Musique et film: phénomènes
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 18/03/2006 à 08h19
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Question d'origine :
Bonjour,
Mes 2 questions portent sur le même thème:
1/ Pourquoi quand on regarde un film, on est absorbé dedans au point de ne plus sentir son corps?
2/ Pourquoi quand on écoute de la musique, on est transporté par celle ci au point non seulement de ne plus ressentir son corps, mais aussi au point de se retrouvé dans "une autre dimension", (c'est à dire un sorte d'état où on visualise des choses) cependant contrairement au film où on pénètre dans ce dernier grâce au support de l'image (où on suit les figurants)?
Quel est donc cette sensation bizarre qui fait que lorsqu'on interroge une personne qui vient juste de voir un film(ou écouter de la musique) ? Elle dit ne pas avoir eu conscience tout au long du film d'être parmi nous (au point de ne pas ressentir ses mains, son corps, souvent même une douleur qui était présente disparait pendant le visionnage du film ou l'écoute de la musique...).
PS: Je parle des films non documentaire, car bizarement dans le cas de ceux-ci c'est different...
Cordialement
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 20/03/2006 à 12h42
Ainsi que nous sommes amenés quelquefois à le préciser, une observation individuelle est rarement généralisable à l'ensemble de l'humanité, sinon à mener des études scientifiques sur des panels suffisamment représentatifs pour en tirer des conclusions globales. Autrement dit, ce que vous posez comme vérité universelle car valable pour vous, ou quelques membres de votre entourage, ne l'est pas forcément pour tout le monde, à plus forte raison dans un domaine tel que celui de l'émotion, profondément subjectif...
Nous vous renvoyons vers cet article en ligne : Émotion, perception et représentation de l’espace au cinéma de Nicolas Lissarague dont voici un extrait :
Je m’attarderai juste sur deux éléments récents du dispositif (pas si récent que ça pour le premier, plus récent pour le second) : le premier, c’est la taille des écrans, qu’on voit s’agrandir au fur et à mesure de manière de plus en plus importante. À mon avis, ça contribue pour beaucoup à faire oublier au spectateur (c’est encore plus sensible quand on est au premier rang) ses repères quotidiens, ce sur quoi il s’ancre pour essayer de donner des limites stables à son moipeau, à la notion qu’il a de lui-même, de l’autre et du monde. Le deuxième point, c’est ce qu’on appelle (et le mot me plaît beaucoup dans le cadre de cette intervention) le « son spatial », c’est-à-dire ce dispositif qu’on a vu naître dans les salles de cinéma au début des années 1970 avec le THX et, plus récemment, dans les salons avec les systèmes dolby surround 5.1 (même 7.1, sorti il y a quelques mois). On essaie de spatialiser le son, de faire croire au spectateur que, quand une voiture vient de derrière, il entend aussi le son qui vient de derrière. Le cinéma, le dispositif cinématographique essaie constamment de fausser le rapport perceptif que le spectateur entretient avec le film en lui faisant perdre ses repères quotidiens, en lui faisant perdre son assurance.
Nous vous renvoyons également de façon plus générale sur le fonctionnement du cerveau face à l'illusion du cinéma sur le site Le cerveau à tous le niveaux de l'Institut de recherche en santé du Canada :
Depuis ses origines, l’être humain a toujours eu le besoin de raconter des histoires, que ce soit la sienne ou celle d’un autre groupe humain. Aller voir un film dans une salle obscure est un rituel bien implanté dans nos sociétés qui s’inscrit dans la continuité de cette tradition. Le cinéma tire sa puissance évocatrice de l’illusion du réel, et donc de l’impression de mouvement qu’il est capable de produire.
Pour bien discerner les mécanismes qui rendent possible cette illusion à partir du défilement de la pellicule dans le projecteur, il est pratique d’y voir deux problèmes distincts à résoudre. D’une part les écrans noirs entre les images que l’on ne perçoit pas, pas plus d’ailleurs que le scintillement de l’écran provoqué par l’alternance des images et des noirs. Et d’autre part l’illusion centrale du cinéma, c'est-à-dire le fait que nous interprétons une succession d'images fixes légèrement décalées comme étant une image unique qui bouge. Dans les deux cas, le rôle de la persistance rétinienne longtemps invoquée comme principe explicatif à la base même du cinéma, serait négligeable.
À cause des contraintes liées aux écrans d'ordinateur, cette animation ne peut malheureusement présenter qu'une approximation de l'effet réel.
Le premier problème a été résolu en doublant (pour les films actuels tournés en 24 images par seconde) ou en triplant (pour les films anciens tournés à 16 images par seconde) le nombre d’images qui s’affichent successivement sur l’écran. On obtient ainsi près de 50 images par seconde, seuil à partir duquel le scintillement devient trop rapide pour qu’on le perçoive (voir encadré). Où sont alors passé les « noirs » qui comptent pourtant pour près de la moitié du temps de projection ? Il semblerait que la persistance rétinienne n’y soit pour rien et que notre cerveau n’en tient tout simplement pas compte parce qu’ils constituent pour lui une absence d’information.
Pour ce qui est du second problème, il est maintenant admis que ce qui nous fait percevoir du mouvement là où il n’y a que succession rapide d’images fixes est un effet psychologique qui n’a lui non plus rien à voir avec la persistance rétinienne: l’effet phi. Réduit à sa plus simple expression, l’effet phi peut être produit par deux points lumineux légèrement décalés qui s’allument et s’éteignent successivement. Bien qu’il n’y ait aucun mouvement effectif, nos processus perceptifs vont cependant lier subjectivement les deux points en un seul qui se déplace. Sur le même principe, mais en plus complexe, on retrouve les tableaux d’affichages sportifs ou publicitaires faits de centaines de petites lumières qui, en s’allumant successivement, peuvent provoquer des effets de mouvement tout à fait réalistes.
L’effet phi peut aussi créer l’illusion d’un mouvement qui se rapproche ou s’éloigne des spectateurs. Quand par exemple on présente une suite d’images de plus en plus petites du même objet, les gens vont généralement ressentir ce changement comme un éloignement de l’objet. Et l’inverse, c’est-à-dire un rapprochement, si les images sont de plus en plus grosses. De la même manière, si la première image représente un objet aux couleurs vives et que la seconde représente le même objet mais avec des couleurs plus ternes et plus proches de celles la toile de fond, les gens disent habituellement que l’objet s’est éloigné d’eux. On voit donc que l’effet phi est non seulement à la base de l’illusion du mouvement de tout type de cinéma, mais qu’il est aussi à la base de nombreux subterfuges graphiques dans le cinéma d’animation.
Vous pouvez enfin consulter cet article du site Hypnose Médicale sur La dissociation en hypnose de Yves Halfon, qui explique que la véritable dissociation est un symptôme de désordre psychiatrique et n'a que peu de lien avec la dissociation que l'on peut constater au quotidien dans la mesure où le contact avec la réalité n'est pas vraiment perdu :
Le terme de dissociation fait partie du vocabulaire psychiatrique pour décrire les états hystériques et schizophréniques. Il s'emploie pour désigner une perte de contact avec le réel. L'invasion de la conscience par le monde intérieur et l'acquisition par ce dernier d'une sensorialité habituellement réservée au monde extérieur.
Certaines situations extrêmes, comme un accident du travail ou de la circulation, un viol, etc. peuvent amener un état dissocié. Nous parlons de clivage de l'unité de la personne : l'esprit éloigné du corps pour supporter l'insoutenable. Le dédoublement de soi pour se protéger ?
Cependant la dissociation est une expérience quotidienne, un phénomène ordinaire. Le terme de dissociation peut être utilisé pour des expériences communes à tous les individus sans que l'on puisse parler de troubles psychiques en ce qui les concerne. Comme il peut être utilisé en hypnose sans que l'on retrouve de liens avec la psychopathologie.
La dissociation normale est couramment évoquée par un désintérêt de l'environnement. La personne qui se déconnecte de ce qu'il entoure, pense à autre chose. Cette forme de dissociation est fréquente. C'est le petit Paul qui a le regard absent, perdu dans une rêverie, pendant que le maître d'école ânonne la table de multiplication par sept. Le contact avec la réalité n'est pas vraiment perdu, la personne qui pense à autre chose, peut éventuellement poser un geste maladroit, par inattention mais elle reste dans une certaine mesure présente à l'environnement. Elle est parfaitement consciente si on lui parle. Notre conscience fluctue en permanence autour d'un certain degré de dissociation.
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