Question d'origine :
je recherche une explication à la migration des nivernais -dans les années 1850-1900- vers d'autres départements -limitrophes ou dom tom- ainsi que les routes qu'ils ont pu prendre.
D'avance merci
Cordialement
MPCT
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 11/05/2006 à 07h43
Il existe des explications générales sur les migrations intérieures en France entre 1850 et 1900:
Les migrations intérieures
Les déplacements de population à l'intérieur des frontières d'un même État sont généralement beaucoup plus faciles que les migrations internationales : aussi sont-elles très communes. Mais elles ont été longtemps mal connues, et c'est seulement à partir de la seconde moitié du XIXe siècle que l'on a pu déceler de façon assez précise le sens et l'importance de ces mouvements.
Migrations définitives
Considérons le cas de la France. Depuis 1861, chaque recensement distingue les Français nés dans le département où ils sont recensés et ceux qui sont nés dans un autre département. Or, la proportion des Français nés hors du département de recensement s'est beaucoup accrue, puisqu'elle est passée de 11,8% en 1861 à 21% en 1911, et à 26% en 1936. La mobilité de la population française a donc considérablement augmenté au cours de cette période. Et comme tous les départements comptent, en nombre plus ou moins grand, il est vrai, des originaires des autres circonscriptions, on peut dire que l'immigration est aussi générale que l'émigration. Toutefois, l'émigration l'emporte de loin dans certains départements, alors que l'immigration surpasse de beaucoup l'émigration dans quelques autres C'est ainsi qu'en 1936 le département de Seine-et-Oise comptait 65,1% d'originaires d'autres départements, alors que la Corse en avait 4,9% seulement. Il s'est ainsi manifesté, au cours de la période étudiée, une tendance à la concentration de la population en certains points du territoire.
Cette tendance n'est en rien propre à la France, non plus que l'émigration des ruraux vers les villes, qui constitue un de ses aspects. Cette forme d'émigration n'est pas nouvelle. Dans le passé, et jusqu'à une époque plus ou moins tardive selon les pays, elle paraît avoir été la conséquence tantôt des excédents de naissances dans les campagnes, accompagnés d'excédents de décès dans les villes, tantôt de la misère de la population rurale, dont une partie allait chercher dans les villes du travail ou les secours de la charité. Puis, à partir du XIXe siècle, cette émigration prit une grande ampleur, avec le développement de l'industrie, avec l'expansion des emplois urbains (secteur tertiaire), enfin, avec l'accroissement de la productivité du travail dans les campagnes, qui fit apparaître des excédents de main-d'œuvre agricole. L'exode rural apparaît ainsi lié, directement ou non, à l'industrialisation.
[…]
Migrations temporaires
Les migrations temporaires, elles non plus, ne sont pas un fait nouveau. Longtemps, au contraire, elles restèrent inséparables des formes d'économie traditionnelles. Là où la pression démographique était forte, une partie de la population partait temporairement chercher au loin, le plus souvent à l'intérieur des frontières nationales, mais parfois aussi à l'étranger, voire outre-mer, et pour un temps plus ou moins long, du travail et des ressources supplémentaires. C'est au XIXe siècle que cette forme d'émigration paraît avoir culminé en Europe occidentale. Il s'agissait soit de travailleurs agricoles, allant participer aux gros travaux des moissons ou des vendanges dans les régions de grande culture, soit de ruraux allant exercer au loin des métiers variés (scieurs de long, maçons, ramoneurs, colporteurs, montreurs d'animaux), ou parfois même pratiquer la mendicité. Des faits analogues pourraient être décrits dans bien d'autres régions du globe.
Encyclopédie Universalis en ligne (consultable à la bibliothèque)
Vous trouverez aussi dans l’Histoire de la population française, Tome 3. De 1789 à 1914 un chapitre intitulé : Migrations et peuplement IV.
Sous le double effet de la pression démographique et de l’industrialisation, qui rime de plus en plus avec urbanisation, le tableau change progressivement dans la seconde partie du siècle et jusqu’à la guerre de 1914. Certains mouvements traditionnels _en particulier les migrations saisonnières_ déclinent , tandis que l’exode rural prend un caractère massif et que s’amorce pour la première fois un certain brassage de la population française. » …°
« Au contraire, en ce qui concerne l’exode rural, c'est-à-dire la migration définitive de la campagne vers la ville, la notion de rupture s’impose. Certes l’afflux des ruraux vers les cités n’a rien d’une nouveauté. Dans les régions proches des grandes villes, jeunes garçons et jeunes filles allaient massivement s’y placer comme domestiques, et tous ne revenaient pas à la terre ; mais il s’agissait surtout d’une migration temporaire, qui n’épongeait même pas tous les excédents démographiques des campagnes. A la fin du XIX° siècle, le mouvement perd cet aspect régulateur : le monde rural commence à se dépeupler.
[…]
On notera que l’exode rural a touché toutes les régions de montagne, et en général toutes celles d’accès difficile ; qu’il a été beaucoup plus limité dans l’est et l’ouest du bassin parisien, ainsi que dans la vallée du Rhône ; presque nul pour l’Ile-de-France et la basse vallée de la Garonne ; et inexistant en basse Provence et en bas Languedoc.
[…](en 1910-1911) p 177 et suivantes.
Voici donc des éléments d’explication un peu généraux que l’on peut appliquer au Nivernais.
A noter deux migrations spécifiques du Nivernais :
-
« Allons , galvachers en avant !
Il faut quitter notre Morvan ! »
Chantaient les charroyeurs qui partaient pour exercer leur vieux métier : ils allaient « en galvache ».
Cette migration saisonnière typique du Nivernais oriental _le Morvan_ durait du 1° mai à la Saint –Martin (11 novembre) ou peu après, soit plus de la moitié de l’année. Les « galvachers » morvandiaux étaient de petits entrepreneurs de transports, qui avec leurs charrettes et leurs paires de bœufs roux, allaient mener une vie errante souvent critiquée par leurs voisins : la « galvache » ou « galouache » est le fait de « courir les chemins » , le « galvacher » est un surnom moqueur donné par les Berrichons au voiturier montagnard un peu méprisé des gens de la plaine.
L’ « industrie » des nourrices a rendu le Morvan célèbre depuis le XIX° siècle. Les travaux et ouvrages des médecins n’ont pas peu contribué à faire connaître cet étonnant fait de société, caractérisé par une double réalité : l’existence de deux industries des nourrices, celle des « nourrices sur lieu » , qui vont allaiter les enfants des familles, le plus souvent parisiennes ; celle des nourrices qui vont chercher un nourisson et le ramènent chez elles en Morvan, appelées « nourrices à emporter » ou « nourricessur place » ou encore « nourrices de province » quand elles viennent quérir l’enfant dans un bureau parisien.
Vous pourrez lire la suite de ces extraits dans Nivernais, Morvan
Vous pouvez aussi consulter le site du village d’Anost et le DVD Le lait des autres : histoire des nourrices du Morvan
Pour approfondir, nous vous renvoyons à la bibliographie très complète qui vous avait été donnée en réponse à votre question sur communautés paysannes de 1500 à 1849 dans la Nièvre. Communauté paysanne
Si vous poursuivez vos recherches sur le Nivernais, nous vous conseillons d’utiliser les ressources qui vous ont été signalées entre autres celles de l’Université de Bourgogne.
Nous nous permettons enfin d'attirer votre attention sur le fait que les archives départementales et municipales nous paraissent mieux placées pour vous renseigner sur le Nivernais que la bibliothèque municipale de Lyon qui n’est pas vraiment spécialisée dans votre domaine d’étude.
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