Question d'origine :
Existe-t-il une étude comparative (monographie, thèse, etc) qui porterait sur l'orientation politique (ou la neutralité politique) des fonds documentaires des bibliothèques publiques françaises, dans les matières touchant aux sciences humaines (politique, économie, éducation, histoire, etc) ?
Réponse du Guichet
bml_sci
- Département : Sciences et Techniques
Le 03/10/2006 à 09h43
Après avoir effectué plusieurs recherches avec différents mots-clés à partir des catalogues :
- Bibliothèque Nationale de France
- Système universitaire de documentation
- Ecole nationale supérieure des sciences de l'information et des bibliothèques,
nous n’avons pas trouvé de titre d’étude portant sur la neutralité politique des fonds des bibliothèques publiques françaises.
La faisabilité d’une telle étude paraît incertaine car :
- Il faudrait pouvoir recenser toutes les bibliothèques publiques françaises et plus particulièrement celles qui possèdent un fonds important dans les matières touchant aux sciences humaines. Certaines bibliothèques spécialisées aspireront à l’exhaustivité, d’autres plus généralistes tendront davantage vers la neutralité.
- Le délai imparti serait assez court pour une telle enquête. En effet, chaque bibliothèque dépend d’une tutelle (municipalité, conseil général, …) élue au suffrage universel
- Et enfin se pose le problème de la neutralité des questions : comment l’enquête n’orienterait-elle pas les réponses ?
A défaut de titre d’étude, nous pouvons vous proposer une sélection d’articles et une brève bibliographie.
François Tuleu, Conservateur en chef, directeur de la Médiathèque de Boulogne-sur-Mer s’interroge sur la neutralité des fonds dans le numéro 32 de la revue Vacarme
"Le développement sans précédent des bibliothèques dans les années 1980 et 1990 s’accompagne d’une hausse du niveau d’exigence professionnelle, qui va puiser ses références dans les bibliothèques anglo-saxonnes. Mais curieusement la professionnalisation des bibliothécaires n’a pas pour effet, tout d’abord, de provoquer un réel débat sur les acquisitions.
Ces différents facteurs eurent pour effet de faire émerger chez les bibliothécaires un débat sur les choix documentaires, jusqu’alors tacites sinon tabous.
"Est-ce encore possible ? Peut-on encore raisonner en termes de collections, dans un tel morcellement des informations et des supports ? Dès lors qu’avec Internet, les médiathèques donnent accès à des informations qui n’ont pas subi un traitement préalable des bibliothécaires, la partie peut sembler perdue pour les « prescripteurs ». Mais restent les collections, qui perdureront. "
Une des principales associations professionnelles l'International Federation of Library Associations and Institutions a rapidement réagi a propos des bibliothèques des villes dépendant du Front National :
"La question posée aux bibliothécaires est double
1. quelle responsabilité des professionnels dans la constitution de collections ?
2. quelles limites à l’expression de thèses qui tombent dans certains cas sous le coup de lois contre le racisme, ...ou les théories révisionnistes soutenues par nombre d’auteurs de journaux proches du FN ?
Les réponses ne sont évidemment pas simples. Il n’a pas été question pour notre association de dire que les professionnels doivent avoir tout pouvoir, sans contrôle, sur la gestion de leurs acquisitions. Ce serait contraire à la loi générale, et les bibliothécaires comme les autres professionnels se doivent d’être soumis à une évaluation de leur travail. La question posée est celle de l’évaluation, mais qui, sur quelles bases, pour quels objectifs. C’est là que doivent être pris en compte les facteurs de qualité de travail, de professionnalisation des agents. L’ABF a donc mis en place une commission de travail spécifique sur les acquisitions, qui a publié une plaquette- guide à l’intention des collègues, et pourquoi pas des élus, sur les pratiques conseillées dans le domaine des acquisitions de livres.
Quant à l’expression des thèses poursuivies par la loi française, racisme, incitation à la haine raciale,... il est bien évident qu’elles n’ont pas droit de cité dans une bibliothèque publique, établissement ouvert à tous, et qui ne doit donc exclure aucun citoyen sous prétexte de sa couleur, sa religion, sa « race »,... Ces critères sont évidemment à revoir dans le cas de bibliothèques développant une spécialisation dans le domaine politique, historique, ou autre..."
Le Bulletin des Bibliothèques de France a réalisé tout un dossier en janvier 2006 sur le thème « Acquérir aujourd’hui ».
Pour finir, voici quelques titres d’ouvrages :
- La sagesse du bibliothécaire
- Une république documentaire
- Une politique d'acquisition pour une bibliothèque d'étude et de recherche
- Les villes et leurs bibliothèques. Quoique datant de 1999, cet ouvrage pose clairement la problématique de la bibliothèque comme objet d’investissement de la part de la municipalité.
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