Question d'origine :
en faite j'ai une question a vous posez .le charactère est-il inné ?ou bien acquis?merci d'avance.
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 05/01/2006 à 11h40
La question que vous nous soumettez soulève de vifs débats et le problème est loin d'être tranché.
Voici un extrait de l'ouvrage intitulé La personnalité : description, dynamique et développement de Susan C. Cloninger p. 375, que nous vous invitons à venir consulter :
Si l'on considère la variabilité des personnalités d'un individu à l'autre, quelle serait la part de l'hérédité dans ce processus ? Le domaine de la génétique comportementale étudie l'impact de l'hérédité sur la personnalité ainsi que sur le reste du comportement. On a accumulé des témoignages affirmant que l'hérédité joue un rôle éminent dans la détermination de la personnalité. Selon Sandra Scarr (1987) qui a enquêté sur ces témoignages, les généticiens du comportement ont considéré que 25 à 40% de la variabilité totale ont leur origine dans l'hérédité. Ceci est un résultat considérable, puisque la personnalité classique, selon les théories en vigueur, a amplement ignoré l'hérédité et a, au contraire, considéré l'expérience comme le déterminant fondamental de la personnalité, particulièrement la façon dont l'enfant est traité par sa famille. Selon Hans Eysenck, les récentes avancées de la génétique « nécessitent d'accomplir une révolution dans la pensée actuelle au sujet du développement de la personnalité » (1990b, p. 251).
[...]
Voici quelques extraits d'un article paru dans la revue Sciences Humaines n°54 (octobre 1995) : Inné/acquis : le grand débat
L'influence des facteurs génétiques et environnementaux chez l'être humain est un thème difficile à aborder pour plusieurs raisons : la complexité des phénomènes étudiés, les difficultés méthodologiques pour avancer des preuves incontestables, les chasse-trappes idéologiques qui parsèment ce domaine de recherche.
Le débat porte en fait sur trois niveaux d'analyse. Le premier niveau concerne l'espèce humaine dans son ensemble, la question posée étant : "Y a-t-il des invariants qui permettent, dans une certaine limite, de parler de nature humaine ?"
Le deuxième niveau examine les différences entre grands groupes humaines, soit entre hommes et femmes, soit entre groupes ethniques. Enfin, un troisième niveau concerne les différences interindividuelles.
Par ailleurs, les thèmes de l'étude sur l'inné-acquis sont très nombreux. On peut les regrouper en trois grandes catégories : les traits de personnalité et les comportements (agressivité, sociabilité, sexualité, émotions, ...), les maladies mentales, l'intelligence.
La théorie du déterminisme génétique la plus élaborée est la sociobiologie. Elle porte notamment sur la sociabilité (comportements altruistes, au sens de la protection des membres de son groupe génétique), la hiérarchie et la répartition sexuelle des rôles. [...]
Opposés au principe d'un déterminisme génétique, beaucoup de philosophes et d'anthropologues ont développé la thèse "environnementaliste" selon laquelle la plupart des comportements humains sont le fruit non d'une nature («innée»), mais de la culture («acquise»). L'homme se distingue de l'animal par sa culture, c'est-à-dire sa capacité à créer son propre environnement fondé sur les techniques,
le langage, les lois... Cette particularité serait liée paradoxalement à un support biologique : le développement du cortex cérébral. [...]
Une longue tradition, regroupant diverses disciplines (comportementalisme, sociologie, psychologie sociale) attribue essentiellement à l'environnement socioculturel l'origine des comportements humains.
Par exemple, les travaux issus de la théorie de l'apprentissage social ont montré que l'individu (surtout le jeune enfant) pouvait apprendre à être agressif en imitant le comportement d'adultes perçus par lui comme des modèles de comportement (voir l'article de Gabriel Moser p. 24).
Un autre type de recherches concerne la « personnalité autoritaire ». A la fin de la Seconde Guerre mondiale, des chercheurs ont tenté de comprendre la psychologie des officiers nazis. Le travail le plus élaboré fut celui de Theodor Adorno et de son équipe. A partir de centaines d'interviews, ils ont dégagé le concept de personnalité autoritaire, ensemble comprenant notamment la valorisation du pouvoir et de la fermeté, l'existence de catégories sociales
rigides, la soumission de l'individu à une autorité idéalisée, des attitudes positives à l'égard de son groupe d'appartenance et le rejet des autres groupes.
Or, les individus à personnalité autoritaire avaient grandi dans des familles où la discipline était très sévère et menaçante, avec une stimulation de l'esprit de compétition. Selon Adorno et ses collègues, cette forme d'éducation entraîne chez l'enfant de l'hostilité envers ses parents. Mais, réprimée lors de l'enfance, elle est finalement projetée sur les minorités ethniques à l'âge adulte.
Mais depuis une vingtaine d'années, de nombreux travaux en génétique du comportement visent à mesurer l'influence de facteurs génétiques sur divers traits de personnalité. Deux principales méthodologies, les études sur les enfants adoptés et sur les jumeaux, ont été utilisées pour préciser les influences respectives de la génétique et de l'environnement sur la personnalité, les troubles mentaux et l'intelligence.
Dans un dossier consacré par la revue Science à la génétique du comportement humain, Charles C. Mann précise que cette discipline, après avoir été mise à l'index durant de longues années particulièrement en raison des atrocités nazies, est de plus en plus acceptée dans l'univers scientifique.
Trois raisons à cela : l'accumulation de plus en plus importante de données sur ce thème chez les animaux, de larges études sur les jumeaux et les enfants adoptés, enfin, l'acceptation générale de l'idée d'interaction entre facteurs génétiques et environnementaux.
Les thèmes abordés sont très divers : extraversion, mode de sociabilité (relations chaleureuses ou distantes), homosexualité, alcoolisme, violence, ainsi que de multiples troubles psychiatriques tels que la schizophrénie, la démence sénile, l'autisme.
Cependant, la prudence est de mise dans ce domaine. Il arrive que des journaux à grand tirage annoncent la découverte du gène de la schizophrénie ou de la timidité alors que les chercheurs n'avaient eux-mêmes qu'émis l'hypothèse d'un gène favorisant (et non impliquant nécessairement) tel ou tel comportement. Par ailleurs, plusieurs « découvertes » annoncées à grand renfort de publicité ont ensuite été réfutées, mais avec un écho bien moindre dans les médias. Ce fut par exemple le cas pour la schizophrénie, l'alcoolisme ou le trouble maniaco-dépressif. Une étude impliquant cinquante-six paires de jumeaux de diverses parties du monde, élevés séparément, a été lancée en 1979 par Thomas J. Bouchard et ses collègues du département de psychologie de l'université du Minnesota à Minneapolis. Elle aboutit à la conclusion qu'environ les deux tiers des variations sur divers aspects de la personnalité (tels que l'extraversion, l'attitude amicale, la curiosité intellectuelle, les émotions négatives) sont dues à des facteurs génétiques. Cependant, cette étude a dû subir le feu de diverses critiques, essentiellement de type méthodologique. [...]
Pour en savoir plus, nous vous invitons à venir consulter cet article dans son intégralité ainsi que les documents suivants : ouvrages de génétique comportementale, de Sociobiologie et de Psychobiologie
Quelques sites :
- Bibliographie de la conférence de Michel Vancassel : Le comportement social, inné ou acquis ?
- 3 questions à Pierre Roubertoux, CNRS : Existe-t-il des gènes du comportement ?
- www.proaidautisme.org : Des gènes au comportement, Introduction à la génétique comportementale
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