Question d'origine :
Bonjour
Qui est donc de fameux et terrible Manu qui aurait écrit les textes de loi des Hindous il y a plus de 2000 ans ? Qu'a t-il écrit notamment sur le sort des veuves apres le décès de leur mari ?
Merci pour vos lumières
Cordialement
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 21/09/2006 à 15h39
Manou est un personnage mythique qui, dans la culture hindoue passe pour le premier homme et le progéniteur de la race humaine. La légende indienne du déluge rapporte qu’il fut sauvé grâce à un bateau construit sur les conseils d’un poisson, avatâra de Vishnou. C’est par des pratiques rituelles qu’il repeupla ensuite la terre. Il est considéré comme le fondateur de l’ordre social et, à ce titre, on lui attribue beaucoup d’axiomes et de versets. Le Mânava-dharmashâstra, ou « Traité du Dharma ayant manou pour auteur est mieux connu sous le titre des « lois de Manou ». Il est connu encore sous le nom de Manusmriti ou « tradition mémorisée de Manou » il date , sans doute, du IIe siècle av. J.-C. C’est un ouvrage d’une autorité incontestée en matière de Dharma.
In : Dictionnaire des religions sous la dir. de Paul Poupard
La littérature de dharma compte plusieurs ouvrages ; le mieux connu en Occident s’appelle le
En voici le résumé tiré de universalis en ligne
La tradition hindoue enseigne que l'humanité actuelle descend d'un homme qu'elle nomme Manu ; celui-ci appartient en fait à une race plus ancienne dont tous les représentants furent anéantis, sauf lui, dans un déluge. Manu, seul « juste » parmi des millions de méchants, fut averti par Dieu (Vishnu, incarné en poisson) que les eaux allaient monter et qu'il lui fallait construire un navire pour se sauver. Lorsque tous les êtres eurent été anéantis, le poisson guida le bateau de Manu jusqu'à une montagne où le saint attendit le reflux. Il repeupla alors la terre grâce à des pratiques rituelles et dota l'humanité nouvelle d'un code que l'on nomme Mânavadharmashâstra (manava-dharmasastra), c'est-à-dire Traité [shâstra] de droit [dharma] ayant Manu pour auteur, ou encore Manu Smriti (manusmrti) pour rappeler que ce qui relève des contingences (règles de conduite, dispositions pénales, etc.) appartient à la tradition (smrti), laquelle, bien que d'origine divine, n'a pas le caractère immuable et intangible de la Révélation (sruti), c'est-à-dire du Véda. Pour un théologien brahmanique, le Mânavadharmashâstra est un texte « prophétique », non l'expression directe du Verbe comme le sont les Écritures. Et pourtant, le terme de dharma déborde considérablement la notion contingente de « droit » (même au sens le plus large) : si les préoccupations juridiques sont, dans ce traité, au premier plan, des considérations religieuses, éthiques, sociales, politiques s'y ajoutent. À la limite, le concept de dharma englobe l'ensemble des règles de conduite et les fondements de l'idéologie brahmanique. On le voit d'ailleurs par l'organisation interne du texte, qui s'ouvre par une cosmogonie et qui comporte des prescriptions rituelles aussi bien que des conseils aux souverains.
Du point de vue de la critique occidentale, les « Lois de Manu » paraissent dater, sous leur forme actuelle, du ~ IIe siècle. Elles ont été composées dans un milieu brahmanique orthodoxe et relèvent de l'école védique manava, à laquelle on doit d'autres textes importants (notamment un traité rituel concernant les sacrifices solennels). Le Mânavadharmashâstra se présente comme un long poème didactique en langue sanskrite comportant plusieurs milliers de stances (sloka, strophes de quatre vers octosyllabiques) réparties en douze livres (adhyaya). Le premier traite de l'origine du monde, le deuxième de la vie religieuse privée (sacrements),
les textes font référence à l’Epouse dans le mariage hindou, et au "statut" de la veuve:
Dans son mémoire:
Le rite de la sati et cremation des veuves en Inde ,Gael de Graverol en commente quelques passages, dont celui-ci :
"même dépourvu de vertus ou cherchant son plaisir ailleurs, ou dénué de qualités, un époux doit être constamment adoré comme un dieu par une fidèle épouse... Si une épouse obéit à son époux, pour cette raison seule, elle sera exaltée dans le ciel.
Mise au monde des enfants, nourriture de ceux qui sont nés, vie journalière des hommes, de toutes ces choses, la femme est la cause visible. Celle qui commande à ses pensées, ses paroles et ses actes et ne viole pas son devoir envers son Seigneur,
On relève "deux idées directrices." la fonction de protection et de conservation de la femme vis à vis de son conjoint: elle le sert et veille à la satisfaction de ses besoins. De cette façon, elle lui prête assistance dans la réalisation de son Dharma. D'autre part, il n'y a pas de notion de réciprocité de la dévotion car l'épouse peut être amenée à conduire
celle qui perd son mari peut être suspectée d'une dévotion insuffisante ou d'un manque de sincérité. La veuve se définit par opposition à l'épouse. C'est ainsi que tous les signes figuratifs de la vie conjugale sont systématiquement retirés à celle-ci: bris de ses colliers de perles noires, effacement de sa marque de kumkum au front...
Ce dépouillement marque la mort sociale de la veuve qui revêt un caractère d'intouchabilité jusqu'au sein de sa propre famille. ….. le décès du mari est dû à la médiocre performance rituelle de la femme (celle assignée au quotidien à la pativrata selon les paroles prêtées à Umâ dans le Mahâbhârata). La mort du conjoint serait causée par le faible potentiel dévotionnel de l'épouse n'utilisant pas ou ne parvenant pas à faire usage de sa capacité latente à manipuler les événements naturels et le destin pour le bien de son entourage. Les veuves font donc l'objet du rejet de la communauté et de mauvais traitements. Elles sont exposées à l'exploitation sexuelle des hommes de la belle-famille. En outre, bien que la pratique tombe en désuétude, elles sont encore forcées à se soumettre à la tonsure dans certaines parties du pays.
pour apprfondir consulter:
en ligne: les lois de Manou
les livres suivants:
Cendres d'immortalité la crémation des veuves en Inde de Catherine Weinberger-Thomas
Lois de Manou traduction de A. Lloiseleur Deslongchamps
DANS NOS COLLECTIONS :
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