Question d'origine :
Je m'interroge sur les juifs : peut-on dire aujourd'hui qu'il s'agit d'une religion, d'un peuple, d'une nationalité, d'une ethnie, d'un clan, d'une race, d'une tribu, d'une famille ?
Certains de ces mots sont des synonymes…mais quelles sont leur définitions précises et donc leurs différences ?
Pour moi : être juif signifiait être de religion juive mais j’ai autour de moi des amis qui se disent juifs…et athées !!
Je cherche à comprendre ce qui fait le lien entre les juifs du monde entier alors que certains sont croyants et d’autre pas, alors que la plupart d’entre eux ne parlent pas la même langue et ont des nationalités différentes…
Merci pour votre réponse éclairée
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 04/06/2004 à 10h24
Voici pour commencer quelques définitions que vous pouvez trouver dans n’importe quel dictionnaire :
"1. Ensemble de croyances et de dogmes définissant le rapport de l'homme avec le sacré.
2. Ensemble de pratiques et de rites propres à chacune de ces croyances."
"1. Ensemble d'hommes habitant ou non sur un même territoire et constituant une communauté sociale ou culturelle. Les peuples amérindiens.
2. Ensemble d'hommes habitant sur un même territoire, régis par les mêmes lois et formant une nation. Le peuple français, américain, malien.
3. Ensemble des citoyens en tant qu'ils exercent des droits politiques. Un élu du peuple.
4. Le peuple : la masse, les gens de condition modeste ou anonymes, par opposition aux possédants, aux élites, aux franges en vue de la population."
"1. Appartenance juridique d'une personne à la population d'un État.
2. État, condition d'un peuple constitué en corps de nation ; cette nation elle-même.
3. Communauté d'individus unis par la langue, l'histoire, les traditions, l'aspiration à se constituer en État ou à se voir reconnaître des droits spécifiques."
"Société humaine réputée homogène, fondée sur la conviction de partager une même origine et sur une communauté effective de langue et, plus largement, de culture."
"1. Formation sociale écossaise ou irlandaise, regroupant un certain nombre de familles.
2. ANTHROPOLOGIE Unité sociale exogame, de filiation unilinéaire, se reconnaissant un ancêtre commun."
"1. Subdivision de l'espèce humaine en Jaunes, Noirs et Blancs selon le critère apparent de la couleur de la peau.
- Catégorie de classement biologique et de hiérarchisation des divers groupes humains, scientifiquement aberrante, dont l'emploi est au fondement des divers racismes et de leurs pratiques.
2. Subdivision d'une espèce animale. Races canines.
La diversité humaine a entraîné une classification raciale sur les critères les plus immédiatement apparents : leucodermes (Blancs), mélanodermes (Noirs), xanthodermes (Jaunes). Cette classification a prévalu, avec diverses tentatives de perfectionnement dues à l'influence des idées linnéennes, tout au long du XIXe s. Les progrès de la génétique conduisent aujourd'hui à rejeter toute tentative de classification raciale."
"1. Groupement de familles de même origine, vivant dans la même région ou se déplaçant ensemble, et ayant une même organisation sociale, les mêmes croyances religieuses et, le plus souvent, une langue commune.
2. ANTIQUITÉ
a. À Rome et à Athènes, division de la population constituant un cadre politique et militaire.
b. Les douze tribus d'Israël : les tribus issues, selon la tradition, des douze fils de Jacob."
"1. Ensemble formé par le père, la mère et les enfants. Chef de famille.
2. Les enfants d'un couple. Famille nombreuse. Fonder une famille.
3. Ensemble de personnes qui ont des liens de parenté par le sang ou par alliance. Recevoir la famille à dîner.
4. Groupe d'êtres ou de choses présentant des caractères communs. Famille politique, spirituelle."
in Petit Larousse 2004
Quant à votre interrogation sur ce qui fait l’identité juive, voici l’extrait de l’article « Identité juive » dans le Dictionnaire de civilisation juive :
"Le droit rabbinique classique considère comme juive toute personne née d’une mère juive ou convertie au judaïsme conformément à la procédure définie par la halakha. En vertu du principe de matrilinéarité, l’enfant né d’une mère juive et d’un père non juif est donc juif ; inversement, un enfant né d’un père juif et d’une mère non juive ne l’est pas et doit, s’il souhaite être reconnu comme Juif, se convertir. En 1982, le judaïsme réformé décidait cependant d’accorder également au père le privilège traditionnellement reconnu à la mère et de tenir pour juif, sans qu’il ait à se convertir, l’enfant dont le père seul est juif et qui a été élevé comme juif, ce que le judaïsme orthodoxe ne saurait admettre. Ce dernier conteste d’ailleurs également la légalité les conversions effectuées par les courants réformé et conservateur, si bien qu’il ne reconnaît pas la judéité d’une personne convertie par l’un de ces deux courants.
En règle générale, pour le judaïsme ( y compris orthodoxe ), ni la conviction religieuse ni la pratique religieuse ne sont indispensables à l’authentification de la judéité d’un individu. Non croyant, non observant, un « mauvais » Juif n’en demeure pas moins juif. Le débat se développe en fait d’abord sur le terrain légal. Tant que le Juif vivait rivé à sa communauté et soumis au contrôle social exercé par ses coreligionnaires, nul écart ne pouvait apparaître entre définition légale et contenu religieux : le Juif légal était aussi un Juif (plus ou moins) pratiquant. C’est à l’époque moderne que la sortie du ghetto, l’émancipation et le développement du nationalisme juif ont permis une dissociation des diverse composantes de la judéité et l’apparition d’identités juives où la dimension culturelle, politique ou nationale primait sur la dimension religieuse, voire s’affirmait contre elle. Les sociétés occidentales ont même vu se forger des identités juives apparemment privées de toute substance, où ne subsistait qu’un vague et en même temps indéracinable sentiment d’appartenance (c’est là ce que l’on a pu appeler le Juif « psychologique »). Et il existe aujourd’hui des gens qui, ne répondant à aucun des critères halakhiques ordinairement exigés et ne pratiquant pas le judaïsme, ne s’en réclament pas moins vigoureusement de lui.
La création de l’Etat d’Israël ne devait pas simplifier les choses. Œuvre de Juifs laïcs, Israël n’en est pas moins, en effet, un Etat juif, ou tout au moins un Etat des Juifs. Les tribunaux religieux (juifs, musulmans, etc.) y ont la haute main sur le statut personnel des individus : les Israéliens juifs dépendent ainsi, pour le mariage comme pour le divorce, des tribunaux rabbiniques. Par ailleurs, Israël a vocation a accueillir les Juifs du monde entier. En vertu de la loi du Retour (1950), tout Juif, peut y immigrer et y obtenir automatiquement la citoyenneté (à la différence des immigrants non juifs qui doivent passer par une procédure de naturalisation). Dans sa formulation première, cette loi ne précisait pas qui pouvait ou ne pouvait pas être tenu pour juif. Quelques procès retentissants et la pression des partis religieux ont porté un coup à cette souplesse initiale, et il ne suffit plus de se déclarer Juif pour être reconnu comme tel. Un Juif qui a manifestement rompu avec le peuple juif (en se convertissant à une autre religion) ne peut plus devenir automatiquement israélien. Et seules désormais les personnes nées de mère juive ou converties au judaïsme peuvent bénéficier de cette loi du Retour. Les partis religieux luttent encore pour que seules soient reconnues les conversions orthodoxes. Ces débats ont connu un regain d’acuité avec l’arrivée de l’Ethiopie de milliers de Falashas, reconnus comme Juifs mais auxquels, depuis 1985, le rabbinat israélien demande de procéder à semi conversion par une immersion rituelle, ainsi qu’avec la venue, depuis fin 1989, de centaines de milliers d’immigrés russes dont la judéité, au sens halakhique, ne pouvait toujours être clairement établie."
Vous pouvez vous reporter aussi au Dictionnaire encyclopédique du judaïsme à l’article "Juif (qui est juif ?)" et, pour aller plus loin, voici quelques références supplémentaires :
1. Qu'est-ce qu'être juif ? d’Eliezer Ben-Rafaël
2. L’Identité juive d’André Neher
"La seule définition généralement acceptée de l'appartenance au peuple juif est celle qui se fonde sur la Halakhah, le code traditionnel de la religion juive, selon lequel est juive toute personne née d'une mère juive ou convertie au judaïsme." (Encyclopedie Yahoo)
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