Question d'origine :
bonjour, j'aimerais savoir qui sont exactement les Peres de l'eglise, pourquoi les appelle-t-on comme ca, et pourquoi sont-ils disséminés en Grece, ou partout en Europe ??
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 23/09/2004 à 12h32
Père : nom donné à celui qui enseigne l’Ecriture, chez les juifs. Chez les chrétiens, celui qui engendre à la foi [sic], d’abord l’évêque, puis celui qui forme un disciple, chez les Pères des déserts.
Père de l’Eglise : est communément employé pour les écrivains de l’Antiquité chrétienne, qui se sont signalés par l’éclat de leurs doctrines.
N.B. On appelle Pères de l’Eglise les écrivains chrétiens de l’Antiquité jusqu’à Saint Isidore de Séville (mort en 636).
Le bassin méditerranéen : cette mer est une immense voie de communication de l’Orient à l’Occident, de la Grande-Bretagne aux fleuves du Tigre et de l’Euphrate, qui arrosent l’Irak actuel. Un premier axe de Jérusalem à Rome se dédouble : par la Grèce d’un côté, par l’Afrique du Nord, de l’autre. Ce fut la voie de l’évangélisation au Ier siècle.
Un deuxième axe prend, à partir d’Antioche, deux directions opposées : l’une traverse la Cappadoce (la Turquie) et atteint Nisibe et Edesse, l’autre vers l’ouest rejoint le Danube, traverse l’Italie du Nord, gagne Bordeaux et Poitiers, en Gaule. Cette aire est évangélisée au IVe et Ve siècles.
Les écrivains chrétiens de l’Antiquité se situent à l’intérieur de ces réseaux. Les principaux artisans de l’Evangélisation et de la pensée chrétienne écrivent dans les langues usuelles : le grec (Orient), le syriaque (Syrie orientale), le latin (Afrique, Gaule, Italie).
Pour lire les Pères de l'Eglise / Adalbert-G. Hamman
Voilà pourquoi ils sont « disséminés », et que vous pouvez trouver des ouvrages sur les pères grecs, les pères latins ou les auteurs syriaques.
Les Pères de l'Église.01.Du Ier au IVe siècle de Jacques Liébaert et Michel Spanneut approfondit la définition :
Que désigne-t-on par l’expression consacrée : les « Pères de l’Eglise » ? Au sens strict, ce sont les auteurs chrétiens de l’antiquité, clercs et laïcs, qui se sont signalés par la qualité de leur doctrine, le caractère exemplaire de leur vie, l’approbation postérieure de l’Eglise.
En un sens plus large et plus courant, on classe aussi parmi les pères de l’Eglise les autres auteurs chrétiens remarquables des premiers siècles, même si leur vie ou leur doctrine n’ont pas été absolument exemptes de défaillances ou d’erreurs même graves …
L’époque des Pères de l’Eglise s’étend de la seconde moitié du Ier siècle de notre ère (les premiers écrits patristiques sont en effet contemporains d’une partie des écrits du Nouveau testament) jusqu’au VIe siècle en Occident et jusqu’au VIIIe en Orient.
Pour la dénomination de Père, l’ouvrage de Pierre-Emmanuel Dauzat Les Pères de leur mère : essai sur l'esprit de contradiction des Pères de l'Eglise, fait le tour avec humour et érudition de la question :
Curieusement - peut-être pas si curieusement, vu leur généalogie -, la notion de Père de l’Eglise ne correspond à aucune appellation contrôlée, et toux ceux qui méritent le nom de « père » n’ont pas été retenus dans la liste « canonique » des Pères de l’Eglise… Suit un développement sur l’évolution historique de la notion, qui aboutit à, « observe Pierre Hadot, la liste des écrivains ecclésiastiques reconnus comme Père de l’Eglise[…]en général, en Occident : Cyprien, Hilaire, Ambroise, Augustin, Jérôme, Grégoire le Grand, Léon le Grand, Isidore de Séville ; en Orient : Athanase d’Alexandrie, les Cappadociens – c’est-à-dire Basile de Césarée, Grégoire de Nysse et Grégoire de Nazianze -, Cyrille de Jérusalem, Cyrille d’Alexandrie, Jean Chrysostome, et finalement, Jean Damascène ». Tous Pères, parce que tous saints.[…]L’Eglise n’a fait, depuis Vincent de Lérins, que reprendre au moins partiellement l’étrange procédure d’engendrement de la « Sainte Famille du Christ » : c’est toujours post-partum que se décide l’authenticité de la paternité.
Tous ces extraits pour souligner que « qui sont-ils ? » et « pourquoi les appelle-t-on ainsi ? », sont des questions plus délicates qu’il n’y paraît.
Pour conclure, voici deux sites où vous glanerez d’autres informations :
L’un intitulé : Pères de l’Eglise
L’autre est un article de l’encyclopédie de l’Agora, cité ici pour ses liens, dont une base d’information bibliographique en patristique de l’Université Laval, ville de Québec, Canada.
Enfin, une recherche catalogue par mot auteur/titre/sujet : pères Eglise, vous donnera une idée de l’abondante littérature sur le sujet, sans parler des textes des Pères eux-mêmes.
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