Question d'origine :
Bonjour,
L'autre jour nous avons une discussion en classe sur la différence vestimentaire entre les hommes et les femmes! Seulement quelles différences existe-t-il encore? Ou sont les limites pour définir un habit masculin ou féminin?
Merci d'avance pour votre réponse et votre savoir universel
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 18/11/2006 à 16h33
Les codes vestimentaires varient en fonction des pays, des religions, des groupes sociaux, des âges...
La différenciation entre l'habillement des hommes et celui des femmes ne sera pas la même suivant que l'on vive en France ou au Japon, en Arabie Saoudite ou aux îles Fidji.
Si vous êtes intéressé principalement par le monde occidental, celui-ci a vécu de nombreux changements dans son mode de vie, au XXe siècle, et notamment dans l'habillement. Le vêtement est devenu de plus en plus unisexe.
Mais il reste une différence marquée : si le pantalon est porté depuis environ un siècle sans (trop de) problème par les femmes, nous ne sommes pas habitués à ce que les vêtements spécifiquement féminins comme la jupe ou la robe, fassent partie du costume masculin (sauf rares exceptions dues aux folklores locaux). Et des éléments féminins comme la jupe ne sont plus forcément acceptés de tous. En effet, Christine Bard pose la quetsion de savoir pourquoi les collégiennes ne portent plus que des pantalons et le pourquoi de la création d'une journée de la jupe.
Pour en savoir plus sur le domaine de la distinction masculin / féminin dans le vêtement, domaine vaste et apparemment peu défriché, nous vous demandons un petit délai supplémentaire.
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 20/11/2006 à 15h00
Nous vous proposons une bibliographie grâce à laquelle vous trouverez probablement quelques éléments de réponse :
- Une histoire politique du pantalon / Christine Bard, 2010.
- 'Ce que soulève la jupe : identités, transgressions, résistances / Christine Bard, 2010
- Encyclopédie de l'Agora : Mode
- Le vêtement : Traduction ou trahison de soi par Hélène Laberge
- Les hommes vont-ils enfin se lâcher ? Mode masculine - N° 456 Semaine du 14 janvier 2006 au 20 janvier 2006
- Le genre et l’habit. Figures du transvestisme féminin sous l’Ancien Régime
- La mode des années soixante Dossier paru dans le Bulletin de l'IHTP, n° 76, novembre 2000
- Les années folles : une femme émancipée ? par Christine Bard
- Les garçonnes ou les premières femmes en pantalon
- Le mouvement de la mode, c’est le défilé… : Notes pour une psychosociologie de la mode et du vêtement - Montréal, automne 1999
Quelques ouvrages sur l'histoire de la mode et notamment ceux de Yvonne Deslandres.
Le film : La journée de la jupe [D.V.D.] / réal. & scénario de Jean-Paul Lilienfeld ; mus. de Kohann , 2009.
Ce qui compte cependant en définitive, ce ne sont pas les différences vestimentaires entre les hommes et les femmes, mais le fait que la tenue des femmes continue de faire l'objet de beaucoup plus d'attention que celles des hommes, et que ce qui les différencie, ce sont avant tout les différences de regard :
Pour Anne Dafflon Novelle, chercheuse en sciences sociales et auteure d'une récente publication sur la socialisation différenciée entre filles et garçons(1), le fait que ce soit une femme qui ait déclenché le courroux du Conseiller d'Etat, n'est pas le fruit du hasard, les codes vestimentaires féminins prêtant beaucoup plus matière à discussion. En effet, si pour les hommes la tenue correcte type souffre peu d'ambiguïtés (le costard-cravate s'impose dans 90% des cas), il en va tout autrement pour les femmes.
Jupe ou pantalon?
Anne Dafflon Novelle, qui s'exprime ici sur la base d'observations et non pas de recherches scientifiques, relève ainsi qu'à l'Université, cette dissymétrie des genres fait tôt ou tard surface dans la carrière académique des femmes. "Plus on monte dans la hiérarchie, plus les codes vestimentaires deviennent rigoureux, à l'Université comme ailleurs. Pour un homme, cela ne pose guère de problèmes, il lui suffit de se conformer à la tenue de ses pairs. Chaque faculté possède ses usages en la matière, strict en droit, plus détendu en sciences sociales. Pour les femmes, en revanche, c'est plus difficile. Le nombre de femmes occupant un poste dans le corps professoral n’est pas suffisant pour que se dégagent des tendances sur la manière type de s’habiller en fonction des différentes disciplines. Des collègues femmes m'ont confié s’être posée la question de la tenue à adopter, notamment lors d'entretiens pour obtenir un poste: faut-il se maquiller ou pas, faut-il porter un pantalon ou une jupe?"
On pourrait certes considérer que ce flou est à l'avantage des femmes, plus libres que les hommes dans leur palette vestimentaire. Pour Anne Dafflon Novelle, toutefois, c'est souvent un facteur déstabilisant, dans la mesure où la tenue vestimentaire féminine devient l'objet de commentaires. "Cela m'a frappée lors de l'élection de Doris Leuthard au Conseil fédéral. Si vous regardez les articles dans la presse, vous verrez qu'il y a plusieurs mentions sur sa façon de s'habiller. A la télévision, un gros plan s'est attardé sur ses chaussures. Ce genre de détails ne sera jamais mis en avant pour un homme."
Pas d'androgynie vestimentaire
Autre exemple avancé par Anne Dafflon Novelle, le débat sur les "strings" trop voyant des filles à l'école: "Là encore, la tenue des garçons, qui laissent leurs caleçons déborder du pantalon, prête nettement moins à discussion …"
Le flou entourant les codes vestimentaires des femmes jouerait donc en leur défaveur. Mais à mesure que les femmes gagnent du terrain sur l'échiquier social, cette différence de traitement avec les hommes n'a-elle pas tendance à s'estomper? On parle de mode "unisexe" et le jeans est devenu un standard aussi bien chez les hommes que chez les femmes.
"Il n'y a eu qu'une époque, dans l'histoire récente, où régnait une certaine androgynie vestimentaire. C'était dans les années 1960-70, avec la mode hippie des chemises à fleurs et des cheveux longs pour tous. Pour le reste c'est illusoire. La différenciation a même tendance à être de plus en plus précoce chez les enfants. Alors qu'avant la puberté le corps des filles et des garçons a pratiquement la même morphologie, les vêtements, eux, affichent des différences bien marquées: rose pour les filles, bleu pour les garçons, paillettes et tee-shirt plus près du corps pour les filles, par exemple. De plus, cela devient difficile de trouver un pyjama ou un body pour bébé qui ne soit pas marqué par le genre, avec une fleur brodée ou un camion imprimé…"
source : Université de Genève : Tongs au bureau ? Une perspective de genre sur codes vestimentaires.
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