Question d'origine :
quel était l'état-civil des juifs en algérie entre 1830 et 1870 date du décret Crémieux ? merci
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 28/07/2004 à 09h03
En 1830 quand la France annexe la régence turque d’Alger, par la convention du 5 juillet 1830, il y a entre 15000 et 17 000 juifs algériens.
Robert Attal dans Regards sur les juifs d’Algérie commente :
« La Révolution Française avait proclamé que l’appartenance au judaïsme ne constituait pas une nationalité mais une simple allégeance religieuse. Les héritiers de la Révolution s’efforcèrent d’appliquer ce principe en Algérie, lorsqu’ils se substituèrent au régime turc, qui, conformément aux traditions islamiques, avait organisé les juifs sous forme d’une minorité nationale, dotée d’autonomie juridique culturelle et administrative.
L’ordonnance du 22 juillet 1834 prononçait la réunion au territoire français de l’ancienne Régence d’Alger. Cette annexion impliquait que les habitants de l’Algérie devenaient desressortissants français . »
Sur ce statut de ressortissant français, Georges Bensadou, magistrat honoraire précise :
« La législation coloniale de l'époque classe les Français des colonies en deux catégories :
- celle des Français citoyens qui sont les métropolitains venus dans la colonie,
- celle des Français indigènes qui comprend les autochtones du pays, et donc en Algérie, les indigènes musulmans et les indigènes juifs.
Ces Français indigènes sont des Français de seconde zone, appelés d'ailleurs bien souvent des «sujets français »: ils ne bénéficient pas des droits publics accordés aux citoyens, mais ils conservent leurs droits privés à caractère religieux coraniques ou mosaïques (règles du mariage, du divorce - polygamie et répudiation, règles de la filiation, de la majorité, règles de successions...) au lieu de ceux du Code civil. »
cf tableau ci-dessous.
Robert Attal indique « [….] une telle politique [d’assimilation] devait se heurter à des difficultés considérables en raison notamment d’un statut juridique spécial. Et les algériens étaient d’autant plus attachés à ce statut qu’il était à base religieuse et qu’il exprimait en quelque sorte leur personnalité propre. A l’époque, la France ne pouvait concevoir une politique d’assimilation sans uniformisation du statut par soumission intégrale à son Code civil. En conséquence la résistance des musulmans fut très vive et finalement à leur égard la politique d’assimilation a échoué. »
Par contre, « … les Juifs algériens, dont quelques-uns connaissaient le français, avaient accueilli assez favorablement l'arrivée des nouveaux arrivants et étaient devenus des sortes d'intermédiaires entre colonisateurs et autochtones. Étant vite entrés en contact avec les représentants des Juifs de France, émancipés depuis la Révolution française, c'est-à-dire devenus des citoyens français relevant individuellement de la loi française au prix de la perte de leur "statut personnel" juif antérieur (juridiction des tribunaux rabbiniques sur les mariages, les divorces et les successions), les Juifs d'Algérie avaient subi leur influence et aspiré à la même condition. La situation des Juifs français, pour qui le domaine religieux relevait dorénavant, comme pour les autres citoyens français, de la vie privée, et qui s'intégraient progressivement (non sans provoquer des réactions racistes à leur égard) dans la société française, leur avait semblé préférable au statut de dhimmi qui leur était en quelque sorte conservé par la France au début de la colonisation. L'administration militaire française avait supprimé peu à peu l'autonomie interne des communautés juives d'Algérie [...] A partir de 1845-1850, les Juifs d'Algérie, soutenus par les libéraux et des notables musulmans, avaient commencé à revendiquer lacitoyenneté française . Elle leur avait été accordée d'abord par Napoléon III, par le sénatus-consulte de mars 1870, puis, après la proclamation de la République, par le décret connu sous le nom de décret Crémieux, précisé en octobre 1871 par l'Assemblée nationale. » extrait de D’une rive à l’autre - la guerre d’Algérie, de la mémoire à l’histoire de Gilles Manceron et Hassan Remaoun.
Pour une chronologie plus précise de ce processus qui aboutit audécret Crémieux, vous pourrez consulter aussi Histoire des juifs en Afrique du Nord d'André Chouraqui.
Tableau réalisé par Georges Bensadou, l'algérianiste N°67, septembre 1994
Robert Attal dans Regards sur les juifs d’Algérie commente :
« La Révolution Française avait proclamé que l’appartenance au judaïsme ne constituait pas une nationalité mais une simple allégeance religieuse. Les héritiers de la Révolution s’efforcèrent d’appliquer ce principe en Algérie, lorsqu’ils se substituèrent au régime turc, qui, conformément aux traditions islamiques, avait organisé les juifs sous forme d’une minorité nationale, dotée d’autonomie juridique culturelle et administrative.
L’ordonnance du 22 juillet 1834 prononçait la réunion au territoire français de l’ancienne Régence d’Alger. Cette annexion impliquait que les habitants de l’Algérie devenaient des
Sur ce statut de ressortissant français, Georges Bensadou, magistrat honoraire précise :
« La législation coloniale de l'époque classe les Français des colonies en deux catégories :
- celle des Français citoyens qui sont les métropolitains venus dans la colonie,
- celle des Français indigènes qui comprend les autochtones du pays, et donc en Algérie, les indigènes musulmans et les indigènes juifs.
Ces Français indigènes sont des Français de seconde zone, appelés d'ailleurs bien souvent des «
cf tableau ci-dessous.
Robert Attal indique « [….] une telle politique [d’assimilation] devait se heurter à des difficultés considérables en raison notamment d’un statut juridique spécial. Et les algériens étaient d’autant plus attachés à ce statut qu’il était à base religieuse et qu’il exprimait en quelque sorte leur personnalité propre. A l’époque, la France ne pouvait concevoir une politique d’assimilation sans uniformisation du statut par soumission intégrale à son Code civil. En conséquence la résistance des musulmans fut très vive et finalement à leur égard la politique d’assimilation a échoué. »
Par contre, « … les Juifs algériens, dont quelques-uns connaissaient le français, avaient accueilli assez favorablement l'arrivée des nouveaux arrivants et étaient devenus des sortes d'intermédiaires entre colonisateurs et autochtones. Étant vite entrés en contact avec les représentants des Juifs de France, émancipés depuis la Révolution française, c'est-à-dire devenus des citoyens français relevant individuellement de la loi française au prix de la perte de leur "statut personnel" juif antérieur (juridiction des tribunaux rabbiniques sur les mariages, les divorces et les successions), les Juifs d'Algérie avaient subi leur influence et aspiré à la même condition. La situation des Juifs français, pour qui le domaine religieux relevait dorénavant, comme pour les autres citoyens français, de la vie privée, et qui s'intégraient progressivement (non sans provoquer des réactions racistes à leur égard) dans la société française, leur avait semblé préférable au statut de dhimmi qui leur était en quelque sorte conservé par la France au début de la colonisation. L'administration militaire française avait supprimé peu à peu l'autonomie interne des communautés juives d'Algérie [...] A partir de 1845-1850, les Juifs d'Algérie, soutenus par les libéraux et des notables musulmans, avaient commencé à revendiquer la
Pour une chronologie plus précise de ce processus qui aboutit au
Tableau réalisé par Georges Bensadou, l'algérianiste N°67, septembre 1994
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