toutes les créatures. Les Chinois en ont fait le patron de toute la descendance des empereurs Tan et Huang, c'est-à-dire de leur propre race. A l’époque de Confucius, l’historiographe du duc Zhao de Lu gardait encore mémoire des temps heureux où les empereurs de l’âge d’or entretenaient des élevages de dragons qu’ils attachaient à leur char pour monter au ciel ou parcourir les quatre orients. […] Passant du fond des eaux aux cimes du ciel, maître des nuages et de la pluie, le dragon contrôle les fleuves et les mers, le tonnerre et la foudre. C’est lui qui garde la haute main sur les grands cataclysmes, et que l’on prie pour arrêter les inondations ou pour mettre fin à la sécheresse. En dehors de ces désordres météorologiques, – qui sont les répercussions sur le cours de la nature, qu’ils dérèglent, des extravagances des hommes – le dragon distribue pluies et rosées bienfaisantes, qui nourrissent la terre et assurent aux hommes, avec de bonnes moissons, la prospérité et la paix.
Dans l’ouvrage de Marcel Granet La pensée chinoise, l’auteur cite et indique dans le deuxième chapitre intitulé Le yin et le yang :
« Un (aspect de) dragon, un (aspect de) serpent ! » s’écrie Tchouang Tseu, quand il veut donner la formule d’une vie bien réglée ; nul ne peut se soustraire à la loi universelle du rythme : le Sage sait se plier à un régime alterné fait d’activité libérée et de retraite restauratrice. Ce régime est celui que suivaient les anciens Chinois, leur vie sociale étant commandée par un besoin périodique de réfection. Les mythes imposaient le même régime aux dragons ainsi qu’aux faisans : aussi le faisan pouvait-il fournir aux hommes des signaux d’actions et le dragon des conseils de sagesse.
Dans l’ouvrage intitulé La Chine ancienne : pays du dragon céleste, on trouve une interprétation cosmographique de l’origine du dragon chinois, voir la chapitre intitulé : Le Yin-Yang et les cinq éléments :
Le dragon bleu, en vérité, n’est pas tout à fait un animal mythique. Il était bien visible puisqu’il apparaissait dans le ciel nocturne sous forme de constellation. A l’époque où l’on a systématisé les mythes chinois, la constellation du Dragon apparaissait dans le ciel à partir de mars. C’est probablement pourquoi le dragon a été associé au printemps et à l’est. Le tigre, par contraste, l’était à l’automne et à l’ouest.
Dans l’ouvrage Harmoniser le yin et le yang : le traité du dragon et tigre, Eva Wong écrit dans son texte d’introduction à propos de ce traité qui est un classique de l’alchimie taoïste :
[…] Le tigre est le plomb, et le plomb est l’essence génératrice masculine cachée au sein du féminin […] Le dragon représente le mercure et le cinabre. Le mercure est l’énergie liquide cachée au sein du masculin […] Dans le Traité du dragon et du tigre, l’union du tigre et dragon fait référence à l’union du masculin au sein du féminin (le tigre ou le plomb), avec le féminin au sein du masculin (le dragon, ou le mercure/cinabre).
Jean-Pierre Diény dans Le Symbolisme du dragon dans la Chine antique n’aborde pas les origines du dragon mais livre de nombreuses citations où il figure.
Enfin, pour une approche plus générale et ne concernant pas la Chine, mais l’Orient, voyez Serpents et dragons en Eurasie / publié par la Société des études euro-asiatiques.
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