discours de Gorbatchev
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 15/10/2005 à 14h03
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Question d'origine :
je souhaiterais connaitre le contenu du discour de démission de gorbatchev, prononcé à la télévision le 25 décembre 1991 merci
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 17/10/2005 à 12h58
"Chers compatriotes, Compte tenu de la situation actuelle, avec la formation de la Communaute des Etats independants (CEI), je cesse mes activites en tant que president de l'URSS. Je prends cette decision pour des raisons de principe. Je me suis fermement prononce pour l'independance des nations et la souverainete des republiques. En meme temps, je suis favorable au maintien de l'Etat de l'Union, de l'integrite de ce pays. Les evenements ont pris un cours different. Une tendance au demembrement du pays et a la desintegration de l'Etat a prevalu, a laquelle je ne peux souscrire. Ma position n'a pas change apres la reunion d'Alma-Ata et ses decisions. En outre, je suis convaincu que des decisions d'une telle ampleur auraient du avoir lieu sur la base de la volonte populaire. Cependant, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour garantir que les accords qui ont ete signes conduisent a une veritable entente dans notre societe et facilitent la sortie de cette crise et le processus de reformes. Ceci etant ma derniere occasion de m'adresser a vous en tant que president de l'URSS, je juge necessaire de vous dire ce que je pense du chemin que nous avons parcouru depuis 1985. Je le juge important car il y a eu beaucoup de controverses, de jugements tendancieux et superficiels sur ce parcours. Le destin a voulu que, lorsque je me suis trouve a la tete de cet Etat, il fut deja clair que quelque chose allait mal dans le pays. Nous avions beaucoup de tout, terre, petrole, gaz et autres ressources naturelles, nous avions des talents en abondance. Pourtant, nous vivions beaucoup moins bien que les populations des pays industrialises et prenions de plus en plus de retard sur eux. La raison en etait evidente. Ce pays etouffait dans les mailles du systeme de commandement bureaucratique. Condamne a se nourrir d'ideologie, a souffrir et a porter le fardeau couteux de la course aux armements, il touchait a son point de rupture. Toutes les reformes timides _ et il y en a eu beaucoup _ ont avorte, les unes apres les autres. Ce pays n'allait nulle part et nous ne pouvions pas vivre de cette facon. Il fallait changer les choses radicalement. C'est pour cette raison que je n'ai jamais eu de regrets _ jamais eu de regrets _ de ne pas avoir use de mon pouvoir de secretaire general pour me contenter de regner sur ce pays pendant plusieurs annees. J'aurais juge cette decision irresponsable et immorale. J'etais aussi conscient du fait que se lancer dans des reformes de cette ampleur, dans une societe comme la notre, etait une entreprise extremement difficile et meme risquee. Mais meme aujourd'hui, je suis convaincu que les reformes democratiques engagees au printemps 1985 etaient historiquement justes. Renover ce pays et apporter des changements considerables a la communaute internationale s'est avere un processus beaucoup plus complique que quiconque l'imaginerait. Pourtant, rendons hommage a ce qui a ete fait jusqu'ici. Cette societe a acquis la liberte. Elle a ete liberee politiquement et spirituellement, c'est la realisation la plus importante a laquelle nous nous soyons atteles. Et nous ne l'avons pas achevee, car nous n'avons pas encore appris l'usage de la liberte. Cependant, un effort d'une importance historique a ete entrepris. Le systeme totalitaire a ete elimine, qui empechait ce pays de devenir un pays prospere et riche depuis longtemps. Une percee a ete operee sur la voie du changement democratique. Les elections libres sont devenues realite. Une presse libre, la liberte de culte, des corps legislatifs representatifs et un systeme multipartite sont devenus realites. Les droits de l'homme ont ete traites en principe supreme, comme une priorite numero un. Le mouvement vers une economie a plusieurs niveaux a ete enclenche et l'egalite entre toutes les formes de propriete a pu etre etablie. Dans le cadre de la reforme agraire, la paysannerie a commence a resurgir en tant que classe. Et des agriculteurs sont arrives, des milliards d'hectares de terre ont ete distribues aussi bien aux citadins qu'aux habitants des zones rurales. La liberte economique du producteur a ete legalisee, la libre entreprise, l'emergence de societes mixtes et la privatisation gagnent du terrain. Alors que l'economie s'achemine vers un systeme de marche, il est important de rappeler que l'intention de cette reforme est le bien-etre de l'homme. En cette periode difficile, tout doit etre fait pour assurer la securite sociale, en particulier aux personnes agees et aux enfants. Nous vivons aujourd'hui dans un monde nouveau. Il a ete mis fin a la guerre froide et a la course aux armements, ainsi qu'a la militarisation demente de ce pays, qui a handicape notre economie, les attitudes publiques et morales. La menace nucleaire a ete supprimee. Une fois de plus, je voudrais insister sur le fait que, pendant cette periode de transition, j'ai fait tout ce qui devait etre fait pour garantir l'existence d'un controle fiable des armes nucleaires. Nous nous sommes ouverts au reste du monde, nous avons abandonne les pratiques d'ingerence dans les affaires interieures d'autres pays et l'usage de troupes en dehors de ce pays, nous avons recu en retour la confiance, la solidarite et le respect. Nous sommes devenus l'une des cles de la restructuration de la civilisation moderne sur une base democratique et pacifique. Les peuples et nations de ce pays ont acquis le droit de choisir librement leur systeme d'autodetermination. Leur quete de reformes democratiques au sein de cet Etat multinational nous avait conduits au point ou nous allions signer un nouveau traite de l'Union. Tous ces changements ont reclame beaucoup d'efforts. Ils ont pris place dans un contexte de lutte farouche contre la resistance croissante des forces reactionnaires, des structures du parti et de l'Etat, de l'elite economique, et contre nos habitudes, nos prejuges ideologiques et les comportements parasitaires. Ce changement s'est heurte a notre intolerance, a un faible niveau de culture politique et a la peur du changement. C'est pourquoi nous avons perdu tant de temps. Le vieux systeme s'est effondre avant meme que le nouveau systeme commence a fonctionner. La crise de la societe s'est de ce fait encore aggravee. Je suis conscient du mecontentement populaire qui resulte de la grave situation actuelle. Je remarque que l'autorite a tous les niveaux, et moi-meme, faisons l'objet de vives critiques. J'aimerais cependant insister une fois de plus sur le fait que ce changement capital dans un pays aussi vaste, pourvu d'un tel heritage, n'aurait pu s'effectuer sans difficultes, sans heurts, sans douleur. Le coup de force du mois d'aout a porte cette crise a son point de rupture. L'aspect le plus inquietant de cette crise a ete l'effondrement de l'Etat. Et aujourd'hui, je suis preoccupe par le fait que notre peuple perde la citoyennete d'un grand pays. Les consequences pourraient en etre tres graves pour nous tous. Il me semble d'une importance vitale de preserver les gains democratiques de ces cinq dernieres annees. Nous avons paye de toute notre histoire et de notre tragique experience ces realisations democratiques et elles ne seront pas abandonnees, quelles que soient les circonstances, quels que soient les pretextes. Sinon, tous nos espoirs en un avenir meilleur seront enterres. Je le dis honnetement et sans egards. C'est mon devoir moral. Je voudrais exprimer ma gratitude a toutes les personnes qui ont donne leur soutien a la politique de renovation de ce pays et se sont engagees dans les reformes democratiques de ce pays. Je remercie egalement les chefs d'Etat, les hommes politiques et les personnalites ainsi que les millions de gens du peuple qui, a l'etranger, ont compris nos intentions, nous ont soutenus et nous ont rencontres en chemin. Je les remercie de leur cooperation sincere. Je suis tres preoccupe en quittant ce poste. Cependant, j'ai aussi des sentiments d'espoir, de foi en vous, en votre sagesse et en votre force spirituelle. Nous sommes les heritiers d'une grande civilisation et il depend maintenant de tous que cette civilisation revienne a un mode de vie neuf et decent. J'aimerais, du fond du coeur, remercier tous ceux qui se sont ranges a mes cotes pendant ces annees, en travaillant pour une cause juste et bonne. Bien sur, des erreurs ont ete commises qui auraient pu etre evitees, et beaucoup de choses que nous avons faites auraient pu etre mieux faites. Mais je suis sur que, tot ou tard, nos efforts communs porteront leurs fruits et que nos nations vivront dans une societe prospere et democratique. Je vous adresse a tous mes meilleurs voeux
source : La Presse canadienne (sur LexisNexis)
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