Question d'origine :
Nous avons un exposé à faire dans le cadre d'un cours sur l'histoire des idées. Le sujet : les apports du christianisme dans la civilisation occidentale .
Nous ne savons pas trop par quel bout commencer, et avons bien du mal à trouver ne serait-ce que quelques ouvrages qui aborderaient un coin du sujet... Si vous aviez quelques pistes...
merci d'avance.
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 17/09/2005 à 12h20
Voici quelques pistes de réflexion et quelques ouvrages utiles :
Le christianisme désigne ainsi la doctrine et le mouvement qui se réclame de Jésus-Christ. Religion fondée sur une personne et un évènement, il se donne pour indépassable : Dieu a pris la nature humaine pour se révéler définitivement et pour racheter l’humanité. La promesse du peuple élu désormais est accomplie de façon universelle.
Cette universalité de droit coïncide rapidement avec une quasi-universalité de fait. Dès 61, les chrétiens sont présents à Rome. Après les persécutions impériales, toutes les régions du monde romain s’ouvrent ; le monde barbare est bientôt marqué par le christianisme qui s’étend à tout l’Occident. Dès le Moyen Age, il est présent chez les Slaves ; malgré le recul qu’impose l’Islam, il envoie des missions vers l’Asie au XVI° siècle, les Amériques au XVII° et l’Afrique au XIX°.
L’influence du christianisme dans l’histoire des idées est considérable par la nouveauté de sa doctrine et par l’ampleur de son expansion.
Dictionnaire de culture générale
Reprenons les questionnements notés dans l’avant-propos d’un livre dont la lecture vous sera essentielle pour votre travail : Les apports du judaïsme, du christianisme et de l’Islam à la pensée occidentale .
Y a-t-il toujours « apport » et comment sont perçus ces apports : sont-ils positifs ou négatifs ? Comment ne pas se préoccuper de la réception des monothéismes en Occident alors que l’actualité se fait fort chaque jour de nous solliciter ? Faut-il développer ou omettre la dimension diachronique dans l’étude du judaïsme ? Faut-il éviter d’évoquer la déchristianisation à l’époque contemporaine ? Devons-nous être impressionnés par le nombre dont se réclament les musulmans : ils « sont plus d’un milliard ?
(…)
« L’aspect dialogique du titre [les apports du judaïsme, du christianisme et de l’Islam à la pensée occidentale] doit être souligné tout autant que la problématique qu’elle sous-tend.
En effet, la finalité des religions monothéistes se trouve en elle-même, elles ne songent nullement à apporter (faire des apports) à une pensée quelconque. Les une et les autres se préoccupent de leurs messages universels.
Pourtant, les religions sont bel et bien confrontées aux échanges indispensables des civilisations que nécessairement elles fréquentent.
Elles apportent donc, au-delà de leurs dogmes, des signes et des éthiques, des idées philosophiques qu’il s’agit de dénombrer et de clarifier pour mieux comprendre ce qu’est dans sa spécificité la pensée occidentale.
C’est là qu’intervient le caractère dialogique que nous soulignions : la pensée occidentale a sans doute apporté elle aussi aux trois religions si bien que des modifications ont été, sont et seront à la source de multiples évolutions.
Cet aspect dialogique étant préservé, il reste que la pensée occidentale est tout de même un point essentiel qu’il convient d’étudier ; la tentation des monothéismes (le retour du sacré n’en est-il pas la preuve ?) est une des tentations de l’Occident . Ce n’est pas la seule.
Bien entendu, les apports ne sont pas tous et uniquement positifs et l’Occident a connu les guerres de religion (guerres saintes et croisades), les exclusions religieuses, les hérésies et les procès. L’absolutisme religieux et la confusion entre le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel ont été aussi destructifs que les querelles des Indulgences et les autodafés.
Mais pour lors notre ouvrage, tout entier tourné vers l’esprit du programme veut étudier les apports, c'est-à-dire les éléments qui ont servi à cette synthèse qu’il est convenu d’appeler « la pensée occidentale »
La deuxième partie de cet ouvrage est consacrée aux apports du christianisme : une conception verticale du temps ; le mystère de la personne et ses implications ; les apports à la science, à l’art et au monde politique et socio-économique.
Jacqueline Russ dans L’aventure de la pensée européenne, une histoire des idées occidentales rappelle aussi que
Nous sommes les héritiers de deux conceptions de l’univers, engendrées toutes deux entre l’Euphrate et le Nil, il y a bien des millénaires….
Vous trouverez le développement de cette idée p 8 à 12 de son livre.
Le chapitre 3 est consacré à « la révolution chrétienne ».
Pourquoi parler ici de révolution ? Parce que le christianisme a modifié radicalement notre conception du monde. Au naturalisme gréco-latin, à ce paganisme lié à l’affirmation de dieux multiples et nés du monde succède une autre vision. Le message évangélique fait surgir un tout autre ordre, il transforme radicalement la conception antérieure de la divinité : un dieu unique, parfait, transcendant, infini, créateur, se substitue au cosmos peuplé de dieux de l’Antiquité gréco-latine. Création, révélation, transcendance divine, résurrection, idée d’histoire orientée et linéaire, autant de catégories inédites qui vont transformer la vision du monde et la pensée.
Continuité et rupture - mort et résurrection - un dieu personnel et créateur - l’idée d’histoire, l’idée d’humanité - l’homme , maître d’une nature profane - de nouvelles donnes….autant de thèmes abordés dans ce chapitre.
La lecture du hors série du Nouvel Observateur 2000 ans après …Que reste-t-il du christianisme : les 15 dates qui ébranlèrent le monde pourrait aussi vous être utile ainsi que celle deLa culture occidentale dans ses racines religieuses.
Enfin, une fois ce travail réalisé, pourquoi ne pas découvrir un point de vue critique très tranché sur la question avec par exemple le dernier livre d’Onfray Traité d’athéologie?
Les trois monothéismes, animés par une même pulsion de mort généalogique, partagent une série de mépris identiques : haine de la raison et de l’intelligence ; haine de la liberté ; haine de tous les livres au nom d’un seul ; haine de la vie ; haine de la sexualité des femmes et du plaisir ; haine du féminin ; haine des corps, des désirs des pulsions. En lieu et place de tout cela, judaïsme, christianisme et islam défendent : la foi et la croyance, l’obéissance et la soumission, le goût de la mort et la passion de l’au-delà, l’ange asexué et la chasteté, la virginité et la fidélité monogamique, l’épouse et la mère, l’âme et l’esprit. Autant dire la vie crucifiée et le néant célébré…
A vous de jouer maintenant et bon courage…
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