Question d'origine :
Tout le monde connaît le sonnet d'Arvers ("Mon âme a son secret"...) Mais je me rappelle en avoir lu deux parodies différentes, bâties sur les mêmes rimes en détournant le sens (Exemple, au vers 8: "Il fallait demander et vous auriez reçu"...). Pourriez-vous retrouver le texte complet de ces parodies?
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 23/09/2004 à 10h30
Félix Arvers (1806-1850) fut l'auteur d'un grand nombre de pièces de théatre qui connurent un grand succès. Son oeuvre fut oubliée à l'exception de son recueil de poèmes : "Mes heures perdues" dont est extrait le sonnet que vous mentionnez.
Il existe de nombreuses parodies de ce poème intitulé "L'amour caché".
"Mon âme a son secret, ma vie a son mystère,
Un amour éternel en un moment conçu :
Le mal est sans espoir, aussi j'ai dû le taire
Et celle qui l'a fait n'en a jamais rien su.
Hélas ! j'aurai passé près d'elle inaperçu,
Toujours à ses côtés, et pourtant solitaire ;
Et j'aurai jusqu'au bout fait mon temps sur la terre,
N'osant rien demander et n'ayant rien reçu.
Pour elle, quoique Dieu l'ait faite douce et tendre
Elle suit son chemin, distraite et sans entendre
Ce murmure d'amour élevé sur ses pas.
A l'austère devoir pieusement fidèle,
Elle dira, lisant ces vers tout remplis d'elle :
«Quelle est donc cette femme?» et ne comprendra pas."
"Mon cher, vous m’amusez quand vous faites mystère
De votre amour immense en un moment conçu.
Vous êtes bien naïf d’avoir voulu le taire,
Avant qu’il ne fût né, je crois que je l’ai su.
Pouvez-vous, m’adorant, passer inaperçu,
Et vivant près de moi, vous sentir solitaire?
De vous il dépendait d’être heureux sur terre :
Il fallait demander, et vous auriez reçu.
Apprenez qu’une femme au cœur épris et tendre
Souffre de suivre ainsi son chemin sans entendre
L’aveu qu’elle espérait trouver à chaque pas.
Forcément au devoir on reste alors fidèle
J’ai compris, vous voyez, ces vers tour remplis d’elle :
C’est vous, mon pauvre ami, qui ne compreniez pas. "
***************************************
"Le palais a ses goûts, l'estomac son mystère ;
Lorsque chaque matin par le Seigneur conçu
L'appétit me revient il faut le faire taire,
Et c'est tant pis pour moi si je ne l'ai pas su.
Le désir de manger s'enfuit, inaperçu,
Quand à défaut de pain, je m'endors, solitaire,
Mieux à deux, elle et moi, c'est là, sur notre terre,
Le plus sûr des bienfaits que nous ayons reçu.
J'aurais voulu m'offrir un filet, rouge et tendre :
Sans bons et francs tickets nul ne veut rien entendre
Du murmure de faim élevé sur ses pas.
A ce jeûne forcé pour demeurer fidèle,
Et puisqu'il faut dormir je chercherai près d'elle
Le Sommeil et l'Amour, si je ne mange pas ! "
***************************************
"Ma ford a son secret, mes pneus ont leur mystère.
Par un brusque freinage, en un moment conçu,
J'ai failli déraper, aussi j'ai dû me taire;
Celle que j'épargnai n'en a jamais rien su.
Hélas! je croyais bien passé inaperçu,
ayant stoppé dans un carrefour solitaire,
mais un agent survint s'élançant ventre à terre,
m'infligeant une amende et m'en donnant reçu.
Pour elle, quoique Dieu l'ai faite agile et tendre,
Elle m'aurait frôlé, distraite, et sans entendre,
Le coup de frein brutal qui protégea ses pas.
Au journal du matin pieusement fidèle,
Elle dira, ce fait tout remplie d'elle :
"Quel est donc ce chauffard?" et ne comprendra pas."
Sources :
- Toute la poésie
- Site personnel
- Forum-auto.com
Vous retrouverez de nombreux autres pastiches et parodies littéraires dans ces ouvrages de la Bibliothèque municipale de Lyon.
DANS NOS COLLECTIONS :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter