Question d'origine :
Je cherche un mot qui décrit le fait d'imaginer quelque chose à partir d'une forme, par exemple de voir des figures dans les nuages ou dans un papier peint à motifs géométriques. Cela peut aussi entrainer des peurs, quand on imagine que quelqu'un est caché dans la pénombre alors que ce n'est qu'un vêtement qui est pendu... Cette activité de l'imagination étant très développée pendant l'enfance, ce terme est utilisé en psychologie.
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 15/09/2004 à 14h41
Malgré des recherches approfondies, il ne nous a pas été possible d’identifier un terme précis qui viendrait rendre compte du phénomène que vous décrivez, sauf peut-être celui, insatisfaisant, d’illusion perceptive ou d’illusion visuelle.
Les termes de votre question nous laissent penser qu’elle est plus à interpréter dans le cadre d’un fonctionnement « normal » de la capacité imaginative de l’enfant que dans celui d’une pathologie, maladie mentale ou lésion cérébrale.
Par ailleurs, il s’agirait plus d’une interprétation de la réalité par le biais de perceptions visuelles que d’images mentales s’imposant au sujet, de l’intérieur, si l’on peut dire.
Nous sommes donc conduits à écarter des termes comme auras (images de points, formes géométriques…) perçues par le sujet au moment du déclenchement d’une migraine, hallucinations (dans le cadre d’une psychose) et hallucinations hypnagogiques ou hypnopompiques (fantasmagories qui peuvent survenir au moment de l’endormissement ou du réveil).
Parmi les différents troubles du sommeil identifiés chez l’enfant, le Vocabulaire de psychopédagogie et de psychiatrie de l’enfant repère :
« - l’onirisme : des hallucinations visuelles terrifiantes (hommes, bêtes menaçantes), avec anxiété secondaire, surviennent à l’endormissement ou pendant la nuit. Elles peuvent s’accompagner d’agitation angoissée et d’essai de fuite devant le danger.(…)
- Visions du demi-sommeil : arabesques, images chaotiques, post-images de fatigue, représentations hypnagogiques. (…) »
Mais il n’est pas question, dans ces cas, de support « réel » à toutes ces images.
Cette faculté ludique et poétique de faire surgir tout un monde de représentations à partir d’un petit « morceau » de réalité n’est pas très éloignée de celle en jeu pour un autre des cinq sens, le goût, et immortalisée par le souvenir de Marcel Proust, connu sous le nom de « madeleine de Proust ».
Elle nous rappelle que la perception, la connaissance ne peuvent être appréhendées en dehors des autres fonctions cognitives, comme la mémoire, par exemple.
Des philosophes comme Kant, Bergson ont mis en avant le rôle de l’imagination dans toute perception.
C’est à partir des jeux de taches très en vogue à son époque, et qu’il affectionnait particulièrement, que le psychiatre et neurologue suisse Hermann Rorschach (1884-1922) mit au point le test projectif qui porte son nom.
Aujourd’hui les neurosciences s’intéressent de près aux interactions entre l’imagerie visuelle et les autres fonctions cognitives.
Philippe Meyer dans L’œil et le cerveau p. 95 et seq. : « Les objets ne nous sont pas donnés en tant que tels, ils sont reconnus et reconstruits par un cerveau pourvu de capacités d’analyse, de synthèse et de hiérarchisation. Ce n’est pas l’œil mais le cerveau qui voit. (…) La perception visuelle apparaît versatile, indépendante du réel et fonction d’une décision cérébrale. (…) Comment un cerveau peut-il construire son image, l’image qu’il croit être là mais qui n’est pas réellement là ? (...) »
Quant à la psychanalyse, elle s’intéresse, elle aussi, à ce fonctionnement préconscient du psychisme qui fait que dans certaines circonstances, et soumis à certains affects, le sujet puisse « prendre une chose pour une autre ».
Canard-lapin , Wittgenstein « Investigations philosophiques », reprenant les études de Jastrow sur la subconscience.
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