Question d'origine :
existe-t-il un lien entre franc-maçonnerie et Terreur? Pouvez-vous me signaler des études sur ce thème?
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 25/10/2006 à 12h38
Le « thème » qui vous intéresse parait un peu restrictif. Il convient plutôt de voir les liens entre franc-maçonnerie et Révolution française, qui sont abondamment traités dans les ouvrages disponibles à la bibliothèque de Lyon, mais aussi sur Internet. Voici quelques éléments :
A la veille de la Révolution, la franc-maçonnerie avait conquis en France une place et une influence considérables. Elle avait envahi successivement les diverses classes sociales : noblesse, armée, parlements, clergé, hommes de lettres, bourgeoisie t basoche. Mais elle n’allait pas résister aux bouleversements qui dispersèrent rapidement les francs-maçons vers des fortunes diverses. La machine attribuée à Guillotin en supprima quelques-uns. D’autres, tels Bailly, Talleyrand, Brissot, La Fayette, Condorcet, Marat furent parmi les auteurs du grand drame ; certains, parmi les nobles, dont le duc de Luxembourg et La Fayette, prirent bientôt le chemin de l’émigration. […] Liberté, égalité des droits, fraternité humaine, tel est l’idéal des philosophes et celui des maçons. C’est cet idéal qui avait porté ceux-ci à venir en aide aux Insurgents d’Amérique et tous les artisans de l’Indépendance se révèlent francs-maçons : Washington, Franklin, La Fayette, Rochambeau. Le même idéal inspirant les actes de la Révolution, on est enclin à faire le rapprochement et il n’y a qu’un pas pour présenter celle-ci comme l’œuvre de la franc-maçonnerie. La thèse apparaît dès 1791 dans le livre de l’abbé Lefranc : « le voile levé par les curieux ou le secret de la Révolution révélé à l’aide de la franc-maçonnerie ». Elle se développe surtout, sous la forme d’un complot soigneusement monté, dans les 4 tomes de l’ouvrage de l’abbé Barruel paru en 1797-1798 à Londres « Mémoires pour servir à l’histoire du jacobinisme ».
In La franc-maçonnerie (Que sais-je ?)
En 1794, l’Ordre maçonnique est en sommeil tandis que la pays ploie sous la Terreur : un tel climat ne pouvait lui être favorable. Mais que l’ordre politique et social vienne a être rétabli, et la maçonnerie, à l’instar du Phénix évoqué dans plusieurs de ses grades, renaît de ses cendres, « ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre ».In Histoire de la franc-maçonnerie française (Que sais-je ?)
L’activité des rares ateliers qui survivent en pleine Terreur, loin de montrer le bien fondé d’une continuité évolutive entre les loges maçonniques et les nouvelles sociétés politiques, constitue « la facture pro forma » du pouvoir transformateur lié à l’événement révolutionnaire. Les formes que la subversion peut revetir sont vaiées. A Toulouse, la culture révolutionnaire investit de vieux ateliers comme le montre l’histoire des loges républicaines, alors qu’au Havre les radicaux préfèrent fonder une loge ouvertement parajacobine. A partie de ce moment là, la subversion devient la norme et, des instituts philanthropiques royalistes aux groupes de néo-jacobins, la « structure loge » est régulièrement utilisée comme couverture ou réceptacle au débat politique. Malgré le retour à l’ordre opéré par le 18 brumaire, la mutation est opérée et toute l’histoire de la maçonnerie au XIXe siècle ne peut se comprendre qu’avec, en filigrane, la compréhension des mécanismes décrits qui, si l’on veut bien les confronter avec les fondements initiaux posés par l’historiographie, implique à l’évidence la nécessité d’un retour aux sources.In Encyclopédie de la franc-maçonnerie
A la suite de différentes difficultés, la grande majorité des Loges françaises se réorganise en 1773 en fondant une nouvelle obédience: le Grand Orient de France. A la veille de la révolution de 1789, on compte environ 1000 loges.
Après la Terreur, qui verra de nombreux maçons partir pour l'exil ou l'échafaud, les loges se réveillent. Fatiguées des querelles, elles tentent de se réunir. En 1799, le Grand Orient de France fédère la quasi-totalité des Loges. Seules quelques Loges écossaises de la Grande Loge de France refusent de gagner le Grand Orient. Elles rejoignent en 1804 le Suprême Conseil de France. D'autres tentatives de réunification auront lieu en 1805 et en 1862, mais n'aboutiront pas.
In Wikipédia
Ouvrages disponibles au Fonds ancien de la bibliothèque de la Part-Dieu (ces titres sont cités dans les ouvrages évoqués plus haut) :
*Franc-maçonnerie et Révolution : Franc-maçonnerie et Révolution française (1789-1799) / Daniel Ligou
*Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme / Abbé Augustin Barruel
*Les Francs-maçons aux Etats généraux de 1789 et à l'Assemblée nationale / Pierre Lamarque
*De l'influence attribuée aux philosophes, aux francs-maçons et aux illuminés sur la révolution de France / Jean-Joseph Mounier
DANS NOS COLLECTIONS :
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