Question d'origine :
Bonjour,
Quel rôle à jouer l'ancien président ORTEGA au Nicaragua ? Quels sont les enjeux d'un si petit pays au yeux de la toute puissante Etats Unis ?
Merci de vos lumières
Réponse du Guichet
bml_soc
- Département : Société
Le 09/11/2006 à 11h04
Daniel Ortega, élu président du Nicaragua au 1er tour de l'élection présidentielle de dimanche, a troqué son treillis de guérillero pour l'habit d'un prédicateur chrétien de "l'amour, de la paix et de la réconciliation" qui ne convainc pas les Etats-Unis dont il reste un ennemi juré. (Source : La Croix).
Vous trouverez une biographie complète de D. Ortega sur Wikipédia. En voici de larges extraits :
" Le gouvernement de Daniel Ortega fut inspiré par Salvador Allende, mais ses efforts de reconstruction économique et sociale furent minés par l'embargo imposé par les États-Unis et la guerre des Contras, armés et entraînés par la CIA.
La jeune révolution lance une réforme agraire, une campagne pour alphabétiser 400 000 personnes et un programme de santé couvrant tout le pays. Elle nationalise les biens non productifs et les propriétés du clan Somoza. Révolution originale, dépouillée du dogmatisme des précédentes, elle s’attire d’innombrables sympathies et crée une dynamique régionale. « Si le Nicaragua a vaincu, le Salvador vaincra ! », chantent les insurgés du pays voisin. En Amérique centrale, un grand espoir est né.
A la fin des années 1980, le projet révolutionnaire s’est effrité. L’embargo américain l’étouffe, le pays a dû se militariser, la pression de l’économie mondiale a imposé des mesures d’austérité. Si elle a favorisé les paysans sans terre, la réforme agraire a oublié une partie de la petite paysannerie, qui va offrir une base sociale à la contra. Malgré la présence de trois prêtres au gouvernement, l’Eglise, représentée par Mgr Obando y Bravo, archevêque de Managua, et soutenue par le pape Jean Paul II, diabolise le régime et marginalise les chrétiens engagés.
Malgré des acquis sociaux considérables (éducation, propriété des terres, alimentation, santé, sécurité sociale, habitat), les citoyens ne supportent plus la guerre, le recrutement forcé d’une partie des jeunes, les mesures d’austérité et l’augmentation du coût de la vie.
Sur le plan politique, au cours de ces dix dernières années, le FSLN (Front sandiniste de libération nationale dirigé par Otega) a agi comme un parti d’opposition. Le 20 octobre 1996, Ortega fut à nouveau battu aux présidentielles, le vainqueur étant Arnoldo Alemán Lacayo du parti libéral AL (Alianza Liberal), à la suite d'une élection entachée de fraude électorale. Cependant, Ortega conclut avec celui-ci un pacte de partage des pouvoirs, qui permit aux deux partis, libéral et sandiniste, pourtant historiquement et politiquement opposés, de contrôler la grande majorité des institutions. Ce pacte fut désapprouvé par beaucoup d'intellectuels de gauche qui y virent une trahison aux idéaux sandinistes
Ortega a voulu donner une nouvelle image de son parti, débarrassée du passé révolutionnaire marxiste-léniniste. Paradoxalement, cela l'a mené à s'allier à des intérêts traditionnellement considérés comme de droite, comme l'Eglise catholique et des ex-Contras (son candidat à la vice-présidence en est un). Récemment, le camp sandiniste a appuyé un projet de loi abolissant l' avortement sous toutes ses formes (y compris l'avortement thérapeutique, autorisé depuis 1893), loi qui a été adoptée par le Parlement .
" Le président Ronald Reagan avait la crainte d'un pays communiste en Amérique centrale.
Pour cela, le gouvernement Reagan soutint les anti-Sandinistes Contras, qui tuèrent des dizaines de milliers de personnes (voir également l'affaire de l'Irangate) .Quant aux Etats-Unis sous la présidence de G. Bush, le retour au pouvoir des anciens révolutionnaires et l’éventuelle apparition d’un triangle Fidel Castro (Cuba), Hugo Chávez (Venezuela), Daniel Ortega (Nicaragua) firent qu’on y retrouva les réflexes d’antan. Les attentats du 11 septembre sur New York et Washington fournirent les armes rêvées. « L’histoire du sandinisme, faite de violation des principes démocratiques et des droits humains, d’expropriation de propriétés sans indemnisation et de liens avec les parrains du terrorisme nous préoccupe beaucoup », déclara le sous-secrétaire d’Etat, M. Marc Grossman, dans un discours sur l’impact du 11 septembre.
Ambassadeur des Etats-Unis au Nicaragua, M. Oliver Garza multiplia les déclarations dans le même sens, et, quelques jours avant le scrutin, M. Jeb Bush, gouverneur de Floride et frère du président américain, envoya à M. Bolaños une lettre d’appui largement diffusée : « Daniel Ortega est un ennemi de tout ce que les Etats-Unis représentent."
Voici quelques articles récents pour compléter votre information :
- Le Monde du 03/11/06.
- Libération
- Le Monde du 04/11/06
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