Question d'origine :
Bonjour,
Nous venons de voir le film "le roi arthur" et nous nous posons la question suivante :
Le roi arthur a t il vraiment existé, et si oui, a quelle époque ?
Dans le film, il semble que seul le roi arthur était chrétien, les chevaliers de la table ronde semblaient paiens.
Les chevaliers étaient-ils au services des romains ?
Nous vous remerçions de votre réponse.
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 16/08/2004 à 12h45
Dans le film, il est affirmé qu’Arthur a réellement existé et qu’il n’était autre que Lucius Artorius Castus, le fils d’une Bretonne et d’un Romain. Avant de devenir roi en Grande-Bretagne, il y commandait une troupe spéciale de l’armée romaine constituée de guerriers enlevés à leurs tribus dès leur plus jeune âge. Le scénariste David Franzoni (Gladiator) leur a donné des noms mythiques (Lancelot, Galaad, Bohor, Gauvain, Tristan…). Malheureusement, entre un spectacle hollywoodien tel que fabriqué par le producteur Jerry Bruckheimer et ce que nous savons réellement, il y a plus d’une invraisemblance ! Nous allons sans doute vous décevoir : s’il semble qu’il y ait un personnage historique réel derrière la figure arthurienne, nous n’en savons vraiment pas grand-chose. Voici malgré tout quelques éléments de réponse que nous avons pu retrouver dans nos collections :
* Le
« Arthur ou Artus (v. 500) : Roi breton légendaire (?) qui, au début du Ve s., aurait uni contre les envahisseurs anglo-saxons plusieurs tribus celtes de Grande-Bretagne, se faisant ainsi le champion de la résistance bretonne et du christianisme. Ses exploits, amplifiés par les bardes gallois, embellis encore par Nennius (10ème s.), Guillaume de Malmesbury et Geoffroi de Monmouth (12ème s.) furent rapportés en France par Wace dans le fameux cycle de la Table Ronde, dont Chrétien de Troyes a donné la version la plus célèbre. »
* Les
« On s’accorde à voir en Artorius, chef militaire breton qui lutta contre l’invasion saxonne de l’Angleterre vers 500, le personnage autour duquel se développa la légende d’Arthur. Célébré comme un roi idéal et guerrier, comme le restaurateur de leur race par les Gallois, les Cornouaillais et les Bretons, Arthur était l’objet de récits dès le début du 12e siècle. L’Historia regum Britanniae (1138) de Geoffroi de Monmouth fit un montage de toutes les traditions existantes et de l’histoire de la Grande-Bretagne ; elle établit une biographie mythique d’Arthur, depuis son engendrement par Uterpandragon jusqu’à la bataille mortelle contre Mordret et au transport du roi dans l’île d’Avalon. Le Roman de Brut, adaptation française de l’Historia que Wace dédia à Aliénor d’Aquitaine en 1155, n’influa guère sur les romans arthuriens en vers du 12e siècle, même si ceux-ci la connurent. »
*
« A l’origine, on trouve le souvenir déformé d’événements historiques, et des éléments folkloriques. Ce substrat légendaire semble avoir été fixé pour la première fois au début du 12e s. par Geoffroy de Monmouth, Guillaume de Malmesbury et Wace. C’est alors que des écrivains s’emparèrent de ce matériau pour créer des œuvres littéraires, en lui combinant des références antiques, d’autres éléments folkloriques et leur propre imaginaire, ancré dans la société de leur temps…
Née en langue française, dans le domaine des Plantagenêt, la littérature arthurienne s’est répandue dans tout le monde féodal, de la Norvège à la Sicile et à l’Allemagne. En proposant un modèle chevaleresque universel, elle devait profondément influencer la culture occidentale…
L’historicité du personnage d’Arthur fait l’objet de débats depuis le 19e s. L’étude critique des textes et des données archéologiques a permis d’identifier les éléments fondateurs de la légende arthurienne. Sauf découverte majeure, nous ne pouvons toutefois qu’émettre des hypothèses.
Il a probablement existé, à la fin du 5e s., un chef breton qui s’illustra dans la lutte contre les envahisseurs anglo-saxons. Après son évacuation par les Romains, en 410, la Grande-Bretagne fut en effet en proie à d’incessantes guerre entre chefs celtes, dont certains firent appel aux Germains pour s’assurer la victoire.
Les plus anciennes mentions du nom d’Arthur se trouvent dans une élégie galloise, Gododdin (v.600), et dans la Vie du saint irlandais Columba, sans doute écrite vers 700. Au début du 9e s., l’Historia Brittonum de Nennius relate les douze victoires d’un dux bellorum nommé Arthur contre les Saxons appelés par le roi Vortiger…
On note aussi deux allusions à Arthur dans les Annales Cambriae, un texte mis en forme après 950, mais qui pourrait avoir utilisé une source remontant au 9e siècle.
La littérature celtique médiévale est avant tout orale. Œuvre de bardes professionnels, elle ne sera fixée par écrit que tardivement…
A défaut de preuves irréfutables, l’hypothèse la plus largement répandue est que des conteurs professionnels bilingues, généralement des Bretons d’Armorique, diffusèrent le légendaire arthurien auprès des cours féodales françaises. Ils auraient fait connaître les personnages, les noms de lieux, les motifs folkloriques, les trames narratives, en les modifiant sans doute au gré de leur imagination, de leur mémoire ou des attentes de leur public. »
Outre les ouvrages mentionnés plus haut, nous vous conseillons :
La légende arthurienne, le Graal et la Table Ronde
La Geste des bretons T.1 : Le Roi Arthur, héros d’utopie de Marcel Brasseur
Jean Markale
L’Histoire n° 196 de février 1996 où vous retrouverez le résumé des premiers
En conclusion, au cinéma, c'est vraiment du cinéma !
DANS NOS COLLECTIONS :
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