Question d'origine :
Bonjour,
Je vous serais très reconnaissant de bien vouloir me dire si le fait d’être d’origine chrétienne est indispensable pour être canonisé ou bien acquérir le titre de sainteté . Autrement dit est-ce que dans l’histoire de l’Eglise catholique il y a eu des personnes canonisés (mort ou vivants) qui n’ont pas été nées dans un milieu catholique ou même chrétien? Comme vous le savez il y a eu d’innombrables personnes dans l’histoire qui ont marqué leur époque par leurs actes remarquables, dévotion aux autres ainsi que leur sacrifice pour une cause divine et qui ont fait aussi d’innombrables miracles. On en trouve dans toute les sociétés et religions, parmi les juifs, bouddhistes, musulmans, hindous et même les incas. Est-il possible qu’un jour l’église catholique reconnaisse et même canonise les grandes âmes universelles appartenant aux autres religions ? Avez-vous un exemple d’un tel cas de canonisation? En fait qui sont ceux qui décident si une personne mérite d’être canonisée ou pas? J’ai lu les critères de sainteté de l’Eglise catholique sur certains site internet et il n’est jamais directement fait mention que la personne doit être catholique et je ne sais pas si au cours de l’histoire les non-catholiques ont été canonisés par l’Eglise catholique. A l’époque où le monde s’approche de plus en plus mais les animosités entre les peuples ne cessent de s’accroître n’est-ce pas aux détenteurs des religions de faire le premier pas pour universaliser la foie qui en fin de compte fait partie de la nature de l’homme quelque soit sa race, son origine, sa religion ou son milieu social ?
Merci d’avance pour votre réponse
Bien cordialement ,
Médard SAMIMI
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 09/02/2006 à 15h42
La canonisation est un rituel suivi par l'Église catholique et les Églises orthodoxes, permettant d'ajouter une personne au nombre des saints.
Dans l'Église catholique
Ce rituel suit des règles et des cérémonies définies par l'Église catholique. On parle de procès en canonisation. Ce procès est instruit par la Congrégation pour les causes des saints, l'une des congrégations romaines du Vatican, sise place Pie XII à Rome. La procédure est actuellement (2004) régie par la constitution apostolique Divinus perfectionis Magister du 25 juin 1983.
Aujourd'hui, pour être reconnue comme sainte une personne doit remplir plusieurs conditions. Elle doit être décédée, avoir mené une vie chrétienne exemplaire et avoir accompli au moins deux miracles.
Introduction de la cause
Le procès en canonisation commence par la déclaration nommant « vénérable » la
Si la requête est acceptée, c'est ensuite l'évêque, ou un délégué, qui est chargé d'instruire le dossier. Au terme de son enquête, si l'évêque le juge pertinent, il transmet la cause à la Congrégation pour les causes des saints, qui mène l'instruction finale.
Déroulement du procès
De la même façon que dans un procès criminel, l'accusation et la défense s'affrontent, dans un procès en canonisation, le postulateur de la cause tente de montrer que le bienheureux est digne d'être canonisé, tandis que le promoteur de justice (surnommé « Avocat du diable ») tente de prouver le contraire. Au terme de ce procès, les cardinaux et les évêques constituant la Congrégation rendent leur verdict suite à un vote.
La relation des travaux de la congrégation ainsi que le verdict sont ensuite remis au pape, qui décrète ou non la canonisation lors d'un consistoire. Elle peut ensuite être proclamée au peuple catholique.
Au total, la procédure est longue. Elle peut prendre plusieurs dizaines d'années. Par ailleurs, certains saints bien connus ont attendu parfois plusieurs siècles leur consécration. C'est le cas de Jeanne d'Arc, morte en 1431 et canonisée en 1920. La longueur de chaque procès est toujours l'objet de commentaires. On a pu dire de Jean-Paul II, dont le règne a vu un grand nombre de canonisations, qu'il canonisait beaucoup plus rapidement que ses prédécesseurs. On peut en prendre pour exemple la béatification d'Agnes Gonxha Bojaxhiu (Mère Teresa), intervenue en 2003, six ans seulement après sa mort.
Néanmoins, au Moyen Âge, l'Église catholique a également connu des canonisations très rapides. Parmi les records figurent Thomas Becket, canonisé en trois ans, Pierre de Vérone et Antoine de Padoue canonisés en un an.
Source « Wikipedia.org »
La canonisation est, dans l'Église catholique, l'acte par lequel un personnage est proclamé officiellement saint, c'est-à-dire arrivé à l'union parfaite avec le Christ. La notion de sainteté existe dans le christianisme dès l'origine, car, « appelés par Dieu, non au titre de leurs œuvres mais au titre de son dessein et de sa grâce, justifiés en Jésus notre Seigneur, les disciples du Christ sont véritablement devenus dans le baptême de la foi fils de Dieu, participant de la nature divine et, par conséquent, réellement saints » (Vatican II, Lumen Gentium, 40).
La primitive Église a d'emblée tenu pour saints la Vierge Marie, les apôtres et Jean-Baptiste, le précurseur. Très tôt, elle éprouve aussi le besoin de contempler dans les martyrs des modèles à imiter et des intercesseurs à invoquer : la communauté ecclésiale à qui ils appartenaient les proclame saints, et leur rend un culte liturgique au dies natalis, jour de leur naissance au Ciel, c'est-à-dire jour où ils ont été mis à mort. Ce culte connaît à la fin des persécutions un essor remarquable, stimulé par l'inventio, « découverte » de lieux de sépulture oubliés, et nourri par les Actes des martyrs qu'ont rédigés des témoins... ou des auteurs inventifs ; le culte est contrôlé par les évêques, qui entendent éviter abus et déviations. En même temps, il s'étend aux confesseurs non martyrs, à commencer par les docteurs de l'Église ; dès le VIe siècle apparaissent les premiers martyrologes, et des Vies ou Passions de saints. Les évêques, soucieux de prévenir les excès, sanctionnent eux-mêmes la sainteté de ces modèles en procédant à des cérémonies de transfert (translatio) ou d'élévation (elevatio) des reliques, qui constituent une véritable reconnaissance officielle de sainteté. C'est pratique courante dès le VIIIe siècle, renforcée bientôt par un effort de centralisation : les évêques consultent le synode diocésain ou provincial, voire le synode des évêques du royaume pour donner plus de poids à leur choix.
En 993, le pape Jean XV proclame la sainteté de l'évêque Ulrich d'Augsbourg, mort vingt ans auparavant, dont le successeur, Ludolphe, avait présenté au synode romain une Vita ; pour appuyer sa décision, il promulgue une bulle - la première bulle de canonisation connue - destinée aux clergés de Francie et de Germanie, et ordonnant que la mémoire du prélat soit solennellement vénérée. Mais le terme canonizare n'apparaît que quelque années plus tard, dans la bulle adressée au comte de Mantoue où Benoît VIII confirme le culte de l'ermite Siméon de Padolirone (mort en 1016). De leur côté, les évêques prennent l'habitude de solliciter du pape la ratification de leurs initiatives, si bien que peu à peu se fait jour l'idée d'une autorité pontificale dans les canonisations. À la faveur de la réforme grégorienne, la canonisation papale remplace peu à peu la translatio épiscopale, et dès la fin du XIIe siècle, la réserve au seul pontife du droit de canonisation est inscrite dans les faits, sinon dans les textes. En 1234, l'introduction du bref Audivimus dans les Décrétales de Grégoire IX consacre, en droit du moins, cette prérogative. Au XIIIe siècle, Innocent IV définit la canonisation :
« Canoniser consiste à décider en toute régularité et de façon canonique qu'un saint soit honoré comme tel, c'est-à-dire qu'il lui sera rendu un culte solennel comme on le fait pour les saints de la même catégorie : s'il s'agit d'un confesseur, que l'on célèbre pour lui l'office des confesseurs ; s'il s'agit d'un martyr, l'office des martyrs, et ainsi de suite. »
Telle est la loi, mais dans la pratique, nombre d'évêques continuent d'effectuer, de leur propre initiative, des translations in loco decentiori (formule consacrée signifiant : au lieu approprié) ; le plus souvent confirmations de cultes anciens, elles ont pour les fidèles autant d'importance, sinon plus, que les canonisations pontificales.
Il faut attendre la fin du XVIe siècle pour que la législation en matière de canonisations soit définitivement fixée : le 22 janvier 1588, par la constitution Immensa Aeterni Dei, Sixte Quint crée la congrégation des Rites, à laquelle il confie, entre autres, le soin de traiter des causes des saints, avec les deux étapes désormais obligatoires : la béatification consacrant un culte limité à un lieu ou à un ordre, et la canonisation consacrant un culte universel. La procédure est précisée par Prospero Lambertini, futur pape Benoît XIV, dont le traité De servorum Dei beatificatione et de beatorum canonizatione (4 vol. 1734-1758) fera autorité jusqu'à la réforme du droit canon de 1917.
En 1930, Pie XI institue une section historique à la congrégation des Rites, à laquelle sont confiées les causes « historiques » (celles qui nécessitent une étude critique), et en 1939 il renvoie aux évêques concernés l'instruction de ces causes, rendant superflu tout procès romain. Paul VI le suit dans cette voie décentralisatrice en établissant que, désormais, pour toute cause, ancienne ou récente, on ne fera plus qu'un procès, instruit par l'évêque avec l'autorisation du Saint-Siège (lettre apostolique Sanctitas clarior du 19 mars 1969) ; puis il institue, le 8 mai de la même année, la congrégation pour les Causes des saints. Une dernière réforme, visant à simplifier la procédure et à associer davantage les évêques à la question, est exposée dans la constitution apostolique de Jean-Paul II Divinis perfectionis magister, du 25 janvier 1983.
Désormais, il appartient à l'ordinaire (l'évêque diocésain) d'ouvrir la procédure en vue de la béatification d'un serviteur de Dieu soit d'office, soit à la demande de fidèles. Il confie à un postulateur le soin de mener une enquête sur la vie de la personne et, le cas échéant, sur ses écrits. Si ces enquêtes sont positives, il transmet le dossier à la congrégation pour les Causes des saints, où le collège des Rapporteurs étudie, avec l'aide de collaborateurs externes, les causes qui lui sont confiées, puis prépare le dossier ou positio sur les vertus ou/et le martyre du serviteur de Dieu. Une commission spéciale étudie la question des miracles, avec des médecins et des théologiens. Il appartient aux consulteurs de la congrégation de voter la validité et la recevabilité de ces diverses démarches : leurs conclusions sont soumises aux cardinaux et évêques de la congrégation, qui étudient encore le cas avant de remettre leur avis au pape : c'est à ce dernier seul que revient de droit la décision sur la béatification, puis sur la canonisation.
Depuis l'application de la procédure définie par la congrégation des Rites en 1588, les papes ont procédé - jusqu'au pontificat de Jean-Paul II - à 657 béatifications et 277 canonisations. Au XXe siècle, le rythme des canonisations et béatifications s'est accéléré. Jean-Paul II, à la veille de sa vingtième-cinquième année de pontificat, a béatifié et canonisé davantage que tous ses prédécesseurs réunis : 1 297 nouveaux bienheureux et 468 nouveaux saints.
In Encyclopédie Universalis
Pour approfondir :
Pourquoi l’église fabrique des saints sous la direction de Christian Terras
Le « saint » existe dans toutes les religions mais seule l’église catholique romaine, qui béatifie et canonise depuis des centaines d’années, s’est dotée d’un processus formel très élaboré pour reconnaître ses saints…pourquoi certains sont jugés dignes d’être canonisés…une partie d’explication est fournie par l’histoire. Nous commencerons donc par examiner comment ce qui, à l’origine, était l’acte spontané d’une communauté locale, s’est transformé au point d’aboutir à un processus extrêmement strict mis en place par la hiérarchie du Saint Siège et dont l’étape ultime est la canonisation. Il y a 2000 ans le saint est un « martyr », Etienne, dont nous pouvons lire le récit de la mort dans les Actes des apôtres sera le premier Saint canonisé par l’Eglise. Une lecture attentive du texte nous convainc qu’il y a là analogie délibérée entre son destin et celui de Jésus. Le critère principal de la sainteté est d’abord l’imitation de Jésus-Christ…Très vite apparaît une tension entre la vénération populaire d’une part et d’autre part les efforts des autorités religieuses pour contrôler la prolifération des Saints et de leur culte au singulier, concentré d’abord autour d’une tombe te de quelques reliques, d’un autel ensuite, plus tard enfin d’une église.
Citons aussi Les Saints, des êtres de chair et de ciel par Sylvie Barnay
Le terme « canoniser » fait son apparition dans le vocabulaire juridique au tournant des Xème et XIème siècles. Il consiste à inscrire le Saint sur la liste officielle ou « canon » des Saints auxquels il est permis de rendre un culte. La canonisation papale l’emporte progressivement sur l’ancienne approbation épiscopale. L’affirmation croissante de l’autorité pontificale liée à sa transformation en monarchie centralisée transforme les usages. Au lendemain de la réforme grégorienne qui renouvelle en profondeur la chrétienté, elle conduit les églises locales à s’adresser directement à Rome pour légitimer un culte. Avant 1100, l’idée s’est imposée dans les milieux cléricaux que personne ne peut être canonisé sans l’autorisation apostolique.
La canonisation devient politique papale. A la fin du XIIème siècle, le pape Alexandre III fait interdire le culte spontané rendu en Suède à son roi Eric assassiné par une fraction rivale un soir de beuverie. Par contre, il fait canoniser aussitôt après sa mort Thomas Becket, l’archevêque de Cantorbery, assassiné dans sa cathédrale le 29 décembre 1170, par les chevaliers du roi Henri II plantagenêt. Il entend en faire un symbole : celui de la supériorité de l’autel sur le trône, du pape sur le Roi. Son nom est inscrit officiellement au calendrier romain des Saints. C’est une première : aucun Saint contemporain n’y figurait jusque là. Sous le pontificat d’innocent III, le droit de canoniser les saints est réservé à la papauté en vertu de la plenitudo potestatis (plénitude du pouvoir) des successeurs de Saint Pierre. En 1234, ce droit est introduit dans les Décretales de Grégoire IX, législation officielle de l’Eglise. Le Saint fait désormais l’objet d’une vérification à l’aide d’une procédure d’enquête normalisée appelée « procès de canonisation ».
Pour élargir, vous pouvez également consulter :
*Des Saints, des Justes, notre quête de compassion et de surnaturelparu dans la collection Autrement.
*Comment l’église fait les saints de Kenneth L. Woodward.
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