Pluton
DIVERS
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Le 04/11/2005 à 10h41
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Question d'origine :
Je souhaiterait savoir si Pluton est considéré par une planète par la communauté scientifique car j'ai lu dans l'édition en ligne du Monde: "Contrairement à ce que l'on supposait jusqu'à ce jour, Pluton, que certains qualifient encore à tort de neuvième planète du système solaire , posséderait, outre Charon, deux autres lunes. "
Donc forcément je me demande si Pluton est une planète et si non , Pourquoi ?
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 05/11/2005 à 12h01
Le débat sur Pluton est loin d'être aussi tranché que cet article peut le laisser entendre, et de fait, officiellement, Pluton fait toujours partie des planètes du système solaire :
La détermination de ses paramètres physiques a longtemps été un problème pour les astronomes. Ce n'est qu'en 1979, grâce à des mesures interférométriques et photométriques que l'on a estimé son diamètre à 2274 km pour une masse équivalente au cinquième de celle de la Lune ou 1.27 x 1022 kg - 7 fois la masse de Charon -. Sa taille est donc de beaucoup inférieure à celle de Mercure et même inférieure aux satellites galiléens. En fait Pluton est seulement moitié plus gros que son principal satellite Charon et présente une masse 2000 fois inférieure à celle de la Terre ! Sa force de gravité est de 0.4 g pour une vitesse de libération à l'équateur réduite à 1.22 km/s. Pas étonnant dans ces conditions que plus d'un astronome se sont demandés s'il s'agit bien d'une planète, une question qui, encore récemment, suscita quelques débats suite à la découverte de Sedna et de Xéna, alias 2003 UB313.
Au sens strict, Pluton n'est pas une planète par nature, mais elle l'est devenue. Avant d'expliquer ce qu'est exactement Pluton (et Xéna, la dixième planète), revenons sur la définition d'une planète :
Curieusement, il n'existe pas de définition scientifique stricte de ce qu'est une planète car il est absolument nécessaire de tenir compte de la dimension culturelle attachée à "nos planètes", dont Pluton fait partie. La définition la plus communément acceptée (la plus vague aussi) est celle-ci : un ensemble d'objets solitaires partageant les mêmes propriétés. Elle s'oppose à la notion de population : un ensemble d'individus appartenant à la même espèce.Etant donné qu'il existe une distinction scientifique claire entre les individus solitaires et les membres des grandes populations, il n'est pas inutile d'inventer des mots pour décrire ces objets.
Nous pouvons décrire les grandes populations de petits corps en fonction de leur population (Ceinture d'astéroïdes, Ceinture de Kuiper, Nuage interne de Oort, Nuage de Oort) tout en sachant très bien qu'il peut y avoir ses sous-ensembles dans ces populations (comme il en a en biologie). Que faire des individus solitaires ? N'y a-t-il pas de meilleur mot pour les qualifier que celui de "planète" ?
Cependant, cette définition exclut Pluton :
De Mercure à Neptune, les planètes font partie des individus solitaires par définition. Pluton et Quaoar n'en font pas partie. Récemment, suite à la découverte des KBO, les planétologues se sont rendus compte que Pluton est de toute évidence membre de la population de la Ceinture de Kuiper car il présente les mêmes caractéristiques orbitales que Quaoar, 2004 DW ou Varuna par exemple qui sont légèrement plus petits.
Le problème avec Pluton, c'est qu'elle se situe à la frontière de cette définition : à la fois membre d'une population et individu isolé. Pluton faisait originellement partie d'une grande population : les KBO ou Objets de la Ceinture de Kuiper, ceinture de débris qui se serait formée après le Big Bang, un immense disque de débris glacés qui s'étend jusqu'à environ 500 U.A. à partir de l'orbite de Neptune. On ignore encore pour quelle raison Pluton (ainsi que Xéna, sur laquelle nous reviendrons plus loin) a quitté les KBO pour rejoindre le système solaire, et devenir la "neuvième planète". Il ne semble pourtant pas imaginable d'exclure Pluton du jour au lendemain de notre système solaire, car culturellement et historiquement, elle y a acquis sa place.
Voici la position et conclusion de Michael E. Brown, astronome du California Institute of Technology, à l'origine de la découvert de Xéna et auteur de la définition donnée plus haut :
Malgré des années de débat, le statut de Pluton n'est toujours pas tranché et tous les astronomes ne partagent pas l'idée de l'exclure du petit club fermé des planètes. Mais je dirais que débattre de son statut est un peu normal dans la mesure où physiquement sa taille et ses propriétés la situe à la limite entre deux classes, individu isolé et membre d'une population.
Cependant son statut de planète est bien ancré. Pluton est traitée comme une planète sur les sites officiels de la NASA pour ne citer que "The Nine planets", des trucs mnémoniques permettent de les retenir (notamment "Me Voici Toute Mignonne, Je Suis Une Nouvelle Planète Xéna), elles figurent toutes sur des timbres et tous les sites d'astronomie l'ont imposée comme planète à part entière. En fait, quand bien même les astronomes voudraient soustraire Pluton à son statut, ils constateraient que le mot "planète" ne leur appartient plus car il s'entoure d'un sens historique et culturel très complexe.
La découverte de Xéna en 2003 a relancé le débat :
Parmi ses particularités, Xéna gravite sur une orbite inclinée à 44.2° sur le plan de l'écliptique, deux fois supérieure à l'inclinaison moyenne des autres planètes. Son orbite très allongée la conduit entre 37.8 U.A. au périphélie et 97 U.A. à l'aphélie, bouclant son orbite en... 557 ans ! A cette distance, vous pouvez cacher l'image du Soleil en tenant une tête d'épingle à bout de bras (mais rassurez-vous, il ne faut pas beaucoup plus qu'un confetti pour le cacher sur Terre) ! Autre particularité, au plus près du Soleil Xéna traverse l'orbite de Pluton, comme en son temps Pluton traverse également celui de Neptune.
Selon le planétologue Michael Brown, la surface de Xéna est similaire à celle de Pluton. Elle est sombre et froide, dominée par de la glace de méthane. Qu'elle soit à 5.4 ou 14.5 milliards de km du Soleil, la température à sa surface ne dépasse jamais -243°C ! Si la vie a existé sur cette planète, elle n'a pas dû aller bien loin avant de geler !
Inférée à partir des mesures de sa brillance, on estime que Xéna présente un diamètre d'environ 2600 km, légèrement supérieur à celui de Pluton (2240 km).
Xéna est officiellement la dixième planète de notre système solaire, elle possède même sa propre lune : Gabrielle.
A gauche l'orbite de Xéna déterminée par la NASA. A droite la taille de Xéna comparée à celle d'autres astres. Documents NASA/JPL adaptés par Astrosurf.
Pour approfondir le sujet, nous vous conseillons de lire les excellents dossiers du site Luxorion sur Astrosurf dont nous avons extraits les informations ci-dessus :
Définition d'une planète
Pluton, le Dieu des enfers
Xéna, 2003 UB313 La 10eme planète
Et pour aller plus loin : le site Techno-Science
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