Protestantisme et Immaculée conception*

Réponse du département Civilisation

Les protestants « sont hostiles aux deux grands dogmes mariaux, L’Immaculée Conception (Marie échapperait au péché originel ) et l’Assomption (Marie corporellement enlevée au ciel) proclamés respectivement par les papes Pie IX en 1854 et Pie XII en 1950 »
Extr. de Les Protestants de Sébastien Fath

Dans l'article "Marie" de L’Encyclopédie du protestantisme , André Birmelé nous éclaire sur les raisons de ces désaccords :
« Le protestantisme et Marie sont généralement compris comme irréconciliables. Il faut dénoncer ce malentendu. Le protestantisme s’oppose seulement à une certaine mariologie catholique romaine qui a encore été amplifiée au XXe siècle et qui se traduit par une intense piété populaire.
Comme tous les Réformateurs, Luther insiste sur la naissance virginale du Christ et sur Marie mère du Seigneur. Il publie en 1520 un commentaire du Magnificat qu’on cite souvent dans le débat œcuménique contemporain comme modèle de piété mariale. Il s’efforce cependant d’épurer le culte des « abus » qui proviennent d’un transfert de l’œuvre du Christ sur la vierge […] Marie n’est ni sauveur ni rédemptrice ; elle est en revanche le modèle du disciple et de la mère […]
A la différence de Luther et de Zwingli, Calvin refuse de célébrer les fêtes mariales. […] Marie est soumise au péché originel et donc au jugement de Dieu, elle a elle-même besoin du salut offert en Christ. Cela ne nous empêche pas de voir en elle un modèle d’obéissance, de foi, de témoignage et de louange de Dieu.
Du 16e au 19e siècle, la théologie et la piété protestantes sont caractérisées par un long silence à propos de Marie. Elle occupe une place seconde, la même que de nombreux autres témoins de l’histoire biblique ou de l’histoire de l’Eglise. […]
L’opposition protestante à Marie n’interviendra qu’ultérieurement, lorsque l’Eglise romaine dogmatisera l’immaculée conception et l’assomption . Pour le protestantisme, le titre « mère de Dieu » est un qualificatif à finalité christologique qui permet de rappeler que Christ est vrai Dieu et vrai homme. L’Eglise romaine en fait un titre marial donnant lieu à une divinisation de Marie qui devient « reine du ciel » (encyclique de Pie XII en 1954) et corédemptrice. Pour les Eglises issues de la Réforme, l’enjeu n’est pas la seule Marie mais bien le fondement même de la foi. Les dogmes romains remettent en cause la référence à l’Ecriture seule, au Christ seul et à la grâce seule, une conviction confirmée par le développement de la piété populaire et la multiplication des pèlerinages marials.
Les développements plus récents, en particulier le refus du Concile de Vatican II de toute notion de corédemption mariale et son insistance sur l’unique médiation salvatrice du Christ, permet à nouveau un certain dialogue.
Le souci des Eglises de la Réforme est de préserver et d’affirmer la transparence totale de toute l’œuvre salvatrice de Dieu en Jésus-Christ. »

Tout d'abord, merci de m'avoir répondu si rapidement.

Ma curiosité n'est pas complètement satisfaite.

Vous avez trouvé d'un côté :

Les protestants "sont hostiles aux deux grands dogmes mariaux, L’Immaculée Conception (Marie échapperait au péché originel ) et l’Assomption (Marie corporellement enlevée au ciel)"

et de l'autre :

"Comme tous les Réformateurs, Luther insiste sur la naissance virginale du Christ et sur Marie mère du Seigneur."

Est-ce à dire que les protestants croient en la conception virginale du Christ (Jésus né d'une vierge) mais non en l'Immaculée Conception ? Marie serait restée vierge, mais serait tout de même soumise au péché originel ?

Cela me paraît quelque peu contradictoire, mais peut-être me suis-je trompée dans mon interprétation ?

Réponse du département Civilisation

Vous avez effectivement compris que le dogme de l’Immaculée Conception ne se résume pas à une question de virginité. Pour plus de détails, reportez-vous à l’article « Immaculée Conception » du Dictionnaire de théologie catholique pp 845-1218