Question d'origine :
Bonjour,
Tout d'abord, merci de mettre en ligne votre service.
Voici ma question :
Au XVIII e siècle, dans le Bugey aux alentours de Belley, on retrouve dans les registres d'Etat Civil beaucoup d'actes mentionnant les hôpitaux de Lyon, ou bien des enfants de Lyon en nourrice dans le Bugey.
Pouvez vous me préciser l'origine de cette relation et me donner quelques éléments d'information supplémentaires ?
Merci d'avance et cordialement.
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 05/10/2004 à 08h49
Dans la société d'Ancien Régime, la mise en nourrice des enfants était un phénomène ancien. Déjà au 14e siècle, un édit fixait la rémunération des nourrices dans la région parisienne
A Lyon, au 18e siècle, l'envoi des nourrissons à la campagne était une pratique courante qui obéissait à des raisons différentes selon les catégories sociales. Souci de "bon air" dans les classes privilégiées ; impératif d'ordre économique par exemple pour les ouvrières de la "Fabrique lyonnaise" aux ressources très précaires
Aux nouveaux-nés amenés par leurs parents s'ajoutaient tous les enfants dont les hôpitaux de Lyon (Hôtel-Dieu, Charité) avaient la charge : enfants abandonnés, "exposés", orphelins... Ne pouvant les garder tous à Lyon, les recteurs de l'Hôtel-Dieu choisirent de les placer à la campagne.
Pendant la 1ère moitié du 18e siècle, ce furent d'abord les paroisses du Lyonnais qui accueillirent les enfants de l'Hôtel-Dieu de Lyon. Dans la seconde moitié du 18e siècle, c'est le Bugey qui devint leur principale terre d'accueil. En raison de l'augmentation du nombre d'enfants trouvés (crise économique, misère), les recteurs de l'Hôtel-Dieu cherchèrent à étendre leur aire géographique de placement. Ils choisirent aussi des régions rurales de grande pauvreté (Bugey, Vivarais) : c'était pour les paysans un complément de ressources appréciable
Dans son étude : Lyon et les Lyonnais au XVIIIe siècle, Maurice Garden présente avec beaucoup de détails, chiffres, tableaux...le problème des enfants lyonnais mis en nourrice et leur tragique sort
En effet, en raison du voyage de Lyon à la campagne toujours plus long, du climat rude, des conditions de vie précaires, beaucoup de nourrissons ne survivaient pas. D'après Maurice Garden, plus de 60% des enfants placés par les hôpitaux de Lyon en Bugey, mourraient avant un an, dans les années 1750-1770
C'est à partir de cette époque qu'apparaissent dans les registres paroissiaux du Valromey notamment, les mentions : "nourrisson de l'Hôpital de Lyon" ou "nourrisson de l'Hôtel-Dieu", "nourrisson de Lyon" dans la rubrique des décès
Pour en savoir plus sur cette triste histoire, vous pourriez lire également :
- La terrible histoire des enfants des Hospices de Lyon en nourrice dans le Valromey : article d'Hélène et Paul Perceveaux
- Histoire de l'Hôpital de la Charité de Lyon
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