Question d'origine :
Bonjour, pouvez-vous m'indiquer des sources ou me donnez la définition des mots précarité, exclusion sociale.
Je vous remercie.
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 07/04/2006 à 12h18
Vous pouvez consulter ces trois Questions/Réponses déjà adressées au Guichet du Savoir qui abordaient la question :
- Précarité / pauvreté : recherche de définitions
- Exclusion sociale
- Impact insécurité sociale sur santé
Voici également, en complément, quelques définitions issues du site de la Mission régionale d'information sur l'exclusion, la pauvreté et la précarité :
En France, même si le terme d'exclusion est critiqué, vu comme un " concept valise " dont la polysémie a contribué à le vider de son sens, [1] , beaucoup d'analyses et de propositions s'y réfèrent. L'exclusion n'est ni synonyme de pauvreté ni de précarité, mais en constitue plutôt l'étape ultime.
La situation de précarité est caractérisée par le caractère incertain, aléatoire, ou irrégulier des ressources (CDD, intérim, chômage, maladie, etc.) et par la fragilité qui résulte de cette insécurité dans la vie quotidienne, familiale et sociale. En fonction de son importance l'insécurité économique accroît les risques de vulnérabilité aux événements.
La notion de pauvreté se réfère à la participation des individus à l'activité économique et à la distribution des revenus. En ce sens la situation de pauvreté est caractérisée par la modestie, la faiblesse ou l'insuffisance des ressources ne permettant pas de participer à l'ensemble des modes de vie reconnus socialement comme moyens ou normaux. Elle renvoie à une analyse des inégalités sociales.
Le processus d'exclusion concentre les effets extrêmes de la précarité ou de la pauvreté quand celle-ci " affecte plusieurs domaines de l'existence, qu'elle devient persistante, qu'elle compromet les chances de réassumer ses responsabilités et de reconquérir ses droits par soi-même, dans un avenir prévisible " [2] . Elle se caractérise par la simultanéité de trois dimensions [3] :
- un cumul de plusieurs situations objectives de privation (emploi, revenus, droits, etc.), de relégation ou d'enfermement dans des espaces sociaux ou économiques " marqués " (logement, section d'éducation spécialisée, recours aux dispensaires humanitaires, etc.) ;
- un rapport social symbolique " négatif ", objectif (stigmatisation d'un quartier, etc.) ou subjectif (auto-exclusion, etc.) ;
- une rupture des liens sociaux traditionnels (perte du statut de salarié, rupture familiale, etc.) qui " désinsère " et opère un déclassement social.
Ces trois dimensions sont nécessairement présentes pour caractériser une situation d'exclusion. Mais les modalités de leur combinaison sont multiples et la prééminence de l'une d'entre elles peut avoir des effets d'entraînement sur les autres : ainsi par exemple la dimension symbolique (stigmatisation, auto-exclusion) qui domine dans la forme d'exclusion de minorités (jeunes issus de l'immigration) renforce certaines situations d'échec (scolaire, accès au travail, etc.).
Ces définitions étant ainsi posées, la situation de ces dernières années est plutôt caractérisée en France par une certain brouillage des frontières entre ces différents concepts. Ainsi la situation de personnes dites " exclues " parce que bénéficiant de minima sociaux n'apparaît souvent guère différente des " working poor ", dont le nombre s'est considérablement accru ces dernières années, et on constate beaucoup de passages de cette catégorie à l'autre, comme si on se trouvait devant un nouveau " prolétariat " condamné à des allers-retours incessants entre minima sociaux et travail précaire.
L'amélioration de la conjoncture intervenue depuis 1997 (jusqu'à la mi-2001) a par ailleurs mis en évidence la prégnance d'une exclusion d'ordre " symbolique ", ou plus précisément d'ordre identitaire et culturel : malgré des perspectives d'emploi importantes, certaines populations ne parviennent pas à sortir de l'exclusion, à cause de difficultés psychologiques (souvent liées à la crise de la famille) ou de discriminations ethniques. On relie ainsi la problématique de l'exclusion avec celles de la parentalité, de l'intégration des populations d'origine étrangère et de la relégation de certains quartiers.
Quant aux politiques de lutte contre l'exclusion, depuis la loi de juillet 1998, elles ont dépassé une approche en termes de " protection " des personnes pour chercher à en faire de véritables sujets de droits, voire promouvoir leur citoyenneté (cf. les 3 P de la MRIE : protection, promotion, pouvoir agissant ) [4]. Elles n'en restent pas moins limitées à agir sur l'exclusion en tant que symptôme, plutôt que sur ses causes fondamentales : le cloisonnement de l'économique et du social, le développement des inégalités,...
[1] Cf. article de R. Castel in les cahiers du mage 3-4/97 et « L'exclusion, définir pour en finir », sous la direction de Saül Kartz, 2000
[2] Joseph Wresinski, Grande pauvreté et précarité économique et sociale, rapport au Conseil Économique et Social, 1987.
[3] Cf. Gilbert Clavel, La société d'exclusion, L'Harmattan, 1998.
[4] Grille de lecture utilisée par la MRIE dans le cadre de sa recherche participative sur l'accès aux droits (cf. dossier Accès aux droits : quelles améliorations ?, MRIE, avril 2002).
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