Question d'origine :
Bonjour !
L'encyclopaedia universalis fait dans un de ses articles ("mort", p. 799) référence à une thèse de JUNG selon lequel des archétypes universaux de la mort existent, archétypes qui correspondraient à des infrastructures permanentes de l'inconscient collectif. Ils n'en disent pas plus ni ne précisent en aucune façon leur source bibliographique sur ce point.
Savez-vous dans quel ouvrage Jung développe cette thèse que j'aimerais approfondir ?
Vous remerciant par avance de votre attention.
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 22/07/2004 à 10h05
"…, telles seraient , entre autres, et en dépit des mutations dues aux conditions différentes de vie, les survivances primitives dans la civilisation d’aujourd’hui. A moins qu’il ne faille y voir avec Jung des « archétypes universels », c’est-à-dire des infrastructures permanentes de l’inconscient collectif", dit en effet Louis-Vincent Thomas en parlant des différents rites et croyances qui persistent autour de la mort.
Pour Jung, l’archétype "désigne une image originelle existant dans l’inconscient. L’archétype est aussi une manière de complexe ; mais à l’opposé de ceux que nous avons étudiés jusqu’ici, il n’est plus le fruit de l’expérience personnelle ; c’est un complexe inné. L’archétype est un centre chargé d’énergie".
C.G. Jung : L’homme à la découverte de son âme
Mais les notions d’inconscient collectif et d’archétypes évoluent chez Jung et ne sont aucunement figées. Ses œuvres s’attachent à analyser des rêves, des légendes, des mythes, des textes classiques, de la littérature ou des spiritualités, voire même des mandalas. Ainsi, même si on peut trouver une petite mise au point :
"On m’a souvent demandé ce que je pensais de la mort, cette fin évidente de l’existence humaine individuelle.[…] La trajectoire du projectile se termine au but ; de même la vie se termine à la mort, qui est le but final où elle tend. […] Il m’est désagréable, au moment où l’on est en droit d’espérer une réponse, de sortir brusquement de ma poche une croyance […] Du moins me sera-t-il permis de constater que le consensus gentium a, de la mort, des conceptions très nettes, exprimées sans ambiguïté dans toutes les grandes religions de la terre. […]
Au siècle des Lumières se forma, sur l’essence des religions, une opinion qui mérite d’être mentionnée à cause de sa large propagation, bien qu’elle soit une méprise typique de l’époque. Selon cette opinion, les religions seraient des espèces de systèmes philosophiques qui, comme ces derniers, seraient sortis de la tête des gens. Un homme quelconque aurait un jour imaginé des dieux et des dogmes et, grâce à cette fantaisie " réalisatrice de désirs", il aurait conduit l’humanité par le bout du nez. A cette opinion s’oppose la réalité psychologique de la difficulté que l’on a à saisir intellectuellement les symboles religieux. Ils ne proviennent nullement de la raison, mais d’ailleurs ; du cœur peut-être, en tout cas d’une couche psychique profonde, qui ressemble peu à la conscience, qui, elle, n’est que surface. Aussi les symboles religieux ont-ils toujours un caractère marqué de « révélation », autrement dit, ce sont en général des produits spontanés de l’activité inconsciente de l’âme. […] On peut, sans trop de difficulté, constater que ces symboles, individuels quant à leurs contenus et à leurs formes, proviennent du même « esprit » inconscient (ou de quoi que ce soit ) que les grandes religions humaines. […]"
dans L’énergétique psychique, les archétypes de la mort, souvent en alliance avec les symboles religieux ou alchimiques se retrouvent un peu partout dans son œuvre, avec d’autres.
"Un archétype s’inscrit toujours dans une trame factice, avec des représentations à double emploi. L’archétype s’inscrit dans une trame de représentations apparentées entre elles, conduisant toujours à d’autres images archétypiques et se chevauchant constamment les unes les autres, et dont l’ensemble forme le singulier tapis de la vie. "
C.G. Jung : Sur l’interprétation des rêves
C’est un peu le propre du travail de Jung d’entremêler les interprétations :
"C’est bien un ensemble de poussées comme végétales, qui croissent ensemble, nouées et soudées, qui ne se détachent qu’imparfaitement les unes des autres, qui […] tiennent organiquement ensemble."
Charles Baudouin : L’œuvre de Jung
Pour vous aider dans cette « forêt vierge » ou ce « singulier tapis », nous vous conseillons le site Carl Gustav Jung en langue française, qui explicite les principaux concepts de l’œuvre et résume chacun des titres.
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