Fort Saint Jean

Réponse de la Documentation Lyon et Rhône-Alpes

Le Fort Saint-Jean occupe depuis des siècles une position stratégique. Le bastion du XVIème siècle est le dernier témoin de l’enceinte fortifiée commanditée par Louis XII en 1512. Place militaire au XIXème le fort fait partie de la ceinture de fortifications érigée autour de la ville après la période napoléonienne. Réhabilité il y a peu par l’architecte Pierre Vurpas, il abrite aujourd’hui l’Ecole nationale des Contrôleurs du Trésor public.

L’ancien usage de barrer, en temps de guerre, ou même habituellement, les rivières dans leur passage dans les villes, s’est conservé assez longtemps à Lyon. Toutefois, on n’en trouve pas trace dans nos archives publiques, avant 1361…. Les rivières étaient barrées avec de solides chaînes de fer posées à l’origine sur des bateaux stationnés aux pieds de tours bien gardées pour éviter toute surprise nocturne….. Le consulat prit même la précaution de poser des chaînes aux issues de certaines rues qu’on ferma aussi avec des palissades de bois, ce qui rendait leur défense plus facile. Toutefois peu nombreux sont les documents qui concernent ces chaînes…
Deux grosses chaînes en fer barraient autrefois la Saône, l’une près du château de Pierre-Scize, et la seconde non loin de l’église Saint-Georges. La première fut posée en 1361, lors de la guerre avec les Tard-Venus. D’après un titre de cette époque (C. C. 190) la ville paya pour l’établissement « de cette cheyna de fer, longue de 51 toises et pesant 75 quintaux, 226 francs. Item pour posa et fixer la dite cheyna sur trois naveys (bateaux) et un chevalet, -100 francs ; - Item, pour la location de la maison de barona où se tend la dite cheyna, 100 francs, et la ville donna à Jehan Champon 49 florins 6 gros por la garda de la cheyna ». Dans les temps relativement modernes, cette chaîne avait son point d’attache sur la rive gauche de la Saône à un rocher qui émergeait de la rivière devant l’église du couvent Sainte Marie et qu’on appelait Sainte-Marie-des-Chaînes. Cette chaîne fut reportée plus loin à Vaise……
La chaîne de la Saône établie en face du couvent de Sainte-Marie dit des Chaînes fut reportée plus tard, jusqu’au pied du fort Saint-Jean. A ce moment, ce fort descendait jusque dans le lit de la Saône, dans lequel il se terminait par une grosse tour ronde avec embrasures pour le canon et appelée « tour de l’aigle ». Cette tour obstruait le passage et il n’y avait pas de porte s’ouvrant sur le chemin établi sur la berge jusqu’à l’île Barbe, ce qui offrait un grand inconvénient…..
Les chaînes d’Ainay du bastion Saint-Jean et de la porte de Neuville, et les bateaux qui les portaient « furent emmenez et brisez », en 1657, 1658 et 1659 par les débordements extraordinaires et par les glaces de la Saône. En 1659 on les rétablit….. En 1762 les chaînes sont supprimées sur la Saône, à Vaise, et remplacées par une patache (petit navire de surveillance) pour servir de bureau et de corps de garde aux commis de l’octroi. (B. B. 330).

On peut voir au musée d’artillerie de Paris, une énorme chaîne au moyen de laquelle Jean Sobiesky, roi de Pologne, appelé en1683, au secours de Vienne assiégé par Kara-Moustapha, barra le Danube et empêcha les Turcs de s’emparer de la capitale de l’Autriche.

Ses quelques lignes sont toutes extraites de l’ouvrage de Léopold Niepce : Lyon militaire, et précisément du chapitre intitulé : Les chaînes de la Saône et du Rhône. Comme vous pouvez le constater l’auteur donne des détails, il mentionne la longueur, le poids des chaînes et leur prix mais malheureusement pas la taille des maillons.
Les références données entre parenthèse B.B. ou C.C. renvoient à des documents qui se trouvent aux Archives municipales de Lyon. Vous pouvez aller les consulter.

Sur les fortifications à Lyon vous pourriez trouver des renseignements dans cet ouvrage : La défense de Lyon, une bibliographie est proposée à la fin, et aussi dans Les forts de Lyon et des Alpes qui contient également une bibliographie.

De nombreux ouvrages sur l’histoire de Lyon peuvent fournir également des renseignements sur les chaînes mais la consultation peut être très longue avant de trouver le renseignement très précis que vous cherchez.

Des visites du fort Saint-Jean sont proposées dans le cadre des journées du patrimoine, les 17 et 18 septembre 2006.