Question d'origine :
bonjour
il y a quelques dizaines de milliers d'années les hommes partis du moyen orient colonisent petit à petit de nouveaux territoires....
sachant que la population humaine "mondiale" était de quelques millions (combien?), que la superficie des terres aux conditions climatiques et alimentaires "agréables" doit représenter 90% des terres émergées, la question que je me pose: pourquoi aller s'établir dans des régions aussi rudes que la banquise ou le désert alors qu'à cette époque c'est pas la place qui manque ailleurs.... et ce n'était pas du simple "tourisme" puisque les populations qui s'y sont installées l'ont fait suffisament longtemps pour y acquérir des traits morphologiques spécifiques et ont préféré développer des stratégies de survie complexes (voire précaires) plutot que de revenir vers des régions plus "confortables" ?
merci de vos indications
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 06/01/2006 à 17h15
Dans votre énumération des territoires inhospitaliers (banquise, désert), vous oubliez la forêt, la haute montagne… Mais les hommes ont-ils « choisi leur territoire » comme vous le feriez d’une maison de campagne ? Nous ne pouvons certainement pas donner les raisons particulières, et « subjectives », pour lesquelles un groupe « humain » (ou animal) a élu un territoire plutôt qu’un autre (opportunité de ressources, concurrence, empreinte culturelle ?) mais nous pouvons au moins essayer d’abandonner le regard ethnocentrique qui nous fait conjuguer pénurie de ressources avec pauvreté et mal-vivre.
L’histoire humaine est jalonnée de migrations et de conquête de nouveaux territoires. Les modes d’appropriation de ces territoires sont plus ou moins connus et ont emprunté des formes variées, liées aux ressources naturelles et aux structures sociales du groupe considéré. C’est au Néolithique qu’apparaît le processus de sédentarisation, lié à une économie de production d'espèces végétales cultivées et animales domestiquées. Mais ont subsisté diverses formes de nomadisme : un nomadisme des prédateurs (peuples chasseurs, pêcheurs ou collecteurs : nomadisme lié à la plus ou moins grande richesse du milieu selon les périodes de l’année ou à des migrations animales comme celles du bison, du phoque), un nomadisme pastoral à déplacement saisonnier en fonction des points d’eau, qui ont permis l’occupation de zones arides sans épuisement des ressources. « Nomadisme et semi-nomadisme ont réalisé… un mode d'occupation du sol assurant une exploitation minutieuse et très complète de milieux naturels particulièrement défavorables et de faible productivité à l'unité de surface »
Cf Encyclopaedia universalis
Pour revenir à votre question, la lecture du livre de Marshall Sahlins, Age de pierre, âge d’abondance vous permettra de comprendre, à partir de l’exemple des sociétés premières, que l’économie archaïque n’est pas synonyme d’économie de subsistance et de pauvreté. Il démontre qu’au contraire elle est « la première et jusqu’à présent la seule société d’abondance ». « On produit un minimum suffisant pour satisfaire à tous les besoins, mais on s’arrange pour produire la totalité de ce minimum. » Il s’agit d’un « système foncièrement hostile à la formation de surplus » et centré sur le bien-être de la communauté…
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