Question d'origine :
Est-ce un produit toxique à la longue ?
Y-a-t-il des études récentes qui ont été faites ?
Des rumeurs laissent entendre que la firme Monsanto est apparentée au pouvoir américain en place, par le truchement de son directeur. Qu'en est-il exactement ?
Les édulcorants à base d'aspartame sont-ils mauvais pour la santé ?
Réponse du Guichet
bml_sci
- Département : Sciences et Techniques
Le 28/06/2004 à 13h36
Dans le Dictionnaire de diététique et de nutrition, nous trouvons les informations suivantes :
"
L'aspartame est un édulcorant ou "faux sucre" découvert par hasard en 1965 et dont l'intérêt est de pouvoir tromper l'organisme en lui donnant la saveur mais pas les calories du sucre.
Le pouvoir sucrant de l'aspartame est 150 fois supérieur à celui du vrai sucre de table (saccharose). Sa saveur en est très proche, mais nombreux sont ceux qui lui trouvent un goût distinct et souvent même un arrière-goût, notamment dans le café. Stable dans les produits secs (chewing-gums, desserts en poudre), il vieillit mal en solution (soda, jus de fruits, yaourt). L'aspartame est altéré par la chaleur et son goût disparaît en cuisson longue ou supérieure à 120° C, ce qui réduit son emploi en pâtisserie.
L'aspartame est une découverte majeure qui oppose une ébauche de résistance à l'irrésistible montée en puissance du sucré dans l'alimentation occidentale moderne. Il fait aujourd'hui partie intégrante de l'alimentation humaine universelle, et les grands sodas sucrés se vendent aujourd'hui à parité avec leur version light.
Depuis 1988, la France reconnaissant l'innocuité absolue de l'aspartame, a rejoint la législation européenne et autorise son usage de substitution dans la plupart des aliments et boissons sucrés de la grande distribution. La seule contre-indication concerne les enfants atteints d'une maladie rarissime, la phénylcétonurie. L'emploi chez l'enfant de moins de 3 ans est déconseillé, précaution mentionnée sur l'étiquetage.
Des étude récentes ont prouvé que l'aspartame pouvait être utilisé sans inconvénient au cours de la grossesse, levant ainsi la dernière incertitude d'usage.
A ce beau consensus, une note discordante cependant. Des réserves sont parfois émises sur l'intérêt réel du concept même d'édulcorant. Certains nutritionnistes redoutent que cette liberté d'usage n'entretienne le goût et le besoin de sucre. L'effet de leurre lui-même a pu être contesté. Trompé sur la saveur, l'organisme ne le serait pas sur la valeur nutritive et compenserait en consommant davantage.
Les derniers travaux actuels ont introduit un peu de subtilité et de clarté dans le débat. Il est ainsi prouvé que l'allègement en sucre, s'il est compensé, ne l'est que partiellement, et dépend surtout de l'âge du sujet, mais aussi de son adiposité et de son activité physique. Ainsi, l'organisme de l'enfant se laisse moins tromper et compense davantage le manque calorique que celui de l'adulte.
La conclusion est donc très simple. L'usage des édulcorants, et tout particulièrement de l'aspartame qui domine le marché, devrait être réservé à ceux qui en ont réellement besoin : les diabétiques et les obèses, et peut-être davantage encore ceux qui présentent le risque de le devenir.
Cependant, le marché, qui donne le ton, et le public, qui le suit, semblent en avoir décidé autrement, négligeant ces conseils de bon sens.
Il reste cependant à rappeler que l'usage de faux sucre chez l'enfant de 4 à 12 ans doit être encadré, car il présente le risque d'un usage essentiellement sensoriel, indépendant de tout aspect nutritionnel. Manger, ou surtout boire, pour le seul plaisir, sans faim ni soif, peut instaurer une dépendance de bouche au sucré, non préoccupante en soi tant qu'il existera des édulcorants, mais qui peut ouvrir la voie à d'autres dépendances ultérieures bien plus préoccupantes".
Dans Toxic-bouffe le dico, l'auteur confirme que la mise sur le marché de ce produit a été longue :
" Il fallut presque dix ans de recherches pour que cette substance soit enfin autorisée aux Etats-Unis, recherches autant inspirées par des soucis de santé publique que par des enjeux financiers. C'est pourquoi nous disposons d'un nombre considérable de publications scientifiques de valeur sur cette molécule, et on ne peut pas en dire autant d'autres substances.
On a craint récemment que l'aspartame soit neurotoxique pour des malades souffrant de la maladie de Parkinson, puisque certains de ces patients sont traités à la lévo-dopa. La phénylalanine, qui compose en partie l'aspartame, ressemble tant à la lévo-dopa que les chercheurs se sont demandés si elle ne pouvait pas entrer en compétition avec elle dans le cerveau. Il n'en est rien, même lorsque l'on donne aux sujets une gélule contenant 1,2 g d'aspartame, c'est-à-dire une grosse quantité dans le cas d'un édulcorant intense.
Cependant, une forme de neurotoxicité a été évoquée, il y a quelques années, à la suite d'une quarantaine de crises d'épilepsie survenues après l'ingestion de produits "light" contenant de l'aspartame. La chose a été vérifiée, puisque l'ingestion d'aspartame par les enfants sensibles se traduisait immédiatement par des perturbations de l'électroencéphalogramme.
Un deuxième cas de toxicité doit être signalé et concerne les individus porteurs d'une déficience génétique : la diphényl-cétosurie, cause de retards mentaux (une personne sur dix mille est porteuse de cette déficience). Ce n'est pas à l'aspartame stricto sensu que ces personnes réagissent, mais à la phénylalanine qui le compose en partie, un acide aminé parfaitement banal que l'on rencontre dans tous les aliments protéiques.
Pour ce qui est des allergies à l'aspartame, et sur plusieurs dizaines de patients convaincus d'en souffrir, des tests en aveugle (le patient ne sait pas s'il ingère la substance incriminée ou un placebo) furent réalisés et aucun des sujets ne se revéla véritablement hypersensible à l'édulcorant.
Il n'a jamais été montré, chez l'animal d'expérience et jusqu'à ce jour, un quelconque effet cancérogène ou tératogène de cet édulcorant.
L'aspartame contient un contaminant, la dicétopipérazine, sur lequel des doutes avaient été émis et dont la proportion augmente lorsque l'édulcorant est chauffé. C'est la raison pour laquelle il est recommandé de ne pas faire chauffer l'aspartame. La législation française ne tolère que les lots d'aspartame contenant moins de 1,5% de ce contaminant. De plus, des études récentes tendent à prouver que cette dicétopipérazine n'interfère avec aucune des voies métaboliques testées."
L'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) a réafirmé l'innocuité de l'aspartame esculape et a publié un rapport sur la "question d'un éventuel lien entre exposition à l'aspartame et tumeurs au cerveau" que vous pouvez lire sur le site du CHU de Rouen.
En complément, pous pouvez également consulter les sites suivants :
- la diététique en question
- weballergies.
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 28/06/2004 à 14h17
Le PDG actuel du groupe Monsanto, Hugh Grant, a été nommé en 2003 à la suite de la démission du précédent Président, Hendrik Verfaillie. Ecossais d'origine, titulaire d'un doctorat en agriculture décerné par l'Université d'Edimbourg et d'un Master en administration d'entreprise de l'IMC de Buckingham, il a intégré la division écossaise de Monsanto en 1981. Il ne semble pas avoir de quelconques relations privilégiées avec le pouvoir américain, et, en tout cas nous n'en n'avons pas trouvé mention dans la presse francophone ou anglophone.
Vous pouvez trouver l'intégralité de sa biographie (en anglais) sur ce site.
Une polémique a cependant bel et bien existé au moment de la mise sur le marché par Monsanto et sa filiale Nutrasweet de l'aspartame dans les années 90. Mais elle était tout autant liée à un problème de monopole et de dumping qu'à un débat relatif à l'innocuité de ce produit.
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