Question d'origine :
Dans le cadre de l'Antiquité grecque et romaine, existe-t-il des écrits :
- qui sont à tonalité "féministe"
- ou du moins qui d'une manière ou d'une autre critiquent les hommes en général ?
Si oui, lesquels ?
Merci.
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 12/01/2006 à 14h05
C'est à partir de la IIIe République qu'on commence à utiliser le mot de "féminisme" pour désigner l'aspiration des femmes à l'égalité, la prise de conscience de leur subordination, (de leur oppression ?), leur désir de devenir ce que la Révolution et L'Empire leur ont refusé d'être : des individus libres et des citoyennes……..On pourrait considérer que le mouvement politique et social était apparu dès la Révolution avec Olympe de Gouges ; il traverse XIXe et XXe siècle.
En 1869 paraît une œuvre importante dans l’histoire du féminisme : l’asservissement des femmes de John Stuart mill où il s’efforce de démontrer la nécessité d’accorder aux femmes l’égalité avec les hommes.
Dans le cadre de l’Antiquité grecque et romaine, le terme est bien évidemment totalement anachronique et vain, étant donné le peu de "place" qu'occupait la femme dans l’antiquité :
Athènes nous a laissé un héritage de séparation des hommes et des femmes, de leurs rôles et de leurs espaces : séparation que connaissent encore, à des degrés divers, bien des secteurs de la Méditerranée. Gymnases et banquets masculins sont présents sur les vases comme les toilettes féminines et les fontaines. La cité inventa également la vie politique et la démocratie au masculin... La langue grecque ignorait le terme de « citoyenne » ou même celui « d'Athénienne». Il y avait la "race des femmes", maudite et dangereuse. Sans accès à la vie publique, sauf certaines cérémonies religieuses, les femmes, qui cependant transmettaient la citoyenneté, étaient cantonnées dans l'espace de la maison (gynécée). Formalisée, cette séparation totale des lieux et des tâches était référée à la nature (cf. l'Economique de Xénophon). Les dominées ont leurs réactions de défense, les dominants leurs justifications et cela se perd dans la nuit des origines... D'ores et déjà, les stéréotypes sur la ruse, le mensonge, la vanité, la coquetterie, la curiosité, la fragilité, la jalousie, l'irascibilité, la violence des femmes... sont en place. Ils sont vécus par les humains comme par les dieux. Cependant, nous avons également des échos de personnalités complexes, variées ; il y a une tradition de l'exceptionnel, des transgressions possibles (nécessaires ?) qui, sans doute, confirment les règles : ainsi la brillante Aspasie, compagne de Périclès, Milésienne, courtisane cultivée de haut vol, laissa des traces jusque chez Platon. "Nous avons des hétaïres pour les plaisirs de l'esprit" (Démosthène). Quant aux auteurs dramatiques, ils peignaient des individualités féminines dressées contre la raison d'État et la guerre : Antigone, Lysistrata... Les domaines couverts par les déesses étaient vastes, ne se limitant pas à la fécondité et à la fertilité ; la sagesse, les arts et les techniques, la chasse sont de leur ressort... Il est intéressant de noter celles de ces divinités qui n'avaient que des pères...
A Rome, la tradition rapporte qu'hommes et femmes, sous l'autorité du "pater familias", partagèrent l'austérité qui fit la force de la République. L'iconographie (stèles, sarcophages, peintures), de la République à la fin de l'Empire, fait une place importante aux couples unis. Mais les bénéfices de la conquête auraient apporté luxe et relâchement des moeurs, et des femmes. Celles-ci, d'autant plus redoutables qu'instruites et plus libres sous l'Empire, auraient été l'avant-garde sinon les responsables de cette décadence sans cesse déplorée... Un fort courant misogyne, qui met l'accent sur la dépravation féminine, marque l'Empire ; Juvénal est un de ses représentants.
In : ce site Brève histoire des femmes
Lire , pour compléter, les ouvrages suivants:
Histoire des femmes en occident : l’Antiquité sous la dir. de Georges Duby et Michelle Perrot
Les femmes ou les silences de l’Histoire de Michelle Perrot
Les femmes grecques à l’époque classsique de Pierre Brulé
et Pour conclure : « une lecture féministe » des textes de l’antiquité grecque et romaine dans
L ' Histoire générale du féminisme. Des origines à nos jours de Léon Abensour écrite en
Deux chapitres :
La question féministe en Grèce
-A rome : l’assujettissement et le triomphe des femmes
la Grèce : à la p. 52 : sans doute , nous ne possédons aucun manifeste féministe, aucun traité de l’excellence des femmes, aucun texte historique qui mentionne une émeute de suffragettes.. N’importe , le mouvement féministe caché comme tant de profonds courants d’idées, se révèle à l’historien préoccupé de ces rapprochements qui jettent sur des points obscurs une si grande lumière d’abord par ces documents inappréciables : les deux comédies d’Aristophane : Lysistrata et l’ Assemblée des femmes… Rappelons –en – les sujets : Voulant forcer leurs maris à terminer une guerre dont elles souffrent, les femmes athéniennes, commandées par la hardie Lysistrata décident de faire la grève conjugale. Et tandis que leurs maris se morfondent dans leurs demeures solitaires, elles négocient elles- mêmes la paix avec les déléguées de Lacédémone… la pièce des Harangueuses ou l’Assemblée des femmes est plus nette encore. Praxagora sus le simple prétexte que les hommes gouvernent mal,appelle toutes ses compagnes à la révolte….
Rome
Caton et les sufragettes romaines : p.61 lorsque est finie la grande guerre, les femmes de rome, comme les athéniennes du temps d’Aristophane songent donc à obtenir dans l’Etat, dans la société un rôle plus grand.Sénèque.
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