Question d'origine :
pouvez vous m'éclairer sur le personnage de marie madeleine ?
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 05/01/2006 à 13h50
Marie-Madeleine, pécheresse, sœur de Lazare, épouse de Jésus, figure de la pénitente, âme sœur de Jésus, 13ème apôtre, déesse femme, voire même mère de la descendance de Jésus, etc... est une figure mystérieuse qui se prête aux interprétations et aux fantasmes ( ? ) les plus variés…
« Présente dans les quatre Evangiles, Marie Madeleine est un personnage central : la Tradition l'identifie à la pécheresse que Jésus libère des sept démons ou à la femme qui vient chez Simon le pharisien oindre les pieds de Jésus de parfum et les essuyer de ses cheveux avant d'être pardonnée. Devenue son élève, elle est présente au pied de la Croix et découvre le tombeau vide de la Résurrection. Pour les théologiens, l'affaire n'est pas si simple : Marie Madeleine pourrait être l'incarnation de trois figures, la pécheresse, Marie de Béthanie soeur de Marthe et de Lazare et Marie de Magdala.
Au-delà des querelles théologiques sur l'identité de Marie Madeleine, on peut retenir surtout l'utilisation pédagogique de ce personnage par l'Eglise : dans les Quatre Evangiles, Marie Madeleine oint deux fois Jésus et reconnaît ainsi son caractère divin comme lui oindra ses disciples et fondera ainsi son Eglise : ainsi, elle annonce les actes fondamentaux et sacrés du christianisme avant même que Jésus ne les réalise. Elle lave ses pieds au repas de Simon comme le Christ lavera les pieds de ses disciples lors de la Cène. Elle renaît vierge à la Résurrection en témoignant de l'importance du parcours de fidélité au Seigneur (la circoncision du coeur opposée à la circoncision corporelle, comme acte de foi) comme ce dernier devient alors Christ, doté d'un nouveau corps avant l'Ascension (« noli me tangere » dit-il alors). Il y a un parallèle entre le parcours de Jésus et celui de Marie Madeleine … »
Source : Marie-Madeleine, une allégorie chrétienne (Académie d’Aix-Marseille, histoire-géographie)
On retrouve ces informations sur de nombreux sites catholiques comme celui de la Basilique de Vezelay, qui abrite les reliques de Marie-Madeleine, ou celui, encore plus prudent dans l’identification de Marie-Madeleine, de Catholique.org.
Marie-Madeleine, telle qu’elle est considérée par l’Eglise officielle est donc déjà une figure multiple et mystérieuse. La présentation qu’en fait Dan Brown dans le Da Vinci Code a remis au goût du jour des interprétations gnostiques, ésotériques ou féministes en les simplifiant de façon généralement contestée par les théologiens (voir par exemple Décoder Da Vinci Code, étude scientifique et théologique. 3. 3 Légendes sur Marie-Madeleine).
Marie-Madeleine superstar, article de L’Express, 20/12/2004, résume de façon humoristique les jeux et enjeux de cette « nouvelle mode » et ses origines anciennes :
« Au XIXe siècle, les amateurs de gnose et de sciences occultes croient savoir que si l'Eglise a brouillé le reflet de la Marie Madeleine des origines, également nommée «la 13e apôtre», c'est bien qu'elle avait quelque chose à cacher. Le Da Vinci Code a repris ce thème du complot, en exploitant habilement le regain actuel pour l'ésotérisme »
Pour avoir une idée de ces interprétations « non officielles », vous pouvez lire par exemple cette interview de Christian Doumergue (et son opinion sur la présence de Marie-Madeleine durant la Cène), qui, bien que ne provenant pas d’une autorité en la matière, a le mérite de rassembler à peu près tout ce qui se dit sur Marie-Madeleine dans et en dehors du discours catholique.
A voir aussi : Bible service, Note : Marie-Madeleine épouse de Jésus ?, où vous trouverez un résumé de l’ouvrage de R. Burnet, Marie-Madeleine, de la pécheresse repentie à l’épouse de Jésus, dont le titre montre qu’il énumère les différentes figures de Marie-Madeleine.
A lire en priorité, outre les Quatre Evangiles, parmi l’abondante littérature sur la question :
. L’Evangile de Marie : évangile copte du IIe siècle., texte source ici traduit et commenté par Jean-Yves Leloup.
. Marthe et Marie :
« Marthe s'affaire tandis que Marie a choisi d'écouter. Jean-Louis Chrétien fait l'inventaire des grandes interprétations de cette scène, de saint Augustin à Bérulle, en mettant en opposition le charnel et le spirituel. Guy Lafon conjoint la multiplicité. Et Etienne Jollet restitue le thème dans le cadre du concile de Trente et de la controverse de la justification par les oeuvres ou par la foi. »
. L’invention de Marie-Madeleine, de Pierre-Emmanuel Dauzat :
« L'ouvrage montre que le personnage de Marie-Madeleine est en fait la première grande construction intellectuelle des premiers siècles de la pensée chrétienne. Il tente de reconstituer l'élaboration de ce concept fait femme, en s'appuyant sur la littérature patristique elle-même, sur ses conséquences théologiques et sur ses résonances dans d'autres univers. »
. Le Monde de la Bible, n° 143, juin 2002, intitulé Les Visages de Marie-Madeleine, dont vous pouvez consulter le sommaire ici.
. « Tout est pur pour celui qui est pur », de Jean-Yves Leloup :
« Quelle fut la nature des relations entre Jésus de Nazareth et la grande figure féminine que la tradition chrétienne a nommée Marie-Madeleine ? Si " le Verbe s'est fait chair ", s'il faut prendre au sérieux le mystère de l'Incarnation, peut-on imaginer que le Christ se soit interdit tout amour charnel ? L'histoire, les Evangiles canoniques, les apocryphes et la théologie ont-ils quelque enseignement à nous livrer à ce sujet ? L'auteur d'Une femme innombrable, spécialiste de ces questions, aborde la relation " amoureuse " de Jésus et de Marie-Madeleine à la lumière de la parole de Paul : " Tout est pur pour celui qui est pur. " »
. Un amour infini : Marie-Madeleine, prostituée sacrée, de Jacqueline Kelen :
« Qui est cette mystérieuse Marie de Magdala, Marie-Madeleine, qui apparaît peu dans les Évangiles mais dont la tradition chrétienne a fait l'une des figures majeures parmi les proches de Jésus ? Une prostituée, une pécheresse repentie, ainsi a-t-on voulu lire officiellement les Écritures, tandis que les Gnostiques ont célébré en elle le modèle même de l'Initiée, interprétant son périple comme celui de l'âme prisonnière, éparpillée en ce monde de reflets et d'ombres. »
. pour un aperçu plus large, orienté vers la réhabilitation des femmes dans la vie de Jésus : Jésus et les femmes, de Françoise Gange
et enfin une interprétation « alchimique » :
Marie-Madeleine et le Grand Œuvre
Voir aussi Marie-Madeleine inspirant l’art ou la littérature.
Enfin, vous pouvez aller voir la dernière « apparition » à ce jour de Marie-Madeleine dans Mary, d’Abel Ferrara (article du Monde, 20/12/05).
« Noli me tangere » de Fra Angelico
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