salaire universel*
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 29/09/2004 à 12h52
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Question d'origine :
bonjour,
J'aimerai savoir à quoi correspond l'idée de certains économistes de créer un salaire universel?
Merci
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 30/09/2004 à 12h44
Bernard Friot, professeur de sociologie et économiste à l'Université Paris X, a conduit de nombreuses études et rapports sur le salaire universel dont il est un des spécialistes français. Dans cet article sur le salaire universel, il en donne la définition suivante :
Le salaire universel est un salaire payé par les employeurs et non pas une allocation versée par l’État. Ce salaire est universel : non seulement il est distribué à tous, mais il représente toute la valeur ajoutée car il finance aussi l’investissement. L’universalisation du salaire est dans le droit fil de sa socialisation.
La manifestation institutionnelle de la socialisation du salaire (principe selon lequel les salaires sont fiscalisés à des fins de reversion pour la protection sociale), qui a conduit au versement des pensions de retraite et de l'allocation chômage, est un mouvement inachevé. Dans sa conception théorique, le salaire socialisé doit s'appliquer à tous, indépendamment de la notion de travail. Le salaire doit devenir inaliénable de la fin de la scolarité à la mort : un pré-salaire forfaitaire égal au SMIC, devenu prestation sociale de base, jusqu’au premier emploi, puis un salaire à la qualification, sans perte entre deux emplois, jusqu’au dernier emploi, continué dans un postsalaire jusqu’à la mort avec une éventuelle décote (comme aujourd’hui). Un salaire inaliénable pour un temps de travail subordonné décroissant, tel est l’horizon de la socialisation du salaire. Il induit entre autre la création d'un salaire pour les jeunes qui serait basé sur le SMIC et d'un salaire constant entre deux périodes d'activité.
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter les autres articles de Bernard Friot sur ce sujet :
* Le salaire socialisé, article paru dans la Revue française des affaires sociales, septembre 2000.
* Un salaire pour les jeunes : le SMIC pour tous avant le premier emploi
* et cette contribution à l’ouvrage du programme " interaction " de la MIRE, mars 1999 : le salaire socialisé qui constitue une critique de l'institutionnalisation du salaire socialisé :
toutes les réformes engagées en matière de financement de la protection sociale depuis le gouvernement Rocard visent à réduire le champ du salaire, c’est-à-dire de la cotisation sociale, au bénéfice de celui de la fiscalité et de l’épargne salariale : CSG et RMI d’un côté, préfinancement des régimes de retraite de l’autre. Le durcissement du lien entre travail et propriété lucrative dans l'épargne salariale d’une part, l’élargissement du champ de la fiscalité redistributive dans les minima sociaux et les " emplois aidés " d’autre part, grignotent le salaire par les deux bouts et travaillent à sa désinstitution, et corrélativement à celle de l’emploi. Au bénéfice d’autres institutions : le patrimoine d’activité et l’allocation fiscale avec leur corollaire, le marché du travail. Or cette désinstitution du salaire au bénéfice d’une tentative d’institution d’un binôme fisco-financier ne peut être, à mon sens, correctement analysée que si l’on tire toutes les conséquences analytiques de la notion de salaire socialisé.
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