Question d'origine :
j'aimerai savoir la difference entre racisme, xenephobie, antisemitisme.
la difference entre crime de guerre, criminel de guerre, genocidaire, bavure de guerre, je pense qu'il ya crime dans tout les cas.
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 24/02/2007 à 09h48
Vous pouvez bien sûr sur ces notions consulter un petit dictionnaire, Larousse, Robert ou autres qui vous donnera des définitions très simples mais qui ne vous permettront peut-être pas de déterminer les nuances et différences entre notions. Nous avons donc choisi de vous proposer une réponse complète , un peu complexe aussi, mais ces notions le sont.
1/ ETYMOLOGIE
Nom de formation savante formé à partir de deux termes grecs :
- "xénos" qui signifie "étranger"
- "phobos" qui signifie "crainte"
D'après son étymologie, ce mot signifie donc "crainte des étrangers ".
2/ DEFINITION
Le mot "xénophobie" désigne une hostilité systématique à l'égard des étrangers.
Site de l’académie d’Orléans
La xénophobie désigne les sentiments de crainte, de peur, d'hostilité, de haine de celui qui est perçu comme étant étranger, c'est-à-dire extérieur à moi et à mon groupe d'appartenance, et qui est vu comme menaçant un équilibre, une harmonie locale. Ces sentiments apparaissent souvent dans un contexte de crise économique ou de rencontre de cultures.
La xénophobie devient du racisme quand on attribue à la personne ou au groupe étranger des caractères stigmatisants qui sont utilisés pour justifier des actes de discrimination et/ou de violence.
le site d’info pour les ados
Vous trouverez sur le site du Conseil de l’Europe un manuel pour la pratique de l’éducation aux droits de l’homme avec les jeunes qui reprend ces différentes notions.
Sur le site de l’ AIDH Association internationale des droits de l’homme, une rubrique « Ce que les mots veulent dire », nous donne quelques définitions
Nouveau Petit Larousse, Paris, 1970.
Petit Larousse illustré, Paris, 1999
Un texte plus détaillé complète ces définitions sommaires
On peut pour complèter consulter l’Encyclopédie Universalis version électronique l’Encyclopédie Universalis version électronique
Il n'est pas aisé de donner du racisme une définition qui fasse l'unanimité. C'est pour le moins étonnant à propos d'un sujet abordé tant de fois et de tant de manières. On comprend les raisons de cette difficulté lorsqu'on s'avise que la base du racisme, c'est-à-dire le concept de race pure appliqué aux hommes, est mal définie et qu'il est pratiquement impossible de lui découvrir un objet bien délimité. D'autre part, le racisme n'est pas une théorie scientifique, mais un ensemble d'opinions, peu cohérentes par surcroît. De plus, ces opinions, loin de découler de constats objectifs, extérieurs à celui qui les exprime, sont la justification d'attitudes et d'actes, eux-mêmes motivés par la peur d'autrui et le désir de l'agresser, afin de se rassurer et de s'affirmer à son détriment. Enfin, le racisme apparaît comme le cas particulier d'une conduite plus générale : l'utilisation de différences biologiques, mais qui pourraient être psychologiques ou culturelles, réelles ou imaginaires. Il y a donc une fonction du racisme. Il résulte de tout cela que le racisme est la valorisation, généralisée et définitive, de différences biologiques, réelles ou imaginaires, au profit de l'accusateur et au détriment de sa victime, afin de justifier une agression.
Extrait de l'article d'Albert Memmi
Doctrine raciste manifestant une hostilité complète vis-à-vis des juifs Dictionnaire de l’Encyclopédie Universalis
L'antisémitisme constitue probablement la forme la plus complexe du racisme. Il s'en distingue par la spécificité de son objet: les Juifs en sont ses seules victimes. L'antisémitisme s'est transformé dans l'Histoire. D'abord religieux, il est anti-judaïque: on attribue aux Juifs la responsabilité criminelle de la mort de Jésus. Ils sont alors nommés peuple déicide et perfide. L'antisémitisme obscurcit ensuite son inspiration par l'ajout de considérations économiques. Le discours antisémite dénonce successivement le peuple de l'usure puis celui des banquiers. L'image du "Juif riche", de la "finance juive" cosmopolite, sans frontière et sans patrie, alimente l'antisémitisme moderne. Celui-ci voit naître en France "l'affaire Dreyfus" (1894-1906) et, par réaction, le mouvement juif d'émancipation nationale, le sionisme. Dénoncé comme puissant et apatride par la droite nationaliste, le Juif est aussi désigné ultérieurement comme révolutionnaire "judéo-bolchévique". Simultanément l'antisémitisme trouve l'ébauche de sa théorisation scientifique dans les développements des thèses sur l'évolution du XIXe siècle. L'idée de racialiser les Juifs trouve son apogée théorique avec le nazisme (vid. inf.), moment unique dans l'Histoire. La volonté d'anéantir toute présence juive fonde la doctrine nazie.
Extrait du livre de Jacques Tarnero, « Le racisme » sur les pages personnelles de Michel Fingerhut
Nous pouvons revenir au site de l’aidh :
L'antisémitisme peut se définir comme "une hostilité à l'égard des Juifs en tant que groupe religieux ou minorité, s'accompagnant souvent d'une discrimination sociale, économique et politique" 21 - phénomène très répandu au cours de l'histoire de l'Europe, jusque et y compris la période actuelle. Les antisémites ont inventé des histoires de complots prétendument menés par les Juifs - fantasmes qui ont alimenté l'antisémitisme des non-Juifs (la plus scandaleuse de ces inventions ayant été les "Protocoles des Sages de Sion", texte diffamatoire incitant à la violence à l'égard des Juifs, qui circule toujours dans certains pays européens).
Dans le domaine de la guerre le site Acrimed , observatoire des médias, nous propose un lexique où l’on trouve :
Il ne s’agit pas là de définitions officielles, légales, impliquant des sanctions pénales …
Par contre, les concepts de
Reprenons l’Encyclopédie Universalis version électronique
« Atrocités ou délits commis sur des personnes et des biens en violation des lois et usages de la guerre, y compris l'assassinat, les mauvais traitements ou la déportation, pour des travaux forcés ou pour tout autre but, des populations civiles dans les territoires occupés, l'assassinat ou les mauvais traitements des prisonniers de guerre ou des personnes en mer, l'exécution des otages, le pillage des biens publics ou privés, la destruction sans motif des villes et des villages ou la dévastation que ne justifie pas la nécessité militaire. » Telle est la définition donnée par le statut du tribunal militaire international de Nuremberg annexé à l'accord de Londres du 8 août 1945 ; cette définition fut appliquée aux procès de Nuremberg et de Tokyo dès la capitulation des pays de l'Axe.
Par extension, on a parfois appliqué le terme à des actes commis en temps de guerre et qu'un des belligérants considère comme criminels : trahison, espionnage. Ainsi, dans le mémorandum du 27 mai 1949 rédigé à l'intention de la Commission du droit international, le secrétaire général des Nations unies rappelle que, parmi les crimes dits crimes de guerre, « la trahison, notamment celle que l'on qualifie d'espionnage, constitue l'exemple le plus ancien des crimes de guerre » ; soulignant l'évolution des conceptions depuis la doctrine qui prévalait au XVIIIe siècle en la matière, il précise : « Aujourd'hui, on entend surtout par crimes de guerre les infractions aux dispositions [...] des conventions de La Haye (1899 et 1907) et de Genève (1949) et d'autres traités généraux. »
Extrait de l’article rédigé par Jean Delmas
La notion de crime contre l'humanité répond à des critères établis en droit international. Il convient de les rappeler.
La première définition apparaît dans l'accord de Londres du 8 août 1945 portant statut du Tribunal militaire international (T.M.I.) de Nuremberg. Elle a été interprétée par celui-ci comme un « accessoire » des crimes contre la paix ou des crimes de guerre. En effet, l'article 6 de ce texte affirme : « ...Les actes suivants, ou l'un quelconque d'entre eux, sont des crimes soumis à la juridiction du Tribunal et entraînent une responsabilité individuelle : a) Les crimes contre la paix [...]. b ) Les crimes de guerre [...]. c) Les crimes contre l'humanité : c'est-à-dire l'assassinat, l'extermination, la réduction en esclavage, la déportation, et tout autre acte inhumain commis contre toutes populations civiles, avant ou pendant la guerre ; ou bien les persécutions pour des motifs politiques, raciaux ou religieux, lorsque ces actes ou persécutions, qu'ils aient constitué ou non une violation du droit interne du pays où ils ont été interprétés, ont été commis à la suite de tout crime rentrant dans la compétence du Tribunal, ou en liaison avec ce crime. »
Des dispositions identiques figurent dans le statut du Tribunal de Tokyo du 19 janvier 1946 ainsi que dans la loi numéro 10 du Conseil de contrôle pour l'Allemagne qui a servi de base à la répression des crimes contre l'humanité par les tribunaux allemands.
En dépit d'une jurisprudence interne et internationale étoffée, la notion de crimes contre l'humanité est fréquemment confondue avec celle de génocide ou avec celle de crimes de guerre. Il est vrai aussi qu'une source de confusion particulière réside dans le fait qu'une partie de la doctrine - et le droit positif interne de certains États, dont la France - fait entrer la notion de génocide dans la catégorie des crimes contre l'humanité, alors que le droit international conserve les deux notions distinctes. Le crime de génocide y est codifié par la convention du 9 décembre 1948 relative à sa prévention et à sa répression en vue, précisément, de le distinguer des « crimes contre l'humanité ». Cette définition du génocide a été reprise en 1993 dans les statuts du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie et l'année suivante dans celui du Tribunal pénal international pour le Rwanda (T.P.I.R.), ou encore dans le statut de la Cour pénale internationale (C.P.I.), en 1998. Quant aux crimes de guerre, ils consistent en des violations des lois et coutumes de la guerre codifiées dans les conventions de La Haye (1899 et 1907) et de Genève (1864-1949). Or, précisément, les travaux préparatoires de l'accord de Londres ont bien révélé que ses rédacteurs ne souhaitaient pas en rester à cette catégorie d'infractions et voulaient, en introduisant la nouvelle qualification de crime contre l'humanité, élargir les poursuites pour des actes extrêmement graves qui échappaient à la définition de crimes de guerre, en particulier les actes commis par les nazis contre des Allemands ou des ressortissants de pays alliés de l'Allemagne, et, de surcroît, pas nécessairement au cours du conflit armé. Enfin, la notion a permis, depuis lors, de pallier les carences majeures des quatre conventions de Genève de 1949 relatives au droit international humanitaire qui ne prévoient la répression que des infractions commises au cours d'une guerre internationale.
La quatrième partie de cet article détaille les actes retenus comme crimes contre l’humanité par le statut de la Cour Pénale Internationale.
Extrait de l’article rédigé par Mario Bettati
Nuremberg, acte d'accusation du 8 octobre 1945 : les grands criminels de guerre allemands « s'étaient livrés au génocide délibéré et systématique, c'est-à-dire à l'extermination de groupes raciaux et nationaux parmi la population civile de certains territoires occupés afin de détruire des races ou classes déterminées de populations et de groupes nationaux, raciaux ou religieux ».
Londres, première session de l'Assemblée générale des Nations unies, janvier 1946 : l'Assemblée générale approuve à l'unanimité les principes de droit international reconnus par la cour de Nuremberg et par le statut de cette cour. Deuxième partie de cette même session : l'Assemblée générale explicite ce qu'il convient d'entendre par « génocide ».
Cette explicitation étant devenue loi, en vertu de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide du 9 décembre 1948, il est capital de rappeler, mot à mot, comment les nations définirent ce néologisme. Voici :
« Les parties contractantes,
Considérant que l'Assemblée générale de l'Organisation des Nations Unies, par sa résolution 96 (I) en date du 11 décembre 1946, a déclaré que le génocide est un crime du droit des gens, en contradiction avec l'esprit et les fins des Nations Unies et que le monde civilisé a condamné ;
Reconnaissant qu'à toutes les périodes de l'histoire le génocide a infligé de grandes pertes à l'humanité ;
Convaincues que pour libérer l'humanité d'un fléau aussi odieux la coopération internationale est nécessaire,
Conviennent de ce qui suit :
Article Ier. Les parties contractantes confirment que le génocide, qu'il soit commis en temps de paix ou en temps de guerre, est un crime du droit des gens, qu'elles s'engagent à prévenir et à punir.
Article II. Dans la présente Convention, le génocide s'entend de l'un quelconque des actes ci-après, commis dans l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux comme tel :
- meurtre de membres du groupe ;
- atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe ;
- soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ;
- mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ;
- transfert forcé d'enfants du groupe à un autre groupe.
Article III. Seront punis les actes suivants : le génocide ; l'entente en vue de commettre le génocide ; l'incitation directe et publique à commettre le génocide ; la tentative de génocide ; la complicité dans le génocide.
Article IV. Les personnes ayant commis le génocide ou l'un quelconque des actes énumérés à l'article III seront punies, qu'elles soient des gouvernements, des fonctionnaires ou des particuliers. »
Les quinze articles suivants déterminent l'instrumentalisation juridique du contenu du préambule et des quatre premiers articles de la Convention.
Extrait de l’article rédigé par Louis Sala-Molins
Ces notions sont complexes à appréhender parce qu’elles sont à la fois de l’ordre « du droit et de l’indicible ». Si vous voulez vraiment aller plus loin dans votre réflexion nous vous conseillons de lire en détail les articles de Encyclopédie Universalis cités, à parcourir les bibliographies proposées, à aller visiter les sites conseillés.
Vous concluez votre question par une affirmation apparemment simple et de bon sens : « je pense qu’il y a crime dans tous les cas ».
Nous vous invitons pour aller plus loin là-encore à lire par exemple un petit livre (127 pages) très bien fait qui s’intitule Le refus du sens. Humanité et crime contre l’humanité de José Santuret. Il évoque cette notion de crime. Quelques extraits pour vous donner une idée du contenu…
« En supprimant un individu, on supprime l’humanité qui s’exprimait en lui : de ce point de vue, tout crime appartient au même genre, et tout crime serait un crime contre l’humanité.
Il semblerait qu’il soit impossible de distinguer le crime de guerre et le crime contre l’humanité, et au fond, le crime de droit commun semble bien lui aussi un comportement inhumain, qui porte atteinte à l’humanité de l’homme. Mais il est possible d’aller plus loin, car le statut des victimes dans l’un ou l’autre de ces crimes, est manifestement différent.
Dans le crime de droit commun, c’est l’individu qui est visé, hic et nunc, dans sa particularité, avec son propre corps, ses biens…[…]les mobiles d’un crime peuvent être la jalousie, l’envie, la haine ; et les motifs, ressortissent tous de l’intérêt. […]
Le crime de guerre, on l’a vu, peut résulter de la peur, du désir de la provoquer, d’une erreur d’appréciation, de la hâte d’en finir, ou de la personnalité plus ou moins violente d’un gradé. […] Mais manifestement, la suppression de l’humain en l’homme, du principe qui fait la personne, ce n’est pas ce qui est visé ici.
Dans le crime contre l’humanité, par contre, ce ne serait pas tant l’individu, mais le principe humain qui est visé, une réalité qui transcende tout individu, et déposée en lui. […] . Dans le crime contre l’humanité « La personne est agressée, assassinée, parce qu’elle est née avec telle ou telle origine, caractéristique, couleur de peau, etc. […] Par où le crime contre l’humanité nous atteint tous, nous blesse tous. Car nous sommes tous également innocents de notre naissance. […]Nul n’a le droit de définir quelqu’un de l extérieur, et encore moins d’en tirer des conséquences pour sa vie. En décrétant que certains doivent mourir, par le simple fait qu’ils sont là (sans qu’ils aient commis volontairement la moindre faute), le criminel porte atteinte à tous les hommes, à la condition humaine. »
Lecture à suivre …
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