Question d'origine :
A quand remonte la technique de la dorure sur plomb?
Se faisait-elle par martelage? Mixion?
Dans RABELAIS (Pantagruel), l'expression "...fin à dorer comme une dague de plomb..." est-elle une impossibilité technique?
Ch.XV ; lignes 6/7.
Merci de votre recherche.
Réponse du Guichet
bml_art
- Département : Arts et Loisirs
Le 25/01/2006 à 14h08
La dorure sur plomb est pratiquée de façon tout à fait commune. Aussi, en terme technique, il n’est pas impossible de dorer une dague de plomb. Les procédés de dorure du plomb sont les mêmes que pour les autres métaux. Ces procédés sont en assez grand nombre, mais quelques uns seulement ont reçu des applications importantes :
La dorure en plaque (soudure de fines lamelles d'or par chauffage ou par pression mécanique)
La dorure à la feuille (martelage) : réduction de l'or en feuilles minces, appliquées à l'aide de différents mordants
La dorure au mercure ou dorure au feu, que l’on ne pratique plus aujourd’hui en raison du caractère très nocif du mercure pour l’homme.
La dorure au trempé ou dorure par immersion : poudre d'or liée à différentes substances chimiques chauffées
La dorure galvanoplastique (immersion de la pièce métallique dans un bain d'or chaud ou froid soumis au passage d'un courant électrique qui fixe les particules).
La dorure au mercure et au trempé sont décrites minutieusement dans l’ouvrage de W. Maigne & O. Mathey conservé au Fonds ancien de la bibliothèque municipale de Lyon et intitulé "Nouveau manuel complet de dorure, argenture et nickelage sur métaux".
D’un point de vue historique, voici un bref aperçu chronologique établi par les auteurs de l’ouvrage ci-dessus :
« Dorer, argenter, nickeler, etc., un objet, c’est couvrir sa surface d’une couche mince d’or, d’argent ou de nickel, dans le but de lui donner plus d’éclat , plus de valeur, et surtout pour le préserver de l’oxydation et des altérations diverses auxquelles sont exposées les métaux ordinaires. Si l’on s’en tient à cette définition générale, la dorure et même l’argenture étaient pratiquées dès la plus haute antiquité.(…) Dans les deux cas, quoi qu’il en soit, il nous parait que la première forme de la dorure et de l’argenture se rapprochait beaucoup des procédés qui nous donnent le doublé d’or et le plaqué d’argent. On lamait l’or pour les réduire en feuilles extrêmement minces. Plus tard, on substitua ces feuilles battues aux lames beaucoup plus épaisses et on les appliqua sur les surfaces à dorer par la pression du brunissoir à chaud. (…) La dorure au mercure vint ensuite. Cette méthode fut la seule en usage jusqu’à la découverte de la méthode de dorure au trempé. La dorure subit un essor (..) par l’emploi des méthodes électrochimiques. »
Dans le contexte de l’expression « fin à dorer comme une dague de plomb » utilisée dans « Pantagruel » de Rabelais au chapitre 16, il ne s’agit pas de lire les termes juxtaposés dans leur sens premier. En réalité, il n’est pas question de dorure de dague de plomb mais, dans un second niveau de lecture, de grossierté et de finesse. En effet, l’expression « fin à dorer comme une dague de plomb » au chapitre 16 est employée pour décrire le personnage de Panurge, tant sur le plan physique que morale puisqu’elle est la fusion de deux expressions populaires employées pour qualifier une personne au physique peu épais et à l’esprit lourd, grossier mais tout en affectant la finesse d’esprit. Les deux expressions juxtaposées sont : " fin à dorer" et "fin comme une dague de plomb". La première expression est expliquée en ces termes dans les Notes et variantes page 1296 des Oeuvres complètes de Rabelais publié dans la collection Bibliothèque de la Pléiade « Fin à dorer se dit proprement de l’or qui est si fin qu’on s’en peut servir pour dorer : à quoy toutes fois il est requis ‘employer du plus fin : tellement que, quand on dit d’un homme qu’il est fin à dorer il faut entendre qu’il est superlativement fin ». H. Estienne, Precellence, p. 45, cité par Huguet, art. « Dorer ». ». La seconde expression signifie selon le dictionnaire Trésor de la langue française« Être fin comme une dague de plomb. Affecter la finesse alors que l'on est lourd, grossier (cf. J.-F. ROLLAND, Dict. mauv. lang., 1813, p. 47). ». Cette précision est présentée dans la définition en ligne du mot "dague".
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