Question d'origine :
bonjour,
suite a une conversation trés vive, nous nous sommes posés la question suivante:
si quatre philosophes reconnus venaient à passer l'épreuve de philosophie du baccalauréat de façon anonyme, pensez vous que les corrections effectuées en plusieurs points de France, auraient des notes ressemblantes ? Merci
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 11/01/2007 à 16h16
Le Guichet du Savoir a pour vocation de répondre à des questions d'ordre documentaire et non de donner son avis sur une très hypothétique expérience.
Nous pouvons simplement vous expliquer la démarche des correcteurs du baccalauréat de philosophie.
Des réunions d'entente et d'harmonisation sont organisées dans chaque académie afin que les correcteurs du baccalauréat coordonnent leur notation.
En fin de correction, les correcteurs sont réunis à nouveau, toujours par Séries du Baccalauréat, pour qu’ils puissent confronter leurs notes provisoires , et tout particulièrement la répartition de leurs notes : en plus de la note moyenne de l’ensemble du paquet, la note médiane (celle où l’on s’arrête quand on part de la note la plus basse pour remonter jusqu’à la moitié du lot) est significative de l’étalement des notes : elle permet en particulier de repérer des distorsions, d’un lot à l’autre, dans l’attribution des notes basses. Chaque correcteur peut ainsi se situer par rapport à ses Collègues, en tirer des leçons pour revoir une dernière fois telles copies sur lesquelles ils avaient pu hésiter, affiner son échelle de notes (par exemple en n’hésitant plus à relever la note de quelques très bonnes copies).Cette ultime mise au point peut se faire de manière plus efficace grâce à un travail par petits groupes : on s’assure ainsi d’un accord sur des copies qu’on avait eu du mal à apprécier, sur celles qui avaient été notées très sévèrement.
C’est uniquement après la réunion d’harmonisation que les correcteurs enverront au service des Examens du Rectorat leurs notes définitives.
Mais en dehors de la période même du Baccalauréat, dans le courant de l’année scolaire, de plus en plus dans les Académies, sous la responsabilité des IPR, des journées de travail sont organisées pour satisfaire aux exigences d’une véritable formation continue des Professeurs de Philosophie correcteurs au Baccalauréat (c’est-à-dire aujourd’hui de l’ensemble des Professeurs de Philosophie, puisque tous ceux qui enseignent en Classes Terminales de Lycée sont concernés et mobilisés par l’Examen, et que même ceux qui ont une partie de leur service en Classes Préparatoires sont convoqués). Parmi ces journées, décentralisées sur l’ensemble de l’Académie pour qu’un nombre raisonnable de participants permette un travail efficace, certaines peuvent être consacrées à un authentique exercice collectif de correction suivi d’une analyse et d’un échange, toujours à la recherche de ce « sensus communis » évoqué plus haut.
A- l’IPR choisit parmi les archives rectorales du Baccalauréat 4 ou 5 copies des années antérieures en fonction des notes qu’elles avaient obtenues à l’Examen (correspondant aux principaux paliers habituels de notation)
B- les copies, préalablement rendues anonymes, sont distribuées sur place aux participants en début de journée. Chacun corrige individuellement ses copies, les note et rédige pour lui-même une brève appréciation justifiant sa note, comme au Baccalauréat
C- copie par copie les notes mises par les correcteurs sont affichées au tableau et comparées. L’échange et la discussion permettent de repérer les écarts significatifs, de mettre en évidence les « raisons » qui ont pu pousser tel correcteur soit à forcer la note, soit à la diminuer. L’expérience montre que cet « écart » constaté traduit certes une subjectivité dans l’appréciation mais toujours à partir d’une base objective reconnue par l’ensemble des Collègues. Il est significatif d’une plus grande ou moins grande sévérité à l’égard de tel défaut au demeurant indéniable.
D- A partir de là chaque correcteur est amené à discuter avec les autres des critères prioritaires qu’il convient de privilégier dans l’appréciation et la notation d’une copie. Tous sont vite d’accord pour énoncer les critères qui permettent de juger «correcte» une dissertation de philosophie au Baccalauréat. Encore convient-il de se mettre d’accord sur la hiérarchie à reconnaître à ces différents critères, et certains écarts constatés permettent de déceler des distorsions dans cette hiérarchie. De même la discussion peut révéler les raisons d’un écart entre un accord sur un jugement qualitatif («c’est une copie correcte, honnête») et la notation quantitative : quels que soient par ailleurs ses défauts ou ses lacunes, si on juge une copie «correcte» après une année de philosophie en Classe Terminale, la seule note qui est cohérente est : la moyenne (10/20), et non pas la moyenne des notes telle que les statistiques portant sur l’ensemble des copies pour une Académie l’ont retenue pour le dernier Baccalauréat (de 8,5 à 9 ?).
source : ASSOCIATION POUR LA PHILOSOPHIE / Pierre CHOPELIN
Le bilan des réunions d’entente et d’harmonisation mises en place il y a une vingtaine d’années pour améliorer les conditions de la correction du baccalauréat apparaît à la plupart de participants, selon un mot célèbre qu’il faut entendre ici en le dépouillant de toute ironie, même involontaire, comme « globalement positif » : les écarts de note ont dans l’ensemble très sensiblement diminué, les discussions entre correcteurs sont devenues plus efficaces et plus sereines, chacun peut mesurer lui-même comment sa propre notation a pu, sous certains de ses aspects, se modifier grâce à l’échange raisonné avec d’autres correcteurs.
Cette satisfaction pratique est toutefois relative, et elle ne permet pas, à elle seule, de résoudre certaines questions de principe. C’est pourquoi certains correcteurs, même parmi ceux qui se rendent spontanément à ces réunions, continuent de s’interroger sur leur bien-fondé, ou encore contestent leur caractère d’obligation. C’est pourquoi aussi certaines discussions sur les « critères » de notation reviennent fréquemment, pour aboutir, de manière tout aussi récurrente, à une impasse ; cette aporie répétée, si elle n’empêche pas le travail de progresser, n’en manifeste pas moins une certaine impuissance théorique à le penser et à le justifier.
source : www.ac-rennes.fr ou www.guyane-education.org / Pierre WINDECKER
Dans ce texte que nous vous invitons à consulter dans son intégralité, Pierre Windecker liste plusieurs critères philosophiques d’évaluation ainsi que des critères d'évaluation secondaires.
Ceci vous donnera une vision plus claire du système de correction des copies du baccalauréat.
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