Illettrisme en France
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 05/10/2005 à 12h39
464 vues
Question d'origine :
Bonjour,
Je m'interroge sur la démocratisation de la lecture en France et je pense qu'il y a un lien avec le taux d'alphabétisation des français. Existe-t-il des documents pour connaître le taux de personnes qui savaient lire après la guerre 14-18 et le taux de ces mêmes personnes aux alentour des années cinquante ?
Merci !!
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 06/10/2005 à 12h14
Vous confondez illettrisme et analphabétisme. Si la définition de l'analphabétisme est claire, celle de "savoir lire" l'est bien moins : on peut "savoir lire", ou du moins déchiffrer, sans comprendre, notion intégrée dans l'approche de l'illettrisme. D'après la définition officielle, sont illettrées « les personnes qui ne peuvent comprendre, seules, une information disponible seulement sous une forme écrite, après avoir été scolarisées au moins cinq années ». L'analphabétisme recouvre une autre réalité : celle d'une personne qui ne connaît pas les lettres de l'alphabet et ne sait ni lire ni écrire. Une personne illettrée a reçu l'enseignement de la lecture et de l'écriture, à l'inverse de la personne analphabète : Pour certains illettrés, lire s’apparente à un exercice de devinette, appuyé sur quelques indices limités : on reconnaît un mot et on brode une histoire autour. Pour d’autres, cela consiste à un pénible exercice de déchiffrage, comme si c’était le seul objectif de la lecture.
La scolarisation étant obligatoire en France depuis 1882, il n'existe pas d'analphabètes en France. Quant à l'illettrisme, sa définition rend son approche statistique délicate, l'estimation actuelle tourne autour de trois millions de personnes illettrées en France :
Les nombreuses polémiques sur les chiffres ne reflètent-elles pas la physionomie de ce monde de l’illettrisme, cloisonné entre spécialités ? Car ni le linguiste, ni le sociologue, ni le psychologue, ni le formateur, ni le statisticien ne devrait prétendre pouvoir aborder seul un recensement des illettrés. En effet, que conclure des résultats d’un test qui ne serait pas distribué à un échantillon représentatif de la population, par exemple en se limitant à des territoires où l’on soupçonne plus qu’ailleurs qu’il y a des illettrés en nombre ? Que faire d’un chiffre qui dresserait une cloison étanche entre illettrés et lettrés, sans dire quelles aptitudes font défaut et quelles autres peuvent servir de base à une remédiation ? Comment organiser les moyens autour de chiffres qui ne tiendraient pas compte du degré de gêne induite par l’illettrisme dans la vie sociale ou professionnelle ? Comment coordonner les actions autour de chiffres qui ne pourraient être rattachés à aucune définition partagée ? Et pourtant, tels sont les chiffres dont on dispose dans la plupart des cas aujourd’hui. Certains mêmes n’ont pu être publiés et ont donné lieu à d’intenses polémiques.
De fait, la première approche de ce phénomène en France date de 1984 :
Un beau matin de janvier 1984, la France se réveille dans la stupéfaction : les radios et les journaux du matin apprennent à ses habitants qu’aujourd’hui, dans leur pays, il y a encore des illettrés. Nouvelle stupéfiante en effet ! Après un siècle de scolarité obligatoire pour tous, comment était-ce possible ? C’est que la presse se faisait l’écho de la publication d’un rapport au Premier Ministre,
Sources et autres pistes de recherche :
Lutter contre l'illettrisme : rapport à Mme la ministre de l'emploi et de la solidarité et à Mme la secrétaire d'Etat aux droits des femmes et à la formation professionnelle, La Documentation Française, 2002.
L’illettrisme en France, Jean Vogler, BBF, 1998, n° 5, p. 13-16 (voir aussi l'intégralité du dossier sur Lecture et illettrisme).
Bibliographie sur l'illettrisme en France, extraite du rapport Illettrisme et exclusion, Alain BENTOLILA et Jean-Philippe RIVIERE - Université de Paris V - Mai 2001.
DANS NOS COLLECTIONS :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter