precisions sur les photographies de la gestapo
CIVILISATION
+ DE 2 ANS
Le 24/09/2005 à 12h33
210 vues
Question d'origine :
Bonjour, j'aimerais savoir pourquoi sous le IIIème Reich la gestapo et les autres services administratifs nazis ne voulaient pour leurs fichiers que des photos d'identité montrant l'oreille gauche des individus.Merci d'avance pour votre réponse.
Cordialement
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 24/09/2005 à 17h08
Pouvez-vous nous préciser quelles sont les sources qui vous permettent d'affirmer cela ?
Merci de rédiger une nouvelle question.
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 25/09/2005 à 17h30
Bonjour, je suis une passionnée de la seconde guerre mondiale et j'ai remarqué ainsi que lu dans de nombreux temoignages(ex"la femme de l'officier nazi") que les photographies qui illustraient les fiches d'identités de la gestapo ainsi que des autres administrations devaient présenter le profil gauche afin de montrer l'oreille gauche.
Merci d'avance pour votre réponse en esperant d'avoir été precise.
Cordialement
Merci d'avance pour votre réponse en esperant d'avoir été precise.
Cordialement
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 29/09/2005 à 09h54
En matière de criminologie, Antoine Bertillon, notoirement antisémite (voir son rôle dans l’affaire Dreyfus sur le site indiqué ci-après) est l’un des pionniers de l’anthropométrie.
Le système élaboré par Bertillon combine plusieurs techniques. L'anthropométrie est basée sur la mensuration de certaines parties du corps humain, la valeur et la précision de cet ensemble de mesures devant conférer à chaque individu une identité invariable et facilement démontrable.
La photographie permet de produire instantanément et de fixer durablement l'image d'un délinquant. Elle devient "judiciaire" car les procédures de prises de vue sont désormais codifiées : un dispositif fixe assure l'uniformité de la pose, de l'éclairage et de l'échelle de réduction, l'usage du portrait de profil est rendu impératif (Bertillon considère que la figuration latérale est la seule à donner "la plus exacte coupe anatomique de l'individualité") et un nouveau rétrécissement du cadrage est opéré…
Il faut également souligner que les procédés du bertillonnage ne sont qu'une traduction, parmi d'autres, de toutes les entreprises de cette fin de siècle dont l'objet est de connaître et de traquer la fraction dégénérée du corps social….
"l'oreille, grâce à ces multiples vallons et collines qui la sillonent, est le facteur le plus important au point de vue de l'identification. Immuable dans sa forme depuis la naissance, réfractaire aux influences de milieu et d'éducation, cet organe reste, durant la vie entière, comme le legs intangible de l'hérédité et de la vie intra-utérine."(BERTILLON A., La photographie judiciaire , Paris, Gauthier-Villars, 1890.)
Comme en écho, à quelques années de distance, Locard ajoutera ceci :
"Un policier qui sait son état ne perd pas son temps à dévisager l'homme à reconnaître : il regarde son oreille gauche. En une seconde il est fixé. J'ai connu un criminel de marque qui n'avait plus d'oreille gauche. Il ne s'en était pas défait sans raison"(LOCARD E., ibid , 1919)
Histoire de la criminologie
Citons encore :
L’Europe conquise par la culture raciale
Science et race :
Biologie, génétique et anthropologie sont des sciences qui connaissent au XIXe siècle, un fort développement et un prestige grandissant. L’anthropologie évolue vers l’étude physiologique de la diversité des races, appuyée par l’essor de la craniologie : la science est obsédée par l’établissement de la compréhension des différences et des hiérarchies. La découverte des secrets de l’hérédité (Mendel) appuie encore les interprétations naturalistes des différences entre les hommes….
(Cf. La société française face au racisme)
Dans l' Histoire de la carte nationale d’identité de Pierre Piazza, vous trouverez un exposé des principales thèses de Bertillon :
…Toutefois, l’apport d’Alphonse Bertillon dans ce domaine ne se limite pas à son seul désir de voir figurer la photographie sur certains titres. En effet, les règles du protocole photographique qu’il instaure à la préfecture de police de Paris contribuent à homogénéiser les modes de réalisation du cliché du visage et à l’ériger en une modalité policière prédominante l’aidant à révéler l’unicité de chacun…Pour Bertillon, la photographie du visage résume l’individu dans sa totalité en fixant les détails les plus intimes qui établissent sa spécificité intrinsèque. Elle constitue un mode de preuve supplémentaire et un complément indispensable aux mensurations anthropométriques qui ne sont qu’un moyen négatif d’identification permettant de distinguer des sujets non identiques. La photographie de profil, ajoutée à celle prise de face, enregistre une multitude de particularités précieuses, notamment celle de l’oreille droite.(148)
148 : Alphonse Bertillon considère l’oreille à partir de 16 points de vue différents car selon lui : « Il est presque impossible de renconter deux oreilles qui soient identiques dans leurs parties et les variations de conformation si nombreuses que comporte cet organe paraissent subsister sans modification depuis la naissance jusqu'à la mort" Alphonse Bertillon, Identification anthropométrique, instructions signalétiques, Melun, Imprimerie administrative, 1893, p. 95.
Si votre allégation quant aux dossiers de la gestapo est juste, nous n’avons malheureusement pas trouvé de documentation pour la corroborer.
Nous ne pouvons que vous conseiller de prendre contact avec le CHRD (Centre d’histoire de la résistance et de la déportation 14 avenue Berthelot, 69007 Lyon, tél. 04-78-72 23-11), qui conserve une très importante quantité de documents relatifs à la seconde guerre mondiale.
DANS NOS COLLECTIONS :
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