Question d'origine :
Bonjour.
D'où vient l'usage d'attribuer aux filles la couleur rose et aux garçons le bleu ?
Cordialement.
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 15/10/2005 à 12h20
Dans l'ouvrage intitulé Dictionnaire des couleurs de notre temps l'auteur propose quelques explications :
Répondre à cette question n'est pas facile. Historiquement on peut observer que cette pratique est en France déjà attestée à la fin du XIXe siècle et qu'elle est encore courante aujourd'hui, même si elle n'a plus le caractère systématique qu'elle avait dans la première moitié de notre siècle. Géographiquement, on peut souligner qu'elle concerne une large partie de l'Europe et des pays relevant de la civilisation occidentale, notamment les États-Unis. En revanche, elle est inconnue des autres cultures. Mais en Europe même, la palette semble devoir être nuancée : les pays du Nord et du Nord-Ouest paraissent plus concernés par cette coutume que ceux de l'Europe orientale ou méditerranéenne. En outre, il y a parfois des variantes (rouge au lieu de rosé dans certaines provinces d'Espagne et d'Italie), parfois des inversions (en Belgique, par exemple, ce peuvent être les garçons qui sont vêtus de rosé et les filles de bleu !). Enfin, socialement, il faut souligner combien une telle habitude est longtemps restée une pratique bourgeoise, avant de se diffuser vers le bas de l'échelle sociale.
Aujourd'hui, elle concerne surtout la petite bourgeoisie et les classes défavorisées (mais en général de tradition chrétienne), même si une certaine aristocratie conservatrice lui est restée fidèle. Dans les milieux aisés et dans ceux qui occupent le devant de la scène socio-culturelle, on préfère désormais proclamer que l'on n'est plus esclave de telles modes — ce qui est le meilleur moyen de montrer que l'on en dépend encore totalement — et habiller les nourrissons de couleurs plus vives (jaune, rouge), plus sombres (vert foncé, bleu marine), voire nettement provocantes (violet, noir).
Entre le désir d'être original, la bêtise et le mauvais goût, la frontière chromatique n'est pas toujours très nette.
Des motifs religieux ont parfois été avancés pour expliquer cet usage vestimentaire du bleu et du rosé : on aurait donné aux nouveaux-nés les couleurs de la Vierge, afin que celle-ci les protège pendant la période difficile et dangereuse de la petite enfance. Pareille affirmation ne résiste guère à l'analyse. Si le bleu est bien la couleur de Marie (depuis le XIIe siècle au moins), le rosé ne l'est pas et ne l'a jamais été. C'est le blanc qui constitue la seconde couleur de la Vierge, depuis l'adoption du dogme de l'Immaculée Conception (1854). En outre, s'il est vrai que c'est parmi les familles chrétiennes que cet usage du bleu et du rosé a été le plus volontiers pratiqué, il semble avoir été plus précocement et plus largement répandu dans les pays protestants que dans les pays catholiques. Il paraît donc difficile d'y chercher une pratique liée au culte mariai.
Pour ma part, je serais tenté de voir dans le couple bleu/rosé une déclinaison du couple bleu/rouge. Le bleu des nouveaux-nés est en effet presque toujours un bleu ciel très pâle ; son intensité et sa saturation sont proches de celles du rosé. Tous deux représentent des couleurs pastel, des couleurs hygiéniques, des blancs légèrement colorés. Il y a d'abord une idée de pureté et d'innocence dans le choix de ces deux couleurs. Il y a ensuite — mais ensuite seulement — une distribution qui reprend
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