Question d'origine :
Merci de me donner des renseignements sur ce que symbolise le miroir dans la mythologie, la philosophie, les religions et la franc-maconnerie.
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 17/03/2006 à 17h44
Du verbe latin mirare, « regarder avec étonnement »
Le symbolisme du miroir est essentiellement lié à la croyance que l’image réfléchie révèle et contient l’âme de la personne. L’universalité de cette signification ne fait aucun doute et explique les superstitions relatives au miroir. A commencer par la superstition selon laquelle il est de très mauvais augure de casser un miroir, phénomène identifié avec la « cassure » de l’âme…D’autres croyances concernent les enfants et associent la fragilité supposée de leur âme à l’image spéculaire…Ces croyances viennent probablement du fait que le miroir est perçu comme un capteur d’âme, capable d’emprisonner l’énergie spirituelle du sujet et que toute personne vulnérable, notamment l’enfant, peut se trouver par la contemplation de son image vidée de son âme.
Rejoignant ces superstitions, de nombreux mythes et légendes présentent les divinités et les créatures extraordinaires (vampires, démons) comme étant dépourvues de reflet. Le miroir renvoie le vide, exprimant ainsi le caractère surnaturel (supérieur ou inférieur) de ces êtres…
Le miroir est également symbole de vanité et d’orgueil, comme le rappelle la tragique histoire de Narcisse - qui institue l’eau dans sa fonction de miroir…
Enfin, le miroir a une valeur de passage d’un monde à l’autre. Il est la porte magique qui ouvre à une autre dimension. Le personnage de Lewis Carroll, la curieuse Alice, pénètre par son intermédiaire dans le Pays des Merveilles.
Utilisé à des fins divinatoires, le miroir fonctionne comme le cristal ou la flamme de la bougie, en provoquant des visions chez l’augure, le sorcier ou le magicien. La catoptromancie, art augural antique, se base sur un phénomène d’auto-hypnose, ou la conscience flottante s’abandonne à ses visions intérieures, via le miroir.
La Mère-Eclairs, dans les mythes chinois, produit des éclairs à l’aide de plusieurs miroirs dont elle dispose et auxquels elle fait accomplir des danses…
Tezcardipoca, dieu des Aztèques dont le nom signifie « miroir fumant », symbolise le soleil brûlant de l’été, mais également la lune, en tant que divinité nocturne. Craint, redouté et vénéré tout à la fois, tel le miroir, il révèle et met à l’épreuve les âmes…
Dans l’approche psychologique, le miroir est le révélateur psychoaffectif de l’enfant. Pour Lacan, au-delà de la reconnaissance de son image dans le miroir, il s’agit surtout d’une prise de conscience de son identité propre. C’est un processus d’individuation que le stade du miroir renvoie. Comme Spitz et Winnicott, Lacan met l’accent sur l’établissement du moi, sur la différentiation entre l’intérieur et l’extérieur, mais aussi entre le reflet et la personne. Le stade du miroir, défini par Lacan, commence vers six mois pour s’achever vers dix-huit mois, et il comporte trois étapes :
1 Le Réel. Le bébé…réagit à son image reflétée dans le miroir…
2 L’Imaginaire. Le bébé commence à comprendre que le reflet est une image et non une personne réelle…
3 Le symbolique. L’enfant se reconnaît dans l’image reflétée par le miroir…
La progression, au long de ces trois étapes, établit non seulement la distinction moi/l’autre, mais la distinction moi/mon image, c'est-à-dire quelle permet aussi la dissociation du psychique et du somatique, qui sont confondus à l’origine, et de l’être et du paraître.
Pour Winnicott, le premier miroir du bébé, c’est le visage de sa mère. Lorsque le nourrisson tête, il regarde le visage de sa mère. Et quand le bébé regarde le visage de sa mère , il se voit lui-même…
Source : Dictionnaire des symboles, mythes et croyances par Corinne Morel.
La symbolique du miroir.- Cette symbolique est basée sur le principe de l’analogie, qui cherche à passer du visible à l’invisible, du connu à l’inconnu : le miroir évoque la manifestation du transcendant dans l’immanent. Cette fonction d’évocation apparaît sous divers aspects et avec une continuité remarquable dans la tradition philosophique et théologique.
Le miroir et Dieu.-Ce complexe symbolique est le plus ancien et le plus riche. Le miroir était déjà considéré comme une expression des attributs de Dieu dans la Chine et l’Egypte anciennes ; il l’est encore dans le shintoïsme du Japon. A travers Platon et le néoplatonisme , ce symbolisme est passé très tôt dans la pensée chrétienne…
Vous pourrez poursuivre la lecture de cet article dans : Dictionnaire de spiritualité Tome 10.p.1295.
Miroir : Son emploi n’existe guère qu’au 2e grade du Rite Ecossais Rectifié. Lors de la cérémonie d’augmentation de salaire, les Surveillants amènent le postulant devant un miroir caché par un rideau, le lui font écarter, et le Premier Surveillant lui dit : « Voyez vous donc tel que vous êtes. » Le sens en est le seautongnothi de la philosophie socratique, mais aussi une évocation du Cabinet de Réflexion dans son ésotérisme. Le miroir est également utilisé, et dans le même sens lors des initiations à l’Ordre du « Droit Humain ».
In : Dictionnaire de la Franc-maçonnerie sous la dir. De Daniel Ligou.
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